(Penseur un jour, penseur toujours...)
Enfant, nous débarquons dans ce monde colossal et prodigieux et nous essayons de comprendre où nous sommes tombés avec, derrière la tête, l’idée d’y creuser notre petit trou pour y vivre le plus heureux possible. Penseur un jour, penseur toujours… Au fur et à mesure que nous avançons d’évidence en évidence, l’horizon recule et les illusions s’accumulent… mais elles sont bien moins nombreuses que nos désillusions… Si la prudence s’impose donc par rapport à ce que nous percevons de la réalité, i l ne s'agit pas non plus de considérer l'existence comme purement...
Il y a de fortes chances que je me trompe, mais malgré tout, s’il y a une seule et unique Vérité, c’est le monde réel, le choc ininterrompu des atomes. Tout bouge, tout change et nous sommes entraînés dans la danse. Certaines choses paraissent étrangement stables et c’est heureux : il est bon de retrouver quelques repères fixes le matin au réveil… Au saut du lit, les lois de la physique sont les mêmes que la veille… par exemple, lorsqu'un navire ou un animal se déplace à la surface de l'eau, le sillage qui s’ouvre à sa proue forme un V que l'on appelle le sillage de Kelvin. Peu importe la vitesse...
(Crabe-décorateur)
L’existence ressemble à une partie de cache-cache pour se fondre dans l’environnement ou en tout cas, pour y survivre quand il se dégrade… c’est valable pour les caméléons, mais aussi pour toutes les autres bestioles, même pour les plus hâbleurs, les "m’as-tu-vu"… mais ce n’est pas un jeu, nos vies en dépendent à nous autres, rois de l’esbroufe et du plastique. On se camoufle comme on peut derrière nos masques chirurgicaux qui se retrouvent dans l’océan, du coup, la majorité d’entre nous préfère esquiver, nier les vérités qui fâchent plutôt que de les affronter… l’indifférence...
Scientifiques, philosophes, poètes, ouvriers, paysans ou fumeurs de havanes, nous sommes nombreux à arpenter la planète en quête de la Vérité de ce bas monde… mais "la Vérité" est un terme générique et donc mensonger… La prudence s’impose dans une quête de cet ordre : connaître le monde et sa vérité demande un point de départ fixe et pour commencer, par se connaître soi-même. Il n'existe pas de connaissance "projetée" magiquement à l'extérieur de soi qui ne soit un mirage de soi-même : allez sortir de la brume et prêcher la bonne parole après ça... Socrate avait bonne vue : "Connais-toi toi-même"…...
"Daydreams of an old man"
La vérité qui autrefois sortait toute nue de son puits est devenue un commerce pornographique alimentant des intérêts divers surtout quand elle est bien foutue… Et puis, on s’est empressé de la rhabiller, vous pensez bien : en notre époque de pudibonderie hypocrite, on lui préfère des mensonges vêtus de marques…. Si tu es correctement vêtu et que tu portes le bon badge, tu pourras lire la devise de la CIA en pénétrant dans ses locaux : "Tu connaîtras la vérité et la vérité te libèrera."… C’est d’un cynisme américain assez drôle mais qui frôle le sadisme… ils ont le sens...
Si tu es né en Inde, il y a une forte probabilité que tu sois de confession hindoue, si tu es né au Pakistan, tu seras musulman, aux Etats-Unis, plutôt chrétien… Quelle curieuse coïncidence ! Le hasard fait quand même trop bien les choses : on naît toujours du bon côté, celui du bon Dieu, du seul, du vrai… les autres non, ils iront en enfer et si on peut les pousser dans le dos, c'est encore mieux… C’est prodigieux, ça tient du miracle, c’est quand même bien la preuve que Dieu existe et que le hasard n’en est pas un… Ô merci mon Dieu ! Gloire à toi pour m’avoir fait naître du côté de la bonne religion...
(Illustration par Kevin Carden)
On le sait bien pourtant que la sauvagerie est toujours là, juste sous la peau, en embuscade… mais c’est toujours un choc de le vérifier. On pensait en avoir fini avec la guerre et la barbarie, et voilà que ça canarde à tout va au cœur de l’Europe… et cela recommencera encore et encore tant que les peuples ne seront pas maîtres de leurs destins. Il va de soi que si l’on vient agresser votre famille, on n’a pas d’autre choix que de la défendre, mais c’est en amont qu’il faut agir préventivement. Le point de départ pour s’en sortir et avancer est la qualité de...
C’est le printemps, les jours rallongent, la sève monte, les petits oiseaux chantent à tue-tête, l’amour frappe à la porte et les Hommes font la guerre. La guerre fait des ravages pour des prunes, elle casse, elle enterre… et quand le calme retombera (- car il reviendra), il nous restera toujours l’amour et nos mains pour tout reconstruire… c’est une précieuse consolation : c’est si merveilleux l’amour… mais, "les histoires d’a… les histoire d’a… les histoires d’amour finissent mal… eeeen général" comme en riait jaune cette déjantée de Catherine Ringer… d’un claquement de talon, l’amour aussi peut...
Il est toujours bénéfique de prendre du recul… Depuis l’espace, on ne voit pas de frontière nous disent tous les astronautes… après avoir vu de leurs yeux la mince couche d’air si fragile de cette boule bleue perdue dans l’immensité de l’espace, ils redescendent sur terre marqués par l’expérience. Une très fine atmosphère, presque diaphane, nous protège du vide mortel : la vie, ça ne tient à rien... Ils seront définitivement changés et sont tous prêts à se mettre à l’espéranto… L’idée de territoires et de nation leur est devenue absurde et riquiqui. Qu’est-ce qu’une nation sinon une invention,...
"Malheur à l’homme seul", enseignent les sages d’Afrique. C’est terrible la solitude… nous la redoutons, elle nous ferait faire n’importe quoi, elle nous pousserait même dans les premiers bras venus… "L’union fait la force" nous rabâche-t-on depuis l’enfance. À plusieurs, on est plus nombreux, c’est sûr… ensemble, nous sommes bien plus forts mais on suit le plus violent et on part en chantant faire la guerre. C’est vraiment stupide la guerre, vous ne trouvez pas ? Surtout quand c’est une affaire de famille comme en Ukraine… Mais c’est ainsi…on peut toujours essayer de refaire le monde, ça ne coûte...
L’innocent comprend très bien le langage des arbres et des pierres… Inspirons-nous du simple d’esprit, écoutons simplement ce que nous disent les choses, observons et surtout, observons-nous et trions ce qui en nous est fugitif, sans poids, sans importance, voyons aussi ce qui est éternel, inscrit, figé, déterminé. À partir de là, détachons ce qui est essentiel de ce qui ne l'est pas. Si chacun de nous faisait cet effort, le monde serait bien plus apaisé et accueillant au lieu que des fous furieux nous mènent à l’abattoir. Le principe fondamental de l'intelligence, comme de l'unique morale valable...
C’est toujours le même principe depuis l’école primaire, il y en a un qui fait des conneries et tout le monde paye… Et quand je dis tout le monde, c’est tout le monde. Un seul type bombe le torse en se faisant passer pour fou et on se retrouve tous à l’asile… Nous avions déjà les sept plaies d’Egypte, les tsunamis, les tremblements de terre, les cyclones, la pandémie et maintenant, on a Poutine qui bombe le torse, mais pas que… depuis une ombre sinistre recouvre la Terre, le ciel est devenu d’un blanc laiteux un peu crade. En Ukraine, les nuits elles aussi sont devenues blanches, elles se font...
Page du 19 mars 2022 jour des illusions retrouvées...
(Photo au mérite de l’excellente Kamila J. Gruss)
Une parabole soufie nous raconte qu’un enfant entra dans une pièce obscure avec une bougie allumée et tomba sur un sage qui se reposait. Le sage lui demanda " - Sais-tu d’où vient la lumière ?" Et l’enfant souffla la bougie… "- Si tu me dis où elle est partie, je te dirai d’où elle vient…". "Le génie, c’est l’enfance retrouvée à chaque instant" se disait Baudelaire. Si l’on est toujours un grand enfant mais un brin philosophe et si on se prend pour un génie comme tous les gamins, on serait tenté de croire en la logique et la rationalité de la...
(Hooligans hongrois...)
Régis au stade En fin d’après-midi ou les soirs étoilés, Une horde de gueux, abierrés et hurlants, Brandit au vent mauvais de biens étranges voiles… En un rythme furieux, des tambours de mort Annoncent à tour de bras une guerre imminente. Dans la vaste tribune, Régis en est le prince Le roi des hooligans et peut-être du monde Et tout le monde s’écrase quand il montre ses biceps. Sur la verte pelouse transformée en arène Quelques pieds nickelés s’amusent à la baballe, Les poings serrés de haine et les regards déments, Unie pour un instant en une noble cause, La foule déverse...
Nous préservons tous tant bien que mal, avec plus ou moins de discrétion, un peu de l’enfant que nous étions… c’est notre part de naïveté et d’émerveillement, de fraîcheur et de spontanéité, de rire pour un rien et de pleurs quand le petit chat est mort. C’est vrai même pour les plus austères, les plus sévères, même pour les monstres, même pour Poutine qui joue à la guerre pour de vrai comme il jouait aux cosaques et aux voleurs. C’est aussi notre part de cruauté gratuite, celle des garnements qui arrachent les ailes aux mouches, c’est parfois une douleur, une blessure béante qui jamais ne se referme....
La Chine est un pays colossal de 1,4 milliard d’habitants qui a inventé la poudre, la boussole et un tas d’autres choses très utiles comme l’administration et la Covid 19. À un cheveu près, une personne sur cinq qui marche sur cette planète est chinoise… c’est considérable pour un seul pays et cela demande un sens stratégique de joueur de go pour faire marcher du même pas un tel attelage… Ce milliard quatre de Chinois forme un peuple ingénieux, astucieux qui se lève de bonne heure pour aller bosser et mange tout ce qui est comestible en chemin… ils sont assez peu délicats et précautionneux, adaptés...
Les peuples ont les dirigeants qu’ils méritent… En Russie, Poutine dicte et les autres s’exécutent en faisant dans leur froc, c’est ce qu’on appelle une dictature. Nous, nous avons un peu plus de chance de vivre dans une démocratie avec une jolie devise en bannière, ça nous donne le droit de râler, d’élire des charlots et de râler encore plus. Il m’est plaisant de pouvoir râler à peu près librement comme je le fais ici, mais comme le soulignait Jean-Louis Barrault si la dictature c’est "ferme ta gueule", la démocratie c’est "cause toujours"… Il n’y a pas de quoi faire le malin : nos dirigeants...
(Photo par Andika Oky Arisandi)
La Science pourra toujours affirmer aux Chinois que les premiers humains étaient africains, ils lui riront au nez : le premier Homme était chinois et puis c’est tout, croyez ce que vous voulez... Alain Peyrefitte avait raison, "quand la Chine s'éveillera… le monde tremblera"… L’Empire du milieu est sorti de sa longue sieste dans les fumées d’opium pour redevenir le nombril du monde. Et quel monde ! Un monde qui court à sa perte par surchauffe en toute confiance dans ses moyens de s’en sortir : la Science trouvera bien une solution à tous nos problèmes… Vive l’insouciance...
Ils sont curieux tous ces artistes, ces politiciens, ces intellectuels, ces scientifiques, tous ces gens qui se détestent eux-mêmes et qui voudraient qu’on les aime… Oppenheimer et ses copains ont mis leurs capacités intellectuelles en commun pour nous fabriquer des bombes nucléaires capables de faire sauter vingt fois la planète et ils voudraient qu’on les aime… franchement, on se passerait volontiers de tant d’intelligence. Si c’est ça l’intelligence, on en préfèrerait un peu moins : même si la vie était un peu moins longue et confortable, mieux vaut encore la bêtise des animaux, elle tue aussi...
(Photo : Congrès Solvay - Bruxelles - 1927. Cherchez l’intruse au milieu de Max Planck (chapeau en main), Albert Einstein, Louis de Broglie, Paul Langevin, Niels Bohr, Erwin Schrödinger, Werner Heisenberg, etc…)
Les missiles qui pleuvent en Ukraine ont une forme de phallus en érection, c’est comme ça et pas autrement même si les féministes s’en offusquent… M algré les quelques consœurs de Marie Curie, la prédominance masculine parmi les scientifiques tarde à s’atténuer et cela se manifeste dans nos réalisations : nous sommes plus performants pour tout faire sauter et nettoyer par le vide que...
Que ce soit aux fées ou aux faits, il faut bien croire en quelque chose en ce bas monde, sinon, on reste couché et on attend que ça se passe. Et s’il nous faut croire en quelque chose de supérieur, on aura beau dire, la Science, c’est toujours mieux que la Religion. La prochaine fois que des Témoins de Jéhovah oseront venir à votre porte pour soutenir que la Science est une religion comme les autres, répondez-leur qu’ils ont du toupet pour l’affirmer haut et fort sans accepter la moindre remise en cause de leur dogme… un peu comme Poutine, finalement, même s’il s’en prend à eux : il ne supporte...
Il y a deux sortes de bestioles qui font quoi-quoi : les scientifiques et les grenouilles (- pas celles de bénitier)… La Science repose avant tout sur la curiosité, un puissant moteur pour les uns, un vilain défaut pour les autres. Après les offices religieux et les matchs de foot, elle est le troisième opium du peuple de nos weekends sous forme de documentaires à la télé. Les sciences n'échappent pas plus aux profiteurs que les religions traditionnelles ou le sport et elles ont, elles aussi, leurs grands prêtres. Les frères Bogdanov sont morts par manque de rigueur scientifique, mais il nous reste...
Ultras fatigay...
Chaque weekend, nos écrans nous abreuvent de sport et de showbiz jusqu’à plus soif… Vous vous retrouvez invité à rendre un culte aux dernières idoles en vogue, encombrantes mais toujours jeunes et belles… c’est le même mécanisme qu’emploient les religions avec leurs statues de saints et de saintes richement colorées et dorées à l’or fin. Dans ces spectacles, il faut toujours défendre les forts en place contre les appétits des plus faibles en espérant que les petits l’emportent. Je m'identifie et je m'oublie dans cette communion, dans quelque-chose qui réussit et qui est plus...
La télé reste allumée dans la grisaille pluvieuse d’un dimanche d’hiver. Si je regardais ces taches colorées tout au long de la journée, je pourrais m’abrutir avec les trois drogues qui s’y succèdent au pays de la laïcité : l’office religieux qui partage le corps du Christ, le sport assimilé au showbiz et les documentaires scientifiques… Les trois n’ont pas la même toxicité mais utilisent les mêmes leviers… Puisque nous sommes dimanche matin, vous aurez droit pour commencer à la plus dure des drogues, la religion addictive, impérieuse et si prétentieuse : je suis important puisque Dieu m’écoute...
"Le dire, c’est bien… mais le fer, c’est mieux" rigolait Bourvil à l’Âge de l'eau ferrugineuse … Depuis, nous savons bien dire mais nous savons peu faire… Progressivement et tant bien que mal, nous avons pu associer le dire et le faire durant des centaines de milliers d’années, nous avons pu ainsi agir sur notre évolution, faire évoluer notre rapport au monde. Les mêmes vertus d'humilité et d'honnêteté et les mêmes sentiments d’inquiétudes et de craintes qui nous ont fait rendre grâce à divers dieux pendant tous ces millénaires, nous conduisent à présent dans nos recherches scientifiques. Avant...