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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 30 avril 2024, jour décisif...

Denis Vallier
(Illustration par Petry & Crisan)

(Illustration par Petry & Crisan)

Nous ne sommes pas très regardants quand il s’agit d’oseille, de fric ou de pèze, on se le met dans la poche quand l’occasion fait le larron. Depuis toujours l’argent sale ressort des égouts au bénéfice de notre économie et personne ne s’en plaint. Et puis voici que, curieusement, nous nous décidons enfin à nous doter d’un Parquet spécialisé dans la lutte contre les narcotrafiquants… Que se passe-t-il ? Songerions-nous à affaiblir la concurrence pour dépénaliser le cannabis et récupérer le pactole de la TVA ? Mieux vaut tard que jamais me direz-vous, mais pourquoi ne l’avons-nous pas fait plus tôt ?… Le problème est pourtant vieux comme le monde ou au moins comme Sisyphe roulant ses joints et son rocher, mais sans doute que, jusqu’ici, nous n’avions pas intérêt à donner trop de coups de pied dans la fourmilière.

Notre société a toujours eu deux faces et jusqu’à il y a peu, les mafias étaient certes des pieuvres parasites qui faisaient couler le sang pour de l’argent, mais en même temps, elles empêchaient le pays de sombrer dans le chaos car elles maintenaient sans pitié leur ordre particulier ce qui limitait la prolifération du mal… Elles avaient même un code de l’honneur qui pouvait rendre ces crapules fréquentables voire sympathiques comme dans les films avec Blier ou Ventura. On n’était pas loin de les considérer d’utilité publique : sans ces voyous à l’ancienne, le désordre était inévitable et l’Etat était carrément complice du temps de Pasqua !

Mais la donne a changé : les vieux truands ont cédé la place à de nouveaux-venus aux dents longues. Le problème, c’est que ces trafiquants sont devenus tout-à-fait imprévisibles et ingérables comme tant de nos jeunes. Ce sont des nihilistes à l’espérance de vie réduite qui ne manquent ni de sens de l’organisation, d’imagination ou de courage, mais qui sont également sans tabou ni limite : ils font du grand n’importe quoi où s’imbriquent les trafics de drogues, d’armes et d’humains avec d’épineux problèmes de communautarisme et de religion qui déstabilisent la vie de leurs quartiers. Après eux le déluge de feu… Comme trop, c’est trop, l’Etat, n’y trouvant plus son intérêt économique et politique, ne pouvait qu’intervenir pour calmer le jeu… Je souhaite donc bien du courage à ce Parquet, en espérant qu’il saura remonter la pente et que ses planches ne seront pas trop savonneuses…

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