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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 5 octobre 2023, jour dans la machine...

Denis Vallier

À en croire les croyants, un Dieu ou ce qui en tient lieu aurait créé le monde… c’est simple et ça ne mange pas de pain azyme, et puis là-dessus, les humains ont créé la machine chargée de régler tous leurs problèmes, de répondre à toutes leurs questions et la machine est en train de créer un dieu… Nos héros antiques de l’Olympe ou du Walhalla sont devenus Mickey et Elon Musk… Pour James Joyce, l’Histoire était un cauchemar dont il essayait de se réveiller… Dites-moi que je rêve !…  Notre modernité matérialiste se coupe de son passé et de sa spiritualité, en se dotant d’une mythologie en plastique de piètre qualité pour compenser mais ensuite, il faut assumer… On trouve des bombes anti mystiques dans toutes les grandes surfaces par contre, se débarrasser de nos vieilles lubies, est plus facile à dire qu’à faire.

La rupture avec toute nouvelle mythologie qui m’est propre n’est pas plus évidente que d’y souscrire car elle définit un écart avec le romantisme mais aussi avec la littérature même. Comment, désormais, l’imaginaire en général et le mien en particulier, peut-il rendre compte du symbolique, du lien, ou du sens si je ne suis rattaché à aucune mythologie de qualité ? Comment m’approprier une identité originale dans le vivre ensemble ? Par la poésie ? Les arts ? Les réseaux sociaux ? Nous rions sur les mêmes vidéos de chats, nous uniformisons nos propos dans la même langue, dans les mêmes formulations, nous nous satisfaisons des mêmes mots toujours plus rares : déjà, nous parlons de plus en plus en anglais de caniveau (- et il serait vraiment regrettable que la majorité de l’humanité regroupée en une Unanimité ne parle plus que cette langue minable)…

Vous allez me dire que mes soucis sont vagues et fumeux comme ceux des gosses de riches et vous n’auriez pas tort. Ce que j’essaie de dire (- et de poser comme problématique) est la chose suivante : mon écriture, comme je l’envisage, semble supposer un changement d’époque (- et pour parler de façon hyperbolique, la fin de l’Histoire) et, en ce sens, elle s’oppose à notre uniformisation qui va même plus loin que l’avènement du communisme (- ce dernier étant encore reconnu par les quelques derniers Mohicans comme suprême ne laisse rien en paix : le communisme va toujours plus loin que le communisme et pourtant, il est battu, et de loin, par les élucubrations de la Silicon Valley…). J’ai l’impression de m’isoler par cet écart et pourtant, nous sommes nombreux à nous demander comment agir tout seul dans notre coin sous la pression de la masse ? Seuls, désarticulés, détachés de tout en ces temps modernes, il devrait quand même être plus facile de se glisser souplement entre les dents de la machine comme un Charlot mais l’écriture devient alors une responsabilité inquiétante… Ne ferais-je pas mieux de garder tout ça pour moi ? Surtout, évitez de me répondre…

(Photo : Charlie Chaplin dans Les Temps Modernes…)

(Photo : Charlie Chaplin dans Les Temps Modernes…)

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