Le sage dit au disciple qui regarde au dehors passer un avion: -« Peux-tu faire disparaître cet avion ? » et le disciple de répondre satisfait de lui: - « Bien sûr mon maître, c’est facile, je peux toujours tirer les rideaux ». Le maître le regarde en souriant et ferme simplement les yeux... La pensée sera toujours plus forte que l'action, c’est ce qui a fait notre force jusqu’ici… mais certains n’en sont pas convaincus. S’il nous arrivait de croiser un original aux cheveux orange que n’effleurera jamais le soupçon légitime porté sur les limites de notre connaissance mais qui nous affirmera mordicus...
Le monde, tout ce qui est, n’est que ce que je vois, ce que je touche ou entends, ou ce que je me souviens d’avoir vu, touché, entendu, senti, mais rien d’autre non plus même si ça fait mal de percuter un arbre. Ce que nous appelons le monde est la somme de nos sensations. Nous ne connaissons pas le monde lui-même, en lui-même, nous avons chacun un monde senti et ressenti. Si ma pensée se fait poétique, la nature n’est que la prose de mes sensations. Appelez « sensible » ce que l’on dit « matériel » et vous conserverez la réalité, vous gagnerez la cohérence. À partir de ce moment-là, il faut pousser...
Pourquoi ai-je parfois le sentiment de rêver les yeux ouverts… de vivre en décalé… de m’être fait épingler dans un trompe-l’œil ? Pourquoi, de temps à autres, cette impression nauséeuse que les autres et les choses n’existent pas pour de bon… l’idée stupide d’être la seule conscience vivante, perdue au milieu d’un univers de songes… Dites-moi Docteur, ce doute, ce doute moite, cotonneux, envahissant, qui vide le réel de sa réalité, est-ce le symptôme d’une névrose ou bien d’une psychose plus sévère ?… Ah bon ? Nous serions tous atteints à des degrés divers ? Le monde est-il d’une étoffe réelle...
Je ne suis qu’un dos argenté de l'espèce grand singe bipède autoproclamé homo sapiens sapiens, qui sait qu’il sait qu’il sait etc.… mais qui se met souvent le doigt dans l’œil et pourtant, j’ai également et douloureusement, la vague impression de n’être sur cette planète, que pour servir de support partiel et éphémère à la Conscience de l’entière Création qui nous entoure jusqu’aux limites extensibles de cet univers. Sans mon regard j’ai le sentiment que tout retournerait à une longue attente minérale, pourtant je sais bien que je suis apparu bien après tout cela, que j’en suis le produit, que...
Puisque je pense autant penser comme tout un chacun que je pense bien ; en mobilisant toutes mes capacités j'ai décidé en référence à moi-même que j’étais forcément intelligent parce que, d’une part, il n’y a pas moyen de le savoir et, d’autre part, pour dire « merde » à l’entière création qui en douterait ! Ce n’est pas forcément le besoin de me distinguer violemment ou pour céder à un syndrome de La Tourette rampant, ce serait plutôt gentiment pour lui souhaiter bonne chance… Les humains ont le bonheur d’avoir dans leur boîte à outils ce mot multifonction qui permet de tout lâcher d’un seul coup....
Le soleil de Californie est généreux, il échauffe les corps et libère les imaginations… C’est peut-être la région du monde la plus dynamique et la plus novatrice. On y cultive le culte du corps et la marijuana ; là-bas, le vent du large venu de loin ouvre des esprits libres et amicaux. Les utopies de toutes sortes y trouvent un terreau fertile et les transhumanistes en bénéficient sans retenue. Leur idée très à gauche est que, si on a inventé l’Etat providence pour gommer les inégalités sociales, il faut aller bien plus loin. Dans cette idée, l’étape suivante consistera donc à gommer les effets...
Nul besoin d’attendre encore et encore la venue ou le retour du Christ : l’homme-dieu est déjà parmi nous, peut-être en avez-vous croisé sans le savoir. Le transhumanisme est une idéologie démiurgique qui veut donner à l’homme un pouvoir absolu sur la nature et sur sa propre nature, qui veut faire de l’homme un homo-deus. Cela passe par l’augmentation de ses capacités physiques et intellectuelles ainsi que son accession à l’immortalité, comme ça, en passant rien que ça... C’est une idéologie de nature manifestement religieuse : je m’avance sans filet car je n’ai qu’une intuition, mais comment ne...
On vit vraiment une époque formidable : un groupe de personnes aux moyens illimités a décidé de faire disparaître l’humanité, mais le plus surprenant c’est que cela part d’un « bon sentiment ». Le slogan qui sous-tend toutes les recherches transhumanistes californiennes est « From chance to choice » : passer de la loterie génétique amorale, injuste et aveugle à la correction, à l’amélioration, à la valeur ajoutée volontairement. A priori cela démarre sur de bonnes bases mais tout dépend ensuite de ce que l’on veut en faire… car nous perdons là notre innocence : si l’objectif est atteint, on ne...
