Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 20 janvier 2024, jour du Cavaliere...

Denis Vallier
(Peinture : Tiepolo, "la Vérité dévoilée par le Temps" -1743)

(Peinture : Tiepolo, "la Vérité dévoilée par le Temps" -1743)

Dans les années 70, les femmes avaient pris pour une libération le fait de pouvoir, tout comme les hommes, se promener librement torse nu sur une plage sans que cela ne suscite réprobation ou émeute. Submergé par le nombre de seins, le regard des mâles s’y étaient progressivement habitué et y prêtait une attention de moins en moins soutenue. Entre temps, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais sous diverses influences (- religieuses entre autres) les seins sont retournés en cage au profit des fesses les plus généreuses qui se sont fendues d’un string. Depuis, on s’est réveillé avec la gueule de bois et la pudibonderie hypocrite du Tartuffe de Molière. Du coup tu te retrouves interdit sur FB au moindre téton s’il n’est pas en peinture ou en sculpture.

Malgré toutes ses frasques, Silvio Berlusconi non plus ne voyait pas ses seins d’un très bon œil… Il est vrai que son rapport à la vérité était particulier : en 2008, en défenseur très occasionnel de la décence, il eut le toupet de faire cacher à coups de pinceau, un sein tout mignon, tout rond, que ne sauraient voir ses électeurs. Heureusement, ce n’était que sur la reproduction du tableau de Tiepolo, "la Vérité dévoilée par le Temps" (1743) servant