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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 19 janvier 2024, jour du plastinateur...

Denis Vallier
(Photo: exposition "Our Body" par Gunther von Hagens)

(Photo: exposition "Our Body" par Gunther von Hagens)

Ouf ! On a eu chaud, on aurait pu se farcir Hanouna à la Culture… merci Dati, finalement ! Il m’arrive de vouloir vérifier que je ne suis pas dans un mauvais rêve en regardant son émission mais je ne tiens pas plus de deux-trois minutes en apnée tellement elle pue. Je ne sais comment il est en privé, mais plus ça va, moins je supporte le personnage public qu’il nous impose. Au nom de la liberté d’expression, peut-on tolérer encore longtemps l’intolérance de ce gougnafier mêlant vulgarité et obscénité ? Il est la voix du grand malade qui le paye, mais c’est toujours une affaire de limites… A priori, je déteste la censure, elle est trop souvent criminelle, mais, elle peut aussi être salvatrice quand l’ignominie prétend devenir la norme.

En ridiculisant ses invités, Hanouna me rappelle immanquablement "Our body", une exposition itinérante des années 2000 mettant en scène des cadavres dépecés de supposés condamnés à mort chinois après les avoir plastifiés et mis dans les situations les plus ordinaires avec imagination… Bien sûr, les temps changent et nos regards les suivent, mais que penser des "œuvres "de ce Gunther von Hagens, médecin "plastinateur " ? Elles furent censurées… Depuis la première exposition à Tokyo en 1995, 44 millions de personnes l’ont vue de par le monde… On peut trouver là l’exhibition d’un art comme preuve de son indépendance et de sa liberté, mais quelle est l’intention sous-jacente ? N’est-ce pas plutôt une sorte de contre-censure qui en devient une et qui vous dit "vous n’avez pas le choix de regarder autre chose ou bien fermez les yeux et passez votre chemin" ? C’est du même ordre que les émissions ordurières qui pourrissent nos écrans à l’heure actuelle.

Rien n’oblige notre régime (- qui est un régime de liberté de conscience, de liberté d’expression) à accorder un chèque en blanc à l’artiste en acceptant tout et n’importe quoi. Hanouna et cette exposition d’une morbidité on ne peut plus obscène, nous dérangent profondément : certes, la mort fait partie de la vie et donc de l’art, mais choquer pour choquer mérite un retour de manivelle. Après avoir été déconseillée pour les établissements publics par le Comité d’éthique, cette expo a circulé en France, en particulier à Marseille et à Lyon avec un beau succès commercial avant de se voir interdite à Paris. Un tribunal s’est opposé à ce qu’elle soit montrée même dans un lieu privé. Officiellement, c’était en raison de la provenance incertaine des corps mais en fait c’était plutôt à cause d’une atteinte à la dignité humaine qui n’était pas de l’ordre de la loi. Les cadavres jouent au foot, au strip-poker, font l’amour… Le juge a estimé que c’était une "violation du respect qui leur était dû" car "le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort" selon ses dires…

Sous couvert d’un pseudo intérêt scientifique, d’un intérêt esthétique des plus limité, une vulgarité sans nom dégrade ainsi les personnes que furent ces cadavres : qui souhaiterait qu’un proche, toujours aussi cher à son cœur, soit ainsi ridiculement exhibé pour faire de l’argent ? Cette décision du tribunal fut-elle légitime ou était-ce une intolérable censure ? Devons-nous laisser Hanouna détruire les liens sociaux qui nous unissent ou lui couper l’antenne ?

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