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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 19 janvier 2023, jour de grève...

Denis Vallier
Page du 19 janvier 2023, jour de grève...

"Français geignard, arrête de te plaindre !… il y a pire ailleurs… Si tu ne te reconnais pas dans notre société, si tu n’y trouves pas ta place ou si tu n’es pas content de tes conditions de travail, va donc te faire voir chez les Grecs !" te disent les patrons… Effectivement, Platon n’éprouve pas tes difficultés : lui au moins fonde la Cité à l'aide de ceux qui s'avèrent utiles aux autres, les agriculteurs, les ouvriers, les artisans. Il nous rappelle donc que si le travail est là pour satisfaire tes besoins, c’est aussi pour combler ceux des autres et vice versa. Ce n’est quand même pas la faute des patrons s’ils ont de gros besoins… Les patrons, les Platon, ne les écoute pas, tu as raison de râler, va faire grève !… parce que c’est bien gentil mais dans cette jolie histoire, il y a un hic : ce vieux croûton de Grec ne s’adresse pas à la masse considérable et indispensable des esclaves de son temps, il les oublie tout simplement. Ces sous-hommes posés comme des évidences faisaient tellement partie du paysage qu’il les effaçait et il ne voyait donc aucune raison de les considérer comme des travailleurs. Pendant des millénaires, l'esclavage fut une haine du travail dans l'irrespect d'autrui mais sans lui, tout s’écroulait… ça ne vous rappelle rien ?

Derrière les apparences, pourquoi notre société serait-elle différente ?  Durant les deux derniers siècles, le machinisme fut une étroite porte de sortie et une volonté de salut publique… et voilà qu’aujourd’hui, on envisage de taxer les automatismes : vous verrez on n’en est jamais sorti mais on y reviendra à l’esclavage…Pendant ce temps, quand ils ne font pas grève, les braves travailleurs-travailleuses continuent à bosser en se faisant piétiner allègrement… Les fourmis ouvrières ont horreur des claquettes… on les comprend, eh bien, quand on se fait exploiter, nous non plus, nous n’aimons pas le travail, cette malédiction divine (- il a fallu que Dieu s’en mêle en nous virant du Paradis…) : qui aime se faire exploiter en souriant ?

Comment un emploi idiot pourrait-il nous révéler autre chose que le mépris de nous-même ? Par contre, comme le bois qui travaille, on aime dans le travail ce qui est l’occasion de se découvrir soi-même. Il ne faut pas accepter la médiocrité sous prétexte que c'est la seule chose offerte et se satisfaire de la seule satisfaction d’avoir un boulot pour gagner sa pitance. Je sais bien, en boomer retraité privilégié, j’ai facile à dire du haut de mon Olympe, mais malgré tout, il faut se débrouiller sans courber l’échine, il y a toujours moyen. Je comprends et soutiens ceux qui refusent de travailler plus pour gagner plus pour acheter plus les conneries que l’on va jeter plus pour bouffer plus pour crever plus… Ceux qui les y invitent feraient mieux de réfléchir plus pour se taire plus…

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