Page du 20 juin 2022 jour de gueule de bois...

Que nous soyons piliers de bar, députés ou philosophes, nous ne sommes pas d’accord entre nous et nous trouvons à redire sur tout. Pierre Dac, le plus grand philosophe du 20^ème siècle, condense toute notre réflexion dans une formule célèbre : "Si tous ceux qui croient avoir raison n'avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin". À quelle hauteur d'humour et d’amour ne lui faut-il pas se hausser, pour constater ainsi combien souvent les vrais ennemis se trouvent dans le même camp et combien les extrêmes se rejoignent ? Très souvent,  une lutte à mort s'engage entre les authentiques partisans d'une même "Cause"… Ainsi le Christ et Zarathoustra ou Mélenchon et Le Pen seraient au service d'une "Cause Unique" en dépit de l'affrontement farouche qui les oppose depuis toujours. C’est à se demander si des causes données produisent toujours les mêmes effets et si les effets sont toujours produits par les mêmes causes ? Nous sommes bien embarrassés pour répondre, tout est devenu possible depuis le changement de paradigme quantique : on a bien vu des lionnes faire grâce à de très jeunes antilopes et les adopter le temps d’une journée. Dans les bars ou au Parlement, les vérités se dévorent entre elles et bataillent farouchement, elles pensent s'opposer quand bien souvent elles se complètent. C’est le retour du "J’ai dit", que la farce soit avec nous ! Après toutes nos élections, le drame est nécessaire pour compenser la farce, mais la farce peut être plus sinistre que le drame lui-même. D’ailleurs, au bout du compte, dans ce monde prodigieux aux merveilles sans nombre, tout est sinistre madame la Marquise, ce qui nous autorise à rire de tout. Ainsi,  avant de pleurer, nous rions et nous aimons.

Pour expliquer nos divergences, il se peut aussi que nos piliers de bars, nos députés ou nos philosophes antagonistes ne perçoivent pas la réalité de la même manière. La perception par le cerveau est reliée au sens, au corps et certains ont des lunettes quand d’autres ont des sonotones. Si la vue ou l’ouïe sont des sens, voir et écouter est tout un art. Je crois bien que nous sommes conduits par les faits, d'une manière incontournable, d'une manière qui ne fait intervenir aucun à priori philosophique, politique, religieux ou social, à considérer qu'il existe chez ces personnes rodées à la pensée mais exhibant des positions politiques ou philosophiques parfois très différentes, voire opposées, une donnée qui oriente à leur insu leurs raisonnements : quelque chose en eux change manifestement la vérité en connerie.

"Aimer!" hurle le loup-garou à la pleine-lune… ne sentez-vous pas vos dents pousser ? Nous changeons, nous mutons et mieux vaut en tenir compte… La politique et la philosophie ne peuvent pas se dispenser de la connaissance de soi, de la connaissance de cette donnée antérieure à la pensée qu'est notre psychologie personnelle sous peine de n'être rien d'autre qu'une façon risible de raconter à l'autre cette psychologie, nos pressions inconscientes, nos à priori fondamentaux, à travers les conclusions dérisoires, paradoxales, voire ridicules qu'elle produit. Finalement, pour percevoir le monde, le sens le plus important est le sens de l’humour… cela permet au moins de rire de soi et c’est bon pour notre santé… Les mots n'ont de vérité que dans la main qui les écrits car seul mon ongle sait précisément où mon dos me gratouille. Il revient donc à chacun d'analyser sa propre vérité que par rapport à lui-même, puisque si on le fait par rapport aux autres on tombe systématiquement à côté de la plaque. Moi, je dis ça, mais je ne dis rien… je garde tout ça pour moi…