Je ne sais pas si ce sont des perturbateurs endocriniens qui perturbent notre myélinisation, ou la pollution, le manque de sommeil ou bien l’action conjuguées des médias, du net et des écrans, mais j’ai bien l’impression que nous devenons de plus en plus cons. Entre les croyances religieuses et meurtrières des fanatiques, le complotisme sous-jacent, le racisme, les fake-news, les rumeurs les plus aberrantes et dangereuses qui s’embrasent comme feux de brousse et les tests de QI, nous sommes submergés par les preuves. Il nous faudrait un bataillon de Coluche pour affronter autant de connerie. En...
Il se peut qu’un jour la terre s’arrête de tourner tant elle commence à chauffer sur son axe mais on peut raconter ce qu’on veut, ce n’est pas faute d’huile de palme ou de pétrole. En attendant, « elle tourne » comme le répétait en boucle Galilée et nous aussi du coup : nous en avalons des tours de manège en blanchissant sous le harnais. Que vaut-il mieux ? Continuer à cavaler, bosser, fonctionner, se tuer à la tâche sous prétexte que le travail c’est la santé et qu’il est moralement recommandé de tenir son rôle dans la société ou bien, à l’inverse, se bloquer à l’écart avec ses chèvres en regardant...
Dès que l’on prend le volant, toute ligne droite annonce la courbe qui l’achèvera et forcera à ralentir… de même, tout rond-point annonce le rond-point suivant (à notre époque, il se peut même qu’il y en ait un autre squatté entre les deux). Tout s’infléchit, se courbe, même les angles s’arrondissent parfois et ce qui se redresse entre temps n’est que temporaire ; la Terre est une boule bleue et la vie une ronde. Tourne et tourne le manège, les vies dansent même à cloche-pied. Tourne et tourne eau pour rejoindre la chair ferme. Mais qu’avons-nous à accélérer le mouvement comme des malades ? Cool,...
La vie est belle ! Certes… c’est vrai en général, le principe est prodigieux, mais qu’en est-il de la vie de tout un chacun ? Pour certains, c’est une galère interminable quand d’autres font de la leur une œuvre d’art ; les biopics se succèdent sur nos écrans comme autant de tableaux animés. Artistiquement, la vie est une plus ou moins belle peinture dont on s'aperçoit en se rapprochant que ce n'est qu'une série de petits points... Bon-point, permis à points, steak à point, ronds-points, coup de point… euh non… Te raconterai-je l'histoire de ce peintre qui, d'une aiguille désabusée, posait des...
Quand on a le génie de Shakespeare, on ne fait pas d’Hamlet sans casser des dieux. Il le place dans une situation épouvantable et lui fait dire : « Le temps est hors de ses gonds. Ô sort maudit Qui veut que ce soit moi qui aie à le rétablir!» Et nos gamins qui supposent que Shakespeare doit être un vieux rappeur cacochyme de reprendre ces mots à leur compte et d’enchaîner : - « Dites les vieux ! Vous êtes sadiques ou abrutis ? Vous avez dû en casser des œufs pour votre petit confort, et pas qu’un peu. Vous nous mettez dans une situation pas possible et vous nous refilez le bébé. L’eau du bain est...
« Mais non, Jeff, t’es pas tout seul ! »… On a beau communiquer à tout va sur les réseaux sociaux, partager encore et encore, chacun vit dans une bulle, à chacun la sienne ; c’est sans doute pour cela que l’on prend tant de plaisir à s’éclater. Nous sommes un point qui pense à l’intérieur d’un crâne, une coquille de noix. Parfois c’et la tempête dans le bocal, parfois, c’est la zénitude, mais il s’y passe toujours quelque chose comme aux Galeries Lafayette. On peut de temps en temps avoir l’impression de communier, mais que l’on soit bien ou mal dans sa peau, pas moyen de s’en échapper, pas d’effet...
