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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 4 janvier 2024, jour de Pinard...

Denis Vallier
(Photo de Bobby Kostadinov)

(Photo de Bobby Kostadinov)

Qui veut noyer son Depardieu l’accuse de la rage… Je défends l’animal au risque de passer auprès de mes amies féministes pour ce que je ne suis pas. Du coup, certaines n’hésiteront pas à considérer mes propos comme des âneries mais peu m’importe, j’accepte volontiers que l’on me mette en boîte : ça me ramène à ma condition humaine et cela me rappelle notre destinée commune… Au moment où nous lapidons allègrement Depardieu comme une femme adultère iranienne, je constate que, systématiquement, l’exclusion du monstre va de pair avec la reconnaissance du talent de l’artiste même si la polémique bien franchouillarde qu’il occasionne, n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des malheurs du monde, à peine un petit pet dans un ouragan...

Les vrais, les grands censeurs, savent reconnaître le talent quand ils le croisent. Ils sont donc capables d’une grande finesse et d’une sensibilité aiguisée à condition qu’elle ne vire pas à la paranoïa. L’histoire se répète car ce fut déjà le cas du procureur Eugène Pinard qui plaida pour faire condamner "Madame Bovary" dans le procès fait à Flaubert en 1857 après la parution de son feuilleton sorti l’année précédente (- cet inquisiteur inscrivit également Baudelaire à son palmarès). Autant de Français, autant de Pinard : dans son intéressante plaidoirie dont je recommande la lecture, il ne cessa de reconnaître le grand talent de l’auteur. Il lui reprocha en substance non seulement de représenter des peintures lascives, de stigmatiser les souillures du mariage et les désillusions de l’adultère (- alors qu’il aurait dû faire l’inverse), mais surtout de l’écrire avec génie ce qui était franchement intolérable, inadmissible, monstrueux !

Ce que je trouve d’intéressant dans ce réquisitoire, c’est que Pinard fit preuve d’une remarquable perspicacité dans l’analyse du travail de Flaubert à tel point qu’il permet de le voir encore de nos jours sous un éclairage original pour qui veut profiter pleinement de ce chef-d’œuvre. Il se concentra particulièrement sur quatre passages et les condamna sous prétexte "d’outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs". L’ouvrage de Flaubert est sorti dans un premier temps sous forme de feuilleton, je prendrai donc grand plaisir à dérouler la suite de cette chronique judiciaire demain en attribuant le rôle de Madame Bovary à Depardieu : le bougre en est bien capable…

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