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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 14 décembre 2022, jour du client...

Denis Vallier
(Illustration Rolands Zilvinskis)

(Illustration Rolands Zilvinskis)

Autrefois, les gamins jouaient aux gendarmes et aux voleurs, au papa et à la maman, au marchand et au client, les choses étaient relativement simples... L’échange était alors équilibré, mais les marchands ont grandi jusqu’à la taille de groupes énormes et ils se sont dit qu’ils pourraient gagner encore bien plus en saignant les producteurs jusqu’à les pousser au désespoir et en éliminant les petits commerces pour s’assurer des monopoles et mettre les prix qu’ils veulent. Les medias aux ordres de gros propriétaires ont participé à leur stratégie et fait évoluer la société dans le sens voulu par quelques familles en dévalorisant toujours plus ces esclaves de producteurs et en encourageant la consommation par petites touches imperceptibles. Les qualificatifs les plus employés ont fait passer progressivement le "client" à "acheteur", puis à "consommateur", ainsi, nous avons acheté et consommé puisque même des associations sensées nous défendre utilisaient le terme… Consommer est devenu la norme. En attendant que le citoyen ermite apparaisse, ces derniers temps, je me suis même fait traiter d’usagé, ce qui est un brin vexant. Je suis peut-être un vieux crouton mais pas un vieux Kleenex et la perspective de se faire jeter comme un malpropre est plutôt désagréable.

 Ainsi, après nous avoir poussés avec insistance pendant des décennies à suivre la mode, à acheter compulsivement, à consommer tant et plus, à jeter le jetable, à subir sans broncher l’obsolescence programmée de nos appareils, les mêmes "merdias" aux ordres des marchands nous  reprochent ces derniers temps de l’avoir trop fait. Ce serait de notre faute si nous nous retrouvons submergés par des montagnes d’ordures et si ces pauvres industriels ont été obligés de dérégler le climat à cause de nos mauvaises habitudes… N’est-ce pas nous prendre pour des billes que de nous culpabiliser ainsi sans balayer les ordures devant leur porte ? Comme son nom l’indique, un coupable peut être tranché à volonté de la tête aux orteils comme un saucisson… Nous prendrait-on pour des jambons ?

Dans mon esprit, j’en suis resté au bon vieux client, et, face à l’offre, j’estime que je devrais avoir toujours raison. D’ailleurs, c’est toujours à nous de fixer les prix en achetant ou en refusant au lieu de satisfaire l’appétit insatiable des profiteurs de guerre : on en a pendu par les roubignoles pour moins que ça…. Pour en rajouter une couche, à force de poireauter dans des salles d’attente, voilà que ces derniers temps, on me qualifie de " patient"… mais de la patience, le blaireau en a de moins en moins…

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