Un point, c’est tout J'ai fait le point… fouillé quelques nuages, deux ou trois mirages, À la recherche de la réalité des choses... Funambule transitoire sur un fil en pointillé... Des bribes de souvenirs flottent en suspension, des bandes-son fatiguées, De vieilles photos jaunies apprivoisent le silence des regards-miroirs Et de par-delà l'horizon, envoient des rayons de lune à la nuit qui se pare. Les mots dansent... Ils passent et repassent sur la scène de nos fantasmes. Nous empilons le temps, il se rit de nos masques ; Nous empilons du vent, il se grime en passé ; Les marais de l'oubli nous...
« Et dans ce point de vue, il y a toute ma vie : un point c’est tout » 8.8 Si rien avait une forme, ce serait cela : ce point infiniment petit entre deux infinis. Comme les marins et les brodeuses, il est bon de faire régulièrement le point. En somme, faire le point, c'est calculer la dérivée par rapport au temps. De façon sans doute excessive, pour saisir l’instant et l’endroit dans ce monde où tout tourne à toute vitesse, mon mode d’approche sera l’effleurement à partir d’un seul point comme la « pierre d’achoppement » du Facteur Cheval, mais qui serait tout sauf un accidentel point d’impact...
L’intelligence artificielle est pour l’instant stupide, mais il ne faut présumer de rien. Avec l’arrivée des ordinateurs quantiques, il devient présomptueux d’affirmer que jamais ne naîtra une conscience artificielle : la conscience n’est que le fruit de la complexité. C’est inquiétant pour l’humanité mais imaginez l’état d’esprit d’une boîte de conserve qui prendrait conscience de son état : serait-elle heureuse d’être là ou l’angoisse la saisirait-elle ?… Je suis zéro et je suis un. Des octets qui pensent… Combien de zéro ? Combien de un ? Je n’en sais rien et peu importe : un cerveau quantique...
Il y a des jours alpha comme aujourd’hui où je passe totalement inaperçu, je suis pratiquement indiscernable, je ne suis qu’un «.».Des jours comme celui-ci, j’ai les maths poétiques (-eux disent pathétiques, mais je m’en fiche). Ces jours-là, je suis un Zéro, un absent tournesolé bizarrement vers l’intelligence artificielle et la beauté naturelle. Un «.», certes, mais un rien bien réel qui n’est pas l’objet d’«un quelconque fantasme autour d’un trou anéanti », mais le centre vide et immobile «où font surface les remous de la pulsion » comme blablatent mes psys en se disputant à mon sujet en salle...
Exil, mon île La vie est une ronde, je t’abandonne ma terre, En quête au vaste monde d’un succès planétaire ! Mais déjà, loin de toi, je ne bois aux fontaines Que le filet sans joie d’une mise en quarantaine. Tu me manques ma nuit, étoilée au lointain Mais l’espoir ébloui d’enchanteurs lendemains M'a chassé loin de toi, vers la ville aux lumières Qu'une lune sans joie submerge d'éphémère. Par ici tout est bas, car aucun horizon Ne protège du bras l'ondulante moisson. Et la plainte sans fin, discordante et blessée, Se fracasse au destin sous de sombres fumées. Je suis seul et j'ai froid, égaré parmi...
Page du 20 mars 2019 jour de la nostalgie d'Ulysse.
« Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis et retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! » Manifestement, Du Bellay avait l’âme nostalgique et ses « Regrets » sont éternels. Comme cela fait du bien de savourer avec gourmandise ces vieux vers qui fleurent bon la cire et la craie de nos antiques salles de classe. Ils coulent encore comme miel en gorge…En cadeau, ils nous laissent à l’oreille la voix de Georges Brassens sur trois notes de guitare. Pauvre Ulysse… Vivre le reste de son âge… c’est bien gentil,...
Dès leur origine, les êtres humains n’ont jamais tenu en place. Ils se sont propagés de proche en proche en s’étalant comme une moisissure à la surface du globe. Nous n’avons jamais cessé et nous continuons de nos jours en risquant notre vie en Méditerranée. Nous nous sommes déguisés en citadins et, hors de la survie, voyager est devenu un luxe, mais l’être humain n’est pas fait pour vivre entre quatre murs qui ne peuvent devenir que les murs de son tombeau. C’est pourquoi il fonce souvent à tombeaux ouverts et parfois tombe dedans. L’être humain est génétiquement fait pour aller voir ailleurs...
