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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 3 octobre 2023, jour culturel...

Denis Vallier
(Sunday breakfast - Photo de Tatyana Tomsickova)

(Sunday breakfast - Photo de Tatyana Tomsickova)

"On peut vivre sans richesse, presque sans le sou"… Je remercie Bourvil de faire partie de notre culture… La culture, c’est la tendresse d’une société, elle ne peut vivre sans : elle ne saurait être humaine et ne serait qu’une collection d’individus juxtaposés aux cerveaux reptiliens en surchauffe… Nous ne sommes pas les seuls sur terre à éduquer notre progéniture et à nous transmettre une culture adaptée aux conditions de vie puisque de nombreux animaux le font eux aussi, mais, dans nos sociétés devenues sophistiquées et considérables, on ne pourrait plus s’en passer pour prendre le pas sur nos bas instincts. Notre culture est le produit de tout un ensemble et malgré l’information omniprésente et mondialisée, elle dépend encore en premier lieu de notre milieu, ce mélange géographique, linguistique, social, religieux et politique qui est propre à chaque communauté. Or, la culture ne peut apparaître et prospérer que dans la vie réelle et non en se revêtant  d’un uniforme virtuel, mensonger et stérile, reproduit à l’infini par les écrans des machines…

Dans notre milieu actuel déjà fortement numérisé et mondialisé, nos enfants n’ont plus besoin d’apprendre ou de retenir quoi que ce soit, même plus les rudiments de nos cultures, puisque tout est à leur disposition dans leurs portables sous leurs doigts agiles. Le problème, comme dit JC mon frangin, c’est que si on ignore que les choses existent, comment savoir quoi chercher ? Effectivement, "qui n’a pas d’objectif ne risque pas de les atteindre" d’après l’Art de la guerre qu’enseignait Sun Tzu de longue date.  À l’ère des algorithmes, de ChatGPT et de l’intelligence artificielle, autant ces outils peuvent être utiles à l’érudit, autant ce carcan numérisé peut nuire à l’inculte et se renforcer si nous n’y prenons garde. Si ce n’est déjà fait, les plus ignares deviendraient alors des sortes de perroquets, des philistins égarés dans notre siècle, de grands bavards qui péroreraient sans véritable savoir sur tout et son contraire… L’uniformisation numérique risque de nous métamorphoser en des sortes de mémorandum sur pattes de mille impressions de seconde main, et comme monoculture, nous n’aurons plus que celle de brillantes fleurs artificielles pour les plus remarquables, mais répétitives et produites en séries sans tige ni racines.

Une culture véritable ne saurait être un concentré de poncifs et de poussière de musée mouliné par les machines : elle ne peut être qu’éternellement jeune, dynamique, constamment renouvelée, indépendante, créative, belle et rebelle, lumineuse ou ténébreuse, peu importe, mais en tout cas, une remise en cause permanente de notre classicisme et d’elle-même. Une culture, c’est de la vie qui veut s’éclater mêlée à la nature, un maelstrom de formes anciennes bigarrées et d’idées nouvelles exotiques pour que l’on s’y plonge et s’y retrouve dans un retour sur nous-même et non un vernis décoratif qui se contenterait de rabâcher, d’imiter, de reformuler indéfiniment, de réapprendre sans fin. Notre jeunesse se doit de donner un coup de pied dans la fourmilière numérique : nous en avons besoin pour qu’elle nous botte les fesses et nous fasse avancer en nous poussant vers une conscience qui parle haut et clair. Cela nous permettrait de dire "je vis donc je pense, donnez-moi de la vie et je vous abreuverai de culture"… Mais, cherchez l’erreur ! Pour le moins, ce n’est pas le chemin que nous prenons… dans ce naufrage collectif, on colmatera, mais on ne changera pas foncièrement les choses.

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