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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 31 décembre 2023, jour de lynchage...

Denis Vallier
(Dessin de Glon)

(Dessin de Glon)

Dans le bruit et la fureur de ce monde secoué, j’ai beau m’efforcer d’ouvrir grand mes petits yeux, je dois avouer que je n’y vois plus grand-chose : je distingue mal le futur qui pourtant est déjà là. Je le savais,  je n’aurais pas dû nettoyer mes lunettes avec le gras du jambon… Les autres nations nous regardent stupéfaites en se demandant ce qui nous arrive… comme si nous n’avions pas d’autres préoccupations que les âneries de Depardieu... Au train où évoluent nos mœurs, il me devient de plus en plus difficile d’imaginer où l’on va.  Le futur parle à chacun de nous, mais le problème c’est que souvent, il manque de souffle et est sans doute très différent de ce que je peux imaginer. Je reconnais imaginer stupidement que dans de multiples occasions, mon passé a bien plus d’avenir que mon futur et que je me suis ringardisé de moi-même en me faisant larguer par les féministes les plus extrêmes : à ce que j’en ai compris, elles veulent me castrer au nom de l’égalité homme-femme. Je ne dois pas être le seul dans ce cas, mais cela ne nous empêche pas les uns et les autres de donner notre avis sur tout et n’importe quoi. Voyez l’affaire Depardieu devenue plus urgente que les hécatombes de Gaza ou d’Ukraine… chacun y va de son commentaire.

N’étant pas juge, je me refuse de le juger. Comme tout le monde, je n’étais pas dans leur lit avec les plaignantes et lui : je ne sais pas ce qui s’y est passé et ce qui s’y est dit. Manifestement, certains et surtout certaines prennent leur pied à le lyncher sans rien en savoir en sautant sur l’occasion pour transformer tout cela en conflit de générations et en n’hésitant pas à jeter la première pierre sur le symbole grotesque… Haro sur le vieux lion blessé et tous les vieux croûtons derrière lui! Quand eux-mêmes ne seraient pas sans reproche, ils maudissent les dépravations de l’homme et comme c’est un homme célèbre, ils s’attaquent à sa célébrité. C’est un peu facile : pour faire le buzz, ça fait le buzz et c’est bien plus aisé que de s’en prendre aux atrocités autrement féroces faites aux femmes par les Talibans. Pourquoi ce traitement de faveur ? Quand on y regarde mieux, contrairement à ce que disent les lyncheurs, c’est à l’artiste qu’ils en veulent en s’attaquant à l’homme. Ils lui reprochent indirectement toutes ses vertus : son excès de talent, de force, voire de génie autant de choses qui ne leur viendraient pas à l’esprit de reprocher à leur boulanger ou à leur boucher violeurs multirécidivistes.

C’est cette force des artistes qui motive la censure et inquiétait déjà au temps de Platon et à travers lui, de Socrate. Socrate en voulait à l’artiste à cause de son pouvoir de conviction, à cause de la singularité d’un olibrius qui pourrait mettre en danger le bien commun et l’équilibre de la cité, fruit d’un long labeur patiemment obtenu par essai et erreur. En quelque sorte, comme Socrate et Platon, certains censeurs actuels préfèreraient qu’être poète ou artiste demeure dans le domaine de l’intime et que ces zozos ferment leur grande gueule en public.

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