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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 7 mai 2022 jour à peine tolérant...

Denis Vallier
Page du 7 mai 2022 jour à peine tolérant...

Nous ne disposons jamais de toutes les informations : c’est le privilège des plus puissants et encore… Par exemple, la nuit la plus noire devrait être blanche de milliards de galaxies lointaines si nos pauvres yeux pouvaient les voir… Mais on voit bien qu’il y a le feu ! Une guerre sordide patauge dans le bourbier ukrainien (- ce nouveau Viêt-Nam à la sauce européenne et à la donne inversée). Elle traumatise le reste du monde : elle est inacceptable !... C’est intolérable ! Mais qu’il y a-t-il derrière cette folie ? À qui profite le crime ? Qui tire les marrons du feu en vendant son pétrole, son gaz et ses armes ? Nous étions obnubilés par nos soucis, nous cherchions la petite bête et des virus pendant que Poutine préparait son coup de longue date avant de lancer son "opération spéciale" sans que l’on n’y prête attention, Pourtant, tout était là sous nos yeux…  son problème, c’est qu’il a échoué dans sa tentative d’assassinat d’un Volodymyr Zelensky bien renseigné et cela complique sa tâche… Dites-moi, quand deux minables se retrouvent en guerre, n’est-ce pas une guerre interminable ?

À quoi sert-il de déblatérer avec un chameau ? Qui peut bien finir par avoir raison, dans une discussion entre deux amnésiques ? À chacun sa vérité dirons-nous… mais rappelez-moi… c'est quoi la vérité ? Sont-ce les Idées ? Le Premier Moteur ? Le noumène ? La monade ? La substance ? Le cogito ? Autant de têtes de philosophes, autant de concepts. Autant de concepts différents, autant de philosophes. Où est la vérité dans ce fatras d'idées ? À chacun son opinion donc… mais il est courant de voir des propagateurs de la xénophobie accuser les autres d’intolérance ou des fascistes accuser les autres de nazisme. Y a-t-il dans le lot des opinions intolérables ? Je suis devant un dilemme. En déclarant qu’il y a de l’intolérable, est-ce que je ne suis pas moi-même intolérant ? Ne serais-je pas atteint par "... cette sombre superstition qui porte les âmes faibles à imputer des crimes à quiconque ne pense pas comme elles." ? (- selon Voltaire, Traité sur la tolérance)

Devant les calculs de Poutine ou le cynisme américain, me faut-il être tolérant ou intolérant ? Elle est effectivement bien gentille la tolérance… si nous laissons toutes les opinions s’exprimer, celles qui défendent la mise en œuvre d’une société intolérante ne risquent-elles pas de l’emporter ? Ainsi, la tolérance est toujours paradoxale… Du coup, la tolérance est-elle tolérable ? La perfection n’est certes pas de ce monde mais cela n’empêche pas d’essayer de s’en rapprocher avec un minimum de tolérance : en mécanique la tolérance est le jeu admis dans un assemblage, par exemple entre une vis et un écrou. Si cette tolérance n'est pas respectée, les deux éléments ne peuvent pas s'imbriquer harmonieusement et sont donc ineffectifs. En règle plus générale la tolérance est le jeu au plus juste entre l'acceptable et l'inacceptable. Si l’on joue au savant, le mot latin "tolerar" veut dire supporter. Il revient donc à chacun de définir son seuil de tolérance, c’est-à-dire ce qu'il peut supporter et ce qu'il ne peut pas supporter. À moins d’avoir une vocation de martyr, il est impossible d’être absolument tolérant dans le sens d'une tolérance inconditionnelle : cela impliquerait un laisser faire absurde allant même jusqu'à accepter de subir sans réagir les pires atrocités. Ce que la morale pourrait gagner, l’éthique le perdrait. Au motif que "toutes les opinions sont acceptables", faut-il se polluer soi-même ou se laisser polluer par ce qui relève, par exemple, de la psychiatrie comme la haine rationalisée contre un groupe humain quelconque ou de toute autre psychose idéologique de base ? "Toutes" vaut-il pour n'importe quoi ?... La vigilance s’impose dans le vacarme des pantoufles… À partir d’un certain seuil, les plus cools d’entre nous ont le devoir de se lever avec intransigeance face à l’inacceptable. Karl Popper condense ce paradoxe de la tolérance par "Il ne faut pas tolérer l'intolérance" et je m’inspire de ce regard anticonformiste.

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