Deviendrais-je philosophe à tant regarder mon nombril en spirale on bien deviendrais-je escargot ? Rien de pire que de devenir philosophe sur le tard. La philosophie est proprement nostalgie, une sorte de passé comestible, mais aussi une pulsion à faire du monde sa maison, à se fabriquer une coquille d’escargot, à être ainsi partout chez soi. L’escargot, ce concepteur de l’abri de jardin qui n’a pas déposé de brevet, est-il hyper-nomade puisqu’il est partout chez lui ou bien est-il hyper-sédentaire dans la mesure où il est toujours à la maison ? La même question se pose finalement pour tout un...
Gamin, j’ai pris une pomme, mon canif, trois cailloux pour mon lance-pierre et je suis parti sans me retourner. Éternels voyageurs jusqu’à l'horizon du monde, on s’encombre les poches de portefeuilles, de clés et de téléphones et on a très peur de les perdre. On a toujours cette impression d'avancer mais, en réalité, on flotte en suspension tandis que nos désirs croupissent et couvent nos comptes bancaires. Vous partez toujours mais à chaque fois, vous revenez dès que vous le pouvez : l’exil est une île, il pèse un âne mort. Quand vous êtes absentés longtemps de chez vous, vous vous êtes comme...
Dites… depuis le temps qu’on avance, il n’y aurait pas moyen de s’arrêter ? Il y a toujours, là-bas, une autre prairie où l’herbe est plus verte, plus tendre, pour nous inviter à nous y allonger en y allant en courant, cheveux au vent, jusqu’à ce qu’on découvre que c’est un gazon artificiel... Ici, l’endroit est féerique , mais peu importe, à ce qui se dit, il y aurait, là-bas, une forêt mystérieuse abritant des secrets oubliés, une montagne plus haute que les autres que personne n’a jamais gravie. Ce n’est quand même pas un tas de cailloux qui va nous arrêter ! Qui décide ici-bas ? Alors on y...
Deux moines zen se chamaillaient quant à la réalité d’un phénomène. - C'est l’arbre qui s'agite. - Non, c'est le vent qui s'agite. Ils soumirent la question au maitre. - C'est l'esprit qui s'agite et vos langues qui bougent, répondit le vieux sage. Avec ou sans le vent, les arbres, immobiles à nos yeux, ne cessent de bouger. Simplement, ils le font lentement : un arbre, c’est de la patience et du temps avec des ambitions verticales. Les arbres gris, dans le brouillard, arc-boutent , tendent le dos mais ne refusent pas le froid. Ils prennent leur mal en patience et font les morts en attendant des...
Le vent et les arbres… c’est une longue histoire d’amour et de complicité. Le vent aime les plantes, surtout les belles, mais pour elles, point de salut sans lui, c’est leur vie qui en dépend. Les shamans du monde entier saturés de psychotropes vous l’affirmeront, les plantes sont des êtres vivants et tout comme nous, elles ont besoin d’échanges. Quand ils sont en transe, ils parviennent à communiquer avec elles en écoutant le vent. Ils sont catégoriques, elles auraient leurs propres états de conscience, surtout les vieux arbres qui hébergeraient tant de nos ancêtres. Certains ne parlent pas tout...
C'est haut l'amour...
Dans ce monde où tout est relatif et en mouvement, tout bouge, tout tourne tout le temps, même les continents, et pourtant, il n’y a jamais moyen de savoir si c’est moi qui bouge ou si c’est le vent qui voyage. Seuls les arbres résistent et s’accrochent à leur petit bout d’univers. Comme Pessoa qui jamais ne bougea, ce sont eux qui le maintiennent en place. De plus, ils remuent eux-mêmes leurs branches pour t’embrouiller et te faire croire qu’il y a du vent. C’est fascinant les arbres : ils sont là, immobiles depuis leur naissance mais communiquent à tout va de trente-six...
The Big Lebwoski quand Léonard devint Sy
Ce monde est mathématiquement le meilleur possible. C’est facile, on n’en a pas d’autre… Dommage… se plaignait Huxley ; « et alors ? » dit le Big Lebwoski… « Même si nous sommes en train de la dégrader et d’en faire une immense poubelle, même si les fâcheux et les pisse-froid la décrient et gémissent, j’aime mes pieds sur cette Terre même pourrie. A l’aise dans mes baskets, au sec dans mes godasses… Bonjour l’odeur !… je me pince le nez mais je m’y sens si bien. Je suis et ça suffit : c’est prodigieux en soi ; en plus, j’ai tout mon temps… toute ma vie devant...
On peut scruter le monde à la loupe ou au télescope, on peut aussi l’aborder de manière fraîche et spontanée avec les yeux de l’amour , plus simplement diront les uns, plus naïvement riront les autres. On peut aussi tenter de faire les deux si l’on a ce qu’il faut pour… J’ai bien grogné quelques fois et me suis indigné plus souvent qu’à mon tour, mais j'aime le monde, le pire comme le meilleur, le monde, les gens, la vie et chaque seconde de ma vie. Même tétraplégique, je crois bien que je l’aimerais encore. Je n'ai jamais été ni lassé, ni blasé : j'ai regardé, écouté, touché, gueulé, pleuré, transpiré,...
Depuis toujours, tous les enfants se font une idée du monde dans lequel ils vivent par de multiples expériences, du moins avant l’apparition du smartphone et des tablettes... Ils testent de diverses manières l’espace, le temps et la matière afin de s’en faire une représentation plausible. Aussi, je me souviens parfaitement de mes doutes aux alentours de mes dix-onze ans à la lecture du Passe-murailles de Marcel Aymé même si j’en acceptais volontiers le fantastique et l’hommage à la puissance de l’esprit, même celui d’un petit employé falot… Je ne me souviens plus précisément de mes interrogations...
En mathématique, la seule limitation étant grosso modo l'imagination, on peut dire sans grand risque que tout existe et son contraire : en particulier, des espaces homogènes, d'autres hétérogènes, des espaces continus, d'autres discontinus, des finis et des infinis, et même des mixtes dans des proportions aléatoires de chacune de ces catégories. De même, il existe des espaces euclidiens, des non-euclidiens, à 0, 1 ou 36 dimensions. Un mathématicien peut se sentir tout à fait à l’aise avec un espace à 100 dimensions alors que vous aurez la migraine dès que vous dépassez 4. Des espaces à nombre non...
Spirale de Fibonacci (bricolée).
Les mathématiques et la géométrie peuvent être très belles si notre regard s’y montre sensible… Les courbes d’une spirale de Fibonacci constituée de l'ensemble de quarts de cercles inscrits dans chaque carré (dont le côté est la somme des deux plus petits qui le précèdent) peuvent presque rivaliser d’esthétisme avec toute autre courbe. Certes, une équation bien lisse et sans surprise ne fait pas rêver grand monde, mais apparemment, la singularité semble résider dans le contraste… A étudier la chose, on voit bien que le Nombre d’or est présent dans toute harmonie...
Il y a plus de 700 ans, le surdoué Giotto ouvrit sa porte en invitant à passer la Renaissance et l’Humanisme et fit entrer un émissaire du pape Benoît XI qui lui demandait une preuve de son talent avant de pouvoir l’accueillir au Vatican. Dans une grande économie de geste et de temps, Giotto traça à main levée un simple cercle sur la feuille qu’on lui tendait. Seulement, ce cercle était parfait ce qui, comme chacun sait, n’est pas de ce monde. On peut admirer la performance et l’idée, mais pour autant, ce cercle est-il beau ? Saurait-il nous émouvoir comme un de ses tableaux ? Si la musique, ce...