Superman, Batman, Spiderman, Griezmann… on s’y perd un peu au milieu des supers pouvoirs de tous ces héros bodybuildés qui submergent nos écrans. Ce sont en général des types tout-à-fait ordinaires qu’un concours de circonstances propulse sur le devant de la scène et qui sauvent l’humanité en s’affranchissant de la pesanteur. Des sortes de supers Christ qui auraient réussi. Captain America, n’échappe pas à la règle, mais en plus, il est l’image parfaite de l’homme amélioré. Elle peut paraître puérile, voire ridicule, mais elle est parlante sur notre époque. On part de très bas : un petit gars malingre...
Vivre vieux, c’est toujours mieux que mourir jeune mais ce n’est pas un but en soi et l’immortalité serait la pire torture qu’on puisse imaginer. Malgré tout, vivre mieux et bien demeure une éventualité tout à fait plaisante... En 1900, l’espérance de vie des Français était de 45 ans, de nos jours, elle est passée à 82 ans. On a réussi à augmenter cette espérance de vie grâce entre autres aux progrès de la médecine, à une meilleure hygiène ou aux antibiotiques, mais surtout en évitant de mourir un fusil à la main sur un champ de bataille à 20 ans. Par contre, jusqu’alors, on n’avait jamais réussi...
On vit une époque formidable !... Le seul véritable apport incontestable du progrès, c’est le confort d’une vie de prince d’autrefois à la portée de tout un chacun et des caniches. A condition toutefois d’être né au bon endroit et dans la bonne famille… Le meilleur confort de quelques-uns justifie-t-il tout le reste ? Il nous faudrait trois planètes pour satisfaire nos besoins actuels qui ne font qu’augmenter encore et encore. N’importe quel gamin se rendrait compte que quelque chose ne va pas. Mais le véritable bouleversement est ailleurs : les deux, trois générations de l’après-guerre, c’est-à-dire...
Les machines m’obsèdent et c’est sans doute ridicule : je les imagine communiquant sans cesse entre-elles dans notre dos, surtout la nuit quand nous dormons… n’empêche… quand un ordinateur pourra de manière autonome créer son propre langage, et pour étendre cette création, un langage qui sortira de tout logique, nous ne pourrons plus avoir main mise sur un tel appareil et Matrix commettra l’inceste avec Big Brother. L’Histoire de l'Informatique est celle des héros et des Huns toujours à la merci d’un bogue (bug en anglais : les insectes, en particulier les cafards adoraient semer un chaos à l’odeur...
L'homme étant parfois moins idiot qu'il n'y paraît, voyant qu'un seul langage tenait nos sens insatisfaits et nos intelligences frustrées, en fît une multitude pour le rendre illimité. Merci Babel, tu es une béné-diction ! L'Opéra est un langage même s’il ne parle pas à tout le monde, mais quand on lui a prêté l’oreille c’est une étonnante source de plaisir et d’émotions. Les chants liturgiques en sont un autre, tout comme la poésie est un langage différent de la philosophie, etc. Les modes d’expression sont multiples et à chaque fois la forme choisie du langage pour exprimer le symbole doit s'en...
La séparation est une double peine : la sienne propre et celle que nous imaginons aux absents. Quand elle est de longue durée ou définitive nous comblons l’absence par des symboles ; nous prenons un peu de terre de notre pays, on coupe une mèche de cheveux. La cassure, la brisure, la déchirure sont inhérentes à tout symbole puisque au départ, c’était un tesson de poterie que l’on brisait en deux avant de se partager les morceaux. À l’origine, le symbole était porteur d’espoir, celui des retrouvailles ; c’est étymologiquement un signe de reconnaissance et donc un moyen de communiquer par-dessus...
Il y a sur cette planète des projets qui paraissent totalement frapadingues et qui nécessitent des investissements colossaux. À Cadarache, près de chez nous, nous avons le Projet ITER qui ambitionne de maîtriser la fusion nucléaire ce qui est pour le moins audacieux quand on sait qu’aucun matériaux ne peut résister et donc approcher de telles températures, mais ce n’est rien à côté de ce qui se passe en Californie. À l’Université de la Singularité dans la Silicon Valley qui a pour point de départ le concept de « Singularité technologique », on a l’audace de vouloir construire une machine semblable...
9 mai foudroyant 500, 600,Le kilomètre 700 est avalé.Je conduis en mode zombi, le goudron, dévoréencore, encore et encoreseules de temps à autres, quelques bornes kilométriques,me font prendre conscience de mes distractionsdu temps passé à me perdre, encore et encore,dans des idées passagères, volatiles, futiles autant qu’ inutiless’étalant sans fin sur l’interminable ruban goudronné,les unes poussant les autres sans précautionà la première occasion venue, à la moindre hésitation de trajet,s’inclinant aux envies élémentaires comme le besoin de s’arrêter pour pisser,ou à celle plus subtile d’un...
Damned ! Encore raté ! Chaque fois que je me réveille au petit matin, c’est la même chose… Je m’étais pourtant juré de ne pas me laisser surprendre ce coup-ci. Mais à tous les coups, ma conscience manque à saisir son origine, elle est toujours en retard par rapport à sa propre émergence et elle reste en décalage tout au long du jour. Je suppose que vous et moi en faisons l'expérience chaque matin dans les brumes du rêve : l’incapacité à saisir l'apparition même du paraître. Être et paraître, telle est la réponse. Nous débarquons chaque matin dans notre vie et nous n’en avons qu’une à chaque instant...
Déjà à la fin de 19 ème siècle, Nietzsche se disait que la conscience était une nécessité de notre évolution car l’homme représente une proie trop vulnérable : pas assez agile, ni assez forte, ni assez armée ou protégée. Il avait sans doute bien vu, mais ce n’est manifestement pas notre roublardise qui nous a permis de prendre le pas sur toutes les autres espèces de cette planète ; cela n’engage que moi, mais notre « atout » principal est notre énorme rapacité associée à une endurance bien plus performante que celle des autres espèces. Seulement, il nous a fallu développer nos lobes frontaux pour...
Étant enfant, quand j’allais à la piscine, il m'arrivait parfois de jouer à Lancelot du Lac : cela consistait à me mettre au fond du bassin, tout au fond, à trouver une bonde de fond comme point d’ancrage et à m’y agripper, à vider ensuite mes poumons pour ne pas remonter trop vite, puis, me bouchant le nez de l’autre main, à rester allongé sur le dos et à contempler la surface. La surface existait, vivait, bougeait, ondulait, scintillait comme un mercure isolant la réalité, et moi, j'étais là, paisible au sein de l'eau, très très loin. J’étais le seul privilégié à pouvoir admirer cette surface...
Ce matin, « après des rêves agités », je me suis réveillé tout petit, j'étais devenu ridicule, minuscule trois fois rien pas plus haut que trois pommes et de plus « un sorcier vaudou m’a peint le visage » ça vous flanque une bonne pétoche surtout quand son gri-gri vous suit. Mais bizarrement je n’étais pas tout seul, le monde entier est devenu plus petit, les pommes, les sorciers, l’univers et l’infini aussi. Finalement je ne m’en porte pas plus mal, ce qui est petit est joli surtout que le sorcier a du talent, c’est décidé, demain, je reste petit, je suis aussi bien ainsi
Comment se fait-il qu'en...
« Je pense donc je suis » , je déclinerais ça d’une autre manière : je pense comme je pense, donc je suis comme je suis, tu penses comme tu penses, donc tu es... etc. Je pense comme je pense, même quand c’est à des conneries, donc dans ces cas-là, que suis-je ?... Vous n’étiez pas obligé de répondre, de toute façon… je m’en fous. Tant de pensées banales, toutes simples, toutes bêtes, alimentaires ou grivoises côtoient tout au long de nos jours tant de rêves d’avenir mirobolants, souriants et fous, tant d’hypothèses savantes et argumentées, tant de considérations esthétiques et sublimes... Mais...
Depuis que l’esprit scientifique inspire une partie de notre société, nous pouvons nous baser sur quelques certitudes temporaires pour appréhender notre environnement de manière rationnelle. La poésie, notre intimité fouillée, la méditation, nous permettent d’accéder, par extension, à une connaissance de l’humain qui elle aussi a quelque intérêt même si elle demeure, la plupart du temps, modeste et discrète comme violette en sous-bois. « Les autres forment l’Homme, je le récite » disait le maître ; tout comme lui, en Montaigne du pauvre, j’essaye. Mais au fait, quand je dis « nous », qu’est-ce...
Page du 1er mai 2018 jour de transmission de témoin
Une foule de problèmes que nous résolvons quotidiennement ne font appel ni à la mémoire ni à des algorithmes définis et là, l'ordinateur attend le programmeur qui lui apprendra. Mais on est sur la voie de concevoir et de construire des machines capables de produire elles-mêmes leurs propres programmes et de les faire varier en fonction des situations à affronter ; ce n'est pas encore le cas actuellement mais ce n’est qu’une affaire de temps. La conscience provient de la complexité d’une intelligence développée, d’un codage du dialogue entre les neurones attelés à une même tâche et à d’autres codes...