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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 20 janvier 2023, jour de lendemain de bringue...

Denis Vallier
(Dessin de Jean Roba)

(Dessin de Jean Roba)

On a défilé solidairement dans la rue à la queue leu leu comme des fourmis pour défendre notre droit à un travail digne et à une retraite longue et en bonne santé puis on est rentré chez nous avec les sentiments mitigés de lendemain de biture. J’ai beau être une cigale provençale, je plains les fourmis sans boulot, les pauvres !… Par contre, je me sens impuissante devant la profonde misère de celles pour qui le travail est un aboutissement, celles qui vous assurent "mon travail, c’est tout pour moi !"... les pauvres de pauvres ! Les pauvres diables qui s’ennuient sont souvent de gros travailleurs, ils se réfugient dans l’action qui est le meilleur des remèdes à leur mélancolie. Elle est le dernier recours de ceux qui ne savent pas rêver et n’ont aucune possibilité de s’échapper. Mais comment savoir qui a gagné quand vous combattez l'ennui ? Gagnons-nous notre vie ou perdons-nous notre temps ?

Franchement, quelle idée d’interrompre nos vacances réparatrices pendant 48 semaines rien que pour aller perdre son temps au boulot !…  Il paraît que la France manque de bras parce qu’on ne les paye pas assez, mais en attendant, moi je sais où sont mes coudes… avec les autres coudes : sur le zinc du dernier bar du quartier. D’ailleurs les Chinois  qui visitent Paris ne s’y trompent pas : quand ils voient un type au fond d’une tranchée, le bus s’arrête et ils descendent pour le photographier, c’est vous dire notre réputation. Ceci dit, le travail du travailleur, c’est sacré, faut pas rigoler pas avec ça : même à la retraite, je m’impose de respecter le repos du dimanche. Le jour du Seigneur, je m’autorise à rester en pyjama toute la journée.

Je fais le malin au bar en sortant mes brèves de comptoirs mais cela me poserait quelques problèmes de me retrouver à poil et de retourner à l’état sauvage. Je suis dans la société des hommes et j’y resterai. Quand elle est possible, la fantaisie est le seul remède à la mélancolie contemporaine, elle est le moyen de se remettre au centre et de ne pas trop se prendre au sérieux. Et de toute façon, comme disait Cioran, "un monde sans mélancolie serait un monde où les rossignols se mettraient à roter".

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