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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 6 avril 2024, jour sur une île...

Denis Vallier
(Photo d’André Alessio)

(Photo d’André Alessio)

Une île… Rêve d’île à tire d’ailes… Si seulement une île…. Une île déserte sous les tropiques, les cocotiers, le sable fin, le hamac qui se balance… Robinson seul sur son île… Robinson, si seul, si seul, si seulement tu avais cru Zoé !... Elle t’avait pourtant prévenu : impossible de poser le pied sur une île déserte puisque dès que tu y poses le pied, elle n’est plus déserte et tu te retrouves avec toi-même… Double naufrage… Privé de désert, le Robinson !

Si j’avais passé toute une vie de Robinson à dévisager les nuages, à laisser filer le sable entre mes doigts, à manger des noix de coco, seul sur mon île, je n'aurais même pas imaginé que je pourrais mourir un jour, en aurais-je été plus heureux pour autant ? Le monde, la vie, la mort, tout cela peut-il avoir un sens quand l'individu, rationnel ou non, est isolé ? L’individu isolé devient le monde à lui tout seul avec une large vue sur le vide. En attendant Godot, il ne peut s’interroger que sur la présence de l'absence qui ni ne vit, ni ne meurt. À quoi rêve Robinson ? Aux autres ? L’isolement vous habitue à ne penser que comme vous, mais peut-on appeler ça penser ? Que peut donc se dire Robinson ? "Avant de casser la croûte en me gavant de noix de coco, il faut d’abord casser la croûte"? Ou bien, "Je sens, donc je suis" ? Percevoir suffit-il pour penser que l’on pense ?

Comment encore penser quand on est seul toute sa vie ? Penser, c’est proposer des différences à soi-même, c’est prendre du volume parmi les autres. S'il n'y avait personne à qui dire "je pense", on ne penserait pas, on imploserait dans son vide. On ne peut pas être différent tout seul, cela va de soi, même si, au final, l'important n'est pas d'être différent des autres, c’est d'être différent de soi un peu plus chaque jour. Quand l’écart ne s’oppose plus à la norme, il la maintient ensemble, bien serrée dans le troupeau.

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