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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 31 mai 2022, jour de communication...

Denis Vallier
(Photo au crédit de Bruno Birkhofer)

(Photo au crédit de Bruno Birkhofer)

Il y a tant à dire… c’est terrible ! On naît sans avoir rien demandé, on fait quelques rêves de gosse, on travaille toute sa vie en oubliant de vivre, on meurt subrepticement après quelques souffrances… mais on tient à ce que ça se sache, alors on l’écrit ici sur Facebook. Cela a toujours été, il fallait juste un peu plus de temps auparavant : il y a eu le coureur de Marathon, les estafettes, les pigeons voyageurs, les sémaphores, les cartes postales mais depuis peu, nous vivons une époque formidable où il est devenu banal de contacter instantanément un proche même s’il se trouve à l’autre bout du monde. La performance est récente… de toute façon, d’une manière ou d’une autre, nous nous sommes toujours débrouillés pour communiquer… en 1858, le premier câble télégraphique transatlantique était constitué de 548 000 km de fils de cuivre et d’acier déroulés sur 4600 km de fonds marins ce qui n’était pas un mince exploit technologique pour l’époque. Une fois le câble en place, des impulsions électriques et un code (- le morse) permettaient d’envoyer un message instantanément à une distance invraisemblable et c’était tout simplement prodigieux. Le besoin de partager nos informations, nos idées ou nos émotions est ancré au fond de nous tout comme le désir d’être entendu. Cela participe à satisfaire l’illusion de notre désir de puissance et fait partie de notre besoin de communauté. C’est pour cette raison que nous émettons en permanence des signaux  et que nous en cherchons chez nos semblables comme chez nos différents. Ces signaux font l’objet d’une science, la sémiologie qui les étudie.

Chacun de nous a une expression plus ou moins limitée mais peu importe : la véritable expression ne peut que participer à notre propre légende écrite avec nos propres mots et il y a là de quoi occuper nos loisirs... Peu importe la qualité de cette expression tant qu’elle est authentique, ce sera toujours mieux que d’utiliser les mots des autres comme des perroquets… Comme nous émettons, nous passons aussi une bonne partie de notre vie à guetter des messages en retour de l’autre bout du câble, à espérer une connexion. Ne pas recevoir de message ne signifie pas forcément que rien n’a été émis : il se peut très bien que nous n’ayons pas été suffisamment attentifs et pour cela, il nous faut aussi apprendre à faire silence.

Dans cette histoire, même si la technologie ne cesse de progresser, on aura beau multiplier les inventions, aucune ne sera aussi efficace pour communiquer véritablement que le son de la voix humaine : demandez aux sourds ce qu’ils en pensent… Rien ne vaut une rencontre où l’on se parle de bouche à oreilles. Lorsqu’une voix humaine nous parvient, nous tendons instinctivement l’oreille pour la comprendre même si la personne ne trouve pas ses mots ou ne parle pas notre langue, même quand il ne s’agit que de cris, de chants, de rires ou de pleurs. Cela donne sens à l’autre et rien ne serait plus frustrant que de n’en retirer aucune signification. C’est parce que la voix humaine résonne de façon absolument unique à nos oreilles tout comme le chant d’un oiseau n’a de sens que pour ses congénères. Vous aurez beau constituer un orchestre de mille musiciens, vous parviendrez toujours à distinguer la voix d’un seul chanteur au milieu de tous ces instruments dont les décibels se confondront. En ces temps de repli sur soi où chacun s’enferme dans sa bulle technologique, ô combien devient précieux le son de notre voix… rencontrons-nous, murmurons à l’oreille proche, écoutons notre voisine, déclamons haut et fort sur notre balcon, chantons juste ou faux mais chantons ! L’important est que ça sorte et que ce soit entendu…

(Photo : Bruno Birkhofer)

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