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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 2 mai 2024, jour de libre pensée...

Denis Vallier
(Illustration par Akatre)

(Illustration par Akatre)

Les idées fusent à leur guise, les rêves volent en liberté, qui ne souhaite et espère une libre pensée ? "Libre penseur"… quel titre de noblesse ! Et pourtant, certains s’en passent volontairement… "Entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit." C’est ce que soutenait Henri Lacordaire au milieu du 19ème siècle. Même si ce prêtre avait bonne vue, il plia sous la poigne du Pape et rejeta ses convictions tout en étant un précurseur de la laïcité et, initialement, un défenseur de la liberté de conscience et d’expression. Qui était-il ? Un être humain ? Être  humain, c’est ne pas s'incliner servilement devant la loi comme ce n’est pas dans les efforts que l’on fait pour être aimé que l’on est aimable... Pour être soi, il faut se projeter audacieusement dans ce qui est inconnu.

C’est d’ailleurs ce qu’aurait ardemment défendu Gilles de Rais qui s'abandonnait à ses plaisirs sadiques dans l'espoir de rencontrer le Diable… Laissons-le dire lui-aussi, car "Libre pensée" ne signifie pas non plus divagation, mais plutôt l'acceptation lucide des règles qui permettent l’épanouissement individuel et le rejet de celles qui le dénient. La loi est certes nécessaire pour vivre ensemble, il est difficile de le nier, mais c’est à condition de donner sans arrêt des coups de pieds dedans pour éviter qu'elle se calcifie et bouche nos artères. On a besoin d’une loi vivante perpétuellement remise en question, au lieu de ce monstrueux fatras de strates que les siècles accumulent.

La loi est dure mais elle est ancienne : déjà, l’Empire Romain interdisait les tatouages pour éviter les particularismes  L’idée derrière ce dictat bizarre qui concernait chaque individu était de fédérer les tribus en une seule nation pour faire société… mais interdire ainsi une mode, c’est déjà reconnaître sa défaite ! Question de mode, savez-vous qu’en France, les femmes n’ont toujours pas le droit de porter de pantalon, sauf si elles tiennent par la main un guidon de bicyclette ou les rênes d'un cheval ? C’est absurde n’est-ce pas ?… mais c’est la loi ! Qu’elles ne s’en plaignent pas, la loi les protège : il est également interdit de brûler un pantalon pendant qu'il est porté par une femme. Au Royaume Uni, ce n’est pas mieux : il est légal de tuer un écossais dans la ville de York s'il porte un arc et des flèches et aux Etats-Unis, voyez-vous, il est interdit de forniquer avec un porc-épic… etc… etc…

(Illustration par Akatre)

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