Page du 9 juin 2018 jour ensoleillé
Pendant une quinzaine de jours, je suis allé vérifier de l’autre côté des océans jusqu’au Mexique si le soleil brillait là-bas aussi et s’il finissait par se coucher. Eh bien c’était vrai, j’aurais pu m’en douter. Bien sûr, quand je ne serai plus là, le soleil continuera de se coucher sans moi, mais manifestement, ce sera pour rien, n’est-ce pas ? D’ici, précisément de là où je me trouve, il n’y a que moi pour trouver beau le soleil qui se lève ou se couche, j’en suis l’unique bénéficiaire. La tâche qui subsiste après l’avoir fixé est l’œil qui ouvre le passage, l’œil du silence, y plonger vous éblouit. Du coup, j’ai l’inquiétante sensation de n’être plus qu’une loupiotte fragile et vacillante dans la nuit noire du néant. Est-ce que l'homme qui habite cette planète en poète mesure l'espace entre ciel et terre ? Sans moi, tout disparaîtrait donc ? À ma mort, en abaissant une dernière fois le rideau, j’éteindrais tout un univers ! Chaque fois unique est la fin du monde. Aucune douleur n’est sans doute comparable à une autre. Quelle responsabilité d’un coup, d’un seul sur mes épaules ! Il revient à chacun de payer sans discuter le prix de la beauté des choses, de laisser une trace et un mode d’emploi pour reconstruire un nouveau monde qui tienne la route.