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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 12 décembre 2022, jour plus clair...

Denis Vallier
Page du 12 décembre 2022, jour plus clair...

Il était une fois un monde d’abondance où les frigos débordaient de bombances et les habitants d’embonpoint… et puis les choses se sont gâtées pour les cigales… La vie ici-bas se fait cruelle, surtout pour les mères quand ce qu’elles font naître leur est enlevé sans pitié. Par contre, dans des jardins très privés, les roses continuent à s’épanouir là où elles ont été plantées… Nous autres qui les sentons de loin, nous apprécions leur parfum et imaginons leur beauté quand il n’y a aucun danger immédiat mais quand il approche, nous subissons leurs épines… Les histoires commençant par il était une fois on souvent une fin heureuse mais en réalité, elles n’ont pas de fin du tout… enfin, pas vraiment… Même quand tout va mal, on a toujours l’illusion que chaque jour apporte son lot de progrès mais la grande question est "où allons-nous ?" Et combien de chemin nous reste-t-il à parcourir avant d’atteindre notre but ? En milliards de Pénélope, combien de temps avant que l’on cesse de réparer sans fin ce que l’on détruit en permanence et que l’on commence enfin à vivre ?...

Au lieu d’aller mécaniquement vers un monde possédé par quelques familles, et si nous allions vers une société un peu moins futile mais d’autant plus joyeuse, nettement moins gaspilleuse et toujours plus responsable… ce serait grave, Docteur ? En tout cas, ce qui est sûr, c’est que certains ne le verraient pas d’un bon œil… à commencer par les gros bonnets de la distribution. Imaginez le drame si leurs caisses infernales se bloquaient… Le grand danger, pour les patrons de supermarchés, c’est la maniaco-dépression de l'acheteur pris d'une soudaine lucidité fugace, prenant conscience miraculeusement de la futilité des biens de consommation et de la vanité de toute velléité de possession…

C’est qu’il serait capable de vous péter une dépression à la caisse "moins de dix articles", ce bougre de consommateur en plein doute... Ou bien, il ne se réfugierait plus dans les grandes surfaces que les jours de canicule pour profiter de la fraîcheur climatisée. Alors, vous pensez bien, il va falloir l’encourager à fond, le flatter dans le sens du poil, le valoriser, que les portes des magasins s’ouvrent d’elles-mêmes et en grand à son approche. La pub devra en faire un héros à la Marvel et le maître du monde des ristournes réservées aux privilégiés, on lui refilera une carte de fidélité (- même s’il vient acheter un second portable et des préservatifs pour tromper son mari ou sa femme). Il faut bien le soutenir généreusement dans l'achat compulsif, l’accompagner sur les refrains d'une dynamique entêtante, lui bourrer le crâne de slogan, le conditionner par des jingles, multiplier les grand-messes commerciales, ne lui laisser de place pour aucune respiration. Qu’il trépigne, le bougre, et soit pris de convulsions d'impatiences devant les portes des magasins un matin de Black Friday instauré en nouvelle fête religieuse ou près à se battre au lancement du dernier gadget indispensable ! Que son désir soit donc tyrannique et ses caprices encensés ! Trouvons les moyens d’empêcher le consommateur de faiblir pour qu'il casque sans défaillir… Commençons par accrocher trois mille guirlandes, lui passer "Petit papa Noël" en boucle et insuffler un peu plus  d’oxygène et quelques odeurs apéritives dans l’air ambiant…

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