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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 15 janvier 2023, jour de temps pas libre...

Denis Vallier
(La montre molle est de Salvador Dali, bien sûr...)

(La montre molle est de Salvador Dali, bien sûr...)

Nous nous abrutissons un peu plus chaque jour à force de nous cogner la tête contre des murs mais, au lieu d’ouvrir la porte, on n’hésite pas à investir des milliards pour rendre les machines plus intelligentes avec l’idée sous-jacente que c’est toujours plus économique que d’essayer de nous rendre moins cons. Les ordinateurs centraux, les serveurs, si prompts à "planter", ne sont que l'illustration de la vision fonctionnelle du monde occidental : le mot magique y est "efficacité", suivi de près par "rentabilité", "potentialité", etc… Cette "évolution" n’est-elle pas en train de se retourner contre nous ? Ni perdons nous pas en route notre humanité ? Eh bien, ce ne serait que justice ! On l’aurait bien cherché… Et puis, pour les cyniques, il faut bien des victimes qui passent par pertes et profits pour qu’augmentent les dividendes, on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, etc…. Et si cela nous fait souffrir, c'est que notre catéchisme postmoderne a bien été intégré, on n’a que ce que l’on mérite...

Le taylorisme a produit des règles du travail de plus en plus abstraites, des lieux de travail de plus en plus ouverts pour plus d’efficacité, des travailleurs de plus en plus interchangeables quand le temps, lui, est de plus en plus imposé, déterminé, coercitif, resserré. Il est devenu un carcan pour l’individu, un tic-tac mortifère, un ennemi qui nous fait courir jusqu’à l’épuisement. Il pousse la pression parfois jusqu’au suicide, cette échappée du désespoir, ce drame de l’échec très éloigné de la reprise de souveraineté des Stoïciens. N’y aurait-il pas moyen de transformer cette peine de mort en joie de vivre ? Mais vous n’y pensez pas ! On n’a plus le temps… les machines s’en sont emparé. Les ordinateurs ont des horloges internes qui n’indiquent plus l’heure à un humain : elles tournent bien trop vite. Non,  elles font fonctionner la machine elle-même à l’allure qu’elle nous impose et la rendent "intelligente" à sa manière, presque vivante puisque une sorte de compte à rebours participe à son obsolescence programmée. La machine toute neuve et brillante remplace l’homme très rapidement… au début, ça va mais au bout de vingt ans elle aura elle aussi des pinces tordues de travailleur manuel. L’ordinateur sait-il qu’il va mourir ?

Les montres de luxe sont devenues le risible symbole de la réussite sociale, le totem que l’on convoite, mais Chronos peut aller se rhabiller, voici venu le Temps de la Machine qui conditionne notre travail et nos vies de tous les jours… La même obsolescence programmée est appliquée à l’employé de bureau et, de plus en plus, jusqu’au conjoint dans notre couple : l’un comme l’autre sait qu’il a la même existence limitée qu’un rouage, mais lui est sûr de se gripper. Il peut le vivre comme un répit dans un espace d’indifférence à ce qu’il fait et ce qu’il vit, mais également comme un enfer, comme un cauchemar pour peu qu’il situe un peu du sens de son existence dans l’activité qui lui permet de gagner sa vie ou dans la richesse de son échange au sein de sa cellule familiale. Car franchement, quoi de plus stupide que de gagner sa vie en perdant tout le reste ? Ainsi, les machines et leurs horloges nous font marcher sur la tête… pourtant, toute technologie est destinée à devenir obsolète et à terme, ce qui perdure et que tout le monde recherche, ce sont les relations humaines… Les investisseurs les plus malins devraient y songer…

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