Page du 11 janvier 2024, jour de Poutine...

Avec GéGé, on décortique l’actualité un verre à la main et on ne parle pas que du temps qu’il fait mais c’est sûr, il n’était pas à jeun quand il a repris à tue-tête un air d’un autre siècle - " Si tous les tyrans du monde devenaient de bons copains, et marchaient main dans la main, le malheur serait pour demain…"

Mon copain me fait remarquer que la montée des régimes totalitaires semble inexorable et que nous aurons du mal à y échapper malgré les talents du jeune Atal. Il redémarre avec sa chanson et rajoute que les tyrans feraient une ronde en se donnant la main et rigoleraient jusqu’au matin, qu’ils chanteraient et trinqueraient aux lendemains et à l’apocalypse qui anéantirait toute vie ayant l’audace de prétendre leur survivre. Je lui réponds qu’on ne nait pas tyran, qu’on le devient, que ce sont les circonstances qui vous font et que les circonstances c’est nous qui les provoquons. Et le voilà reparti avec la voix d’Arletty : "Circonstance, circonstance ! Est-ce que j’ai une gueule de circonstance ?"

Je lui précise que les dictateurs sont souvent des petits teigneux qui puisent dans les vexations de leur enfance une haine insatiable et que par exemple, Poutine est de ceux-là. Il réclame les anciens territoires qu’on lui a soi-disant volés et sa part de gloire perdue. Il me répond que les Canadiens en mangent tous les matins mais que chez nous, ils sont nombreux à voir en la Russie la dernière forteresse de la Chrétienté contre l’Islam, il rajoute que nos collabos feraient bien de se méfier : quand on règne par la terreur, on a peur de son ombre et ce tsar parano est dangereux, il a mis entre les mains de sa maffia plusieurs milliers de têtes nucléaires… J’enchaîne en lui répondant que ce saint homme au départ est redevenu une bête en s’organisant bien trop longtemps autour de son pouvoir absolu ce qui lui a supprimé toute empathie sinon il ne pourrait plus dormir, après lui, le déluge. Il n’y a pas de saint au royaume des animaux, il n’y a que des proies à déchiqueter. Ce fauve marche délibérément vers le néant de sa démarche de cow-boy. Tu as vu comme il marche ? Un bras fixe prêt à dégainer et l’autre qui balance en cadence. Il a provoqué une guerre de famille avec l’Ukraine parce qu’il n’a jamais digéré la chute de l’Empire Soviétique et à la guerre, soit on y grandit vite, soit on y reste mais peu lui importe : les mères des soldats russes tués au combat par dizaines de milliers sont achetées pour taire leur douleur… Mon GG ne répond pas, cette boule de tendresse se mure dans le silence, l’absurdité lui cloue le bec, ça le rend malade… et je ne trouve pas de remède.