Page du 24 octobre 2023, jour massacrant...

(Gribouillis de Roland Barthes)

Je déverse ici mes pensées et c’est un excellent moyen pour les mettre à plat. Ensuite, vous en faites ce que vous voulez, vous pouvez en picorer à votre guise et tant mieux si vous y trouvez du grain à moudre. Vous pouvez tout aussi bien balayer ces miettes d’un revers de main, je ne m’en offusquerai pas car en aucune manière, je ne souhaite en faire des vérités. D’autant plus qu’elles n’ont rien d’originales car depuis que je m’imagine l’avoir compris, je m’exerce à deviner quel aurait été le point de vue de Roland Barthes devant le fatras d’informations quotidiennes et de gadgets qui nous submergent chaque jour. Qu’aurait-il pensé de nos portables, de nos montres connectées, de la haute finance, de l’IA, de la pandémie de Covid 19,  de la guerre en Ukraine ou bien de ces horreurs terrifiantes entre Israël et le Hamas ? Cela m’aide à me faire ma petite idée. Ainsi, je m’étonne moins de la sidération et du traumatisme du peuple israélien qui s’était habitué à dormir sous un volcan ni de la surprise de ses services secrets devant l’épouvantable agression terroriste qu’ils ont subie. Il y en a peut-être d’autres, mais je ne vois que deux alternatives : ou, contrairement à leur réputation, le Mossad, le Shin Beth et l’AMAN ne forment qu’une bande d’incapables, ou "cette heureuse poignée d’hommes, ces frères d’armes" dignes de Shakespeare, sont des criminels machiavéliques qui étaient au courant et on laissé faire pour avoir enfin l’occasion de régler son compte "définitivement" à l’ennemi au prix de leur propre sang. Dans ce cas, ils oublieraient que tuer ce qui est déjà mort n’est guère aisé… Mais comme dirait Rocard ou le rasoir d’Ockham, mieux vaut privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot : la connerie est fréquente tandis que le complot exige un esprit rare…

Barthes m’aide à comprendre de quelle manière les Israéliens ont été les premières victimes de leur propre propagande. Elle leur attribue une invulnérabilité et une supériorité militaire et intellectuelle indéniable… n’est-ce pas ? Par les éléments de langage, les discours, les images, les films et les séries, c’est-à-dire toute une mythologie, les dirigeants israéliens ont progressivement déshumanisé l’ennemi, en ont fait des moins que rien dont la vie vaut mille fois moins que la leur et cela vous autorise à tout vous permettre en toute impunité dans le plus grand mépris des résolutions internationales et de l’avis des animaux d’en face. Quand on échange la vie d’un seul de vos hommes contre mille des autres, c’est sacrément humiliant. Si à longueur de temps, on vous endort en vous berçant d’illusions, en vous gavant d’éléments de langage et d’images, en vous affirmant que vous êtes dans votre bon droit même quand vous commettez les pires actions et que votre modèle est le meilleur au monde, comment pouvez-vous prendre du recul et retrouver le sens des réalité ?

Tsahal nous prépare au massacre… Incapables de distinguer le Hamas de la masse, ils vont taper dans le tas en comptant sur Dieu pour reconnaître les siens… Quand l’invraisemblable et l’absurdité deviennent la doxa, vos propres atrocités vous paraissent la norme, vous vous appuyez sur votre bon droit et, en toute bonne conscience, vous dormez sur vos deux oreilles. Mais un jour ou l’autre, inexorablement, la réalité vous rattrape et il faut en payer le prix. Qu’il y a-t-il d’étonnant à cela ? Ainsi, le point de vue qu’aurait adopté Barthe a pour mérite, en tout cas à mes yeux, de me les ouvrir sur une autre façon de percevoir le monde même si cela ne règle en rien nos problèmes insolubles… Par contre je m’attends à me faire traiter d’antisémite et de traître par les quelques amis sionistes qui me restent... c’est dans leur logique biaisée. Pour justifier par avance toutes les atrocités qui vont être commises, ils vont m’opposer la menace mortelle qui pèse sur eux dont on vient d’avoir un échantillon sordide, l’abomination de l’ennemi et leur droit de se défendre comme si je n’en avais pas une conscience claire… Mais quand de toutes parts on sème le vent, se récoltent les tempêtes : la violence amène la violence et la haine appelle la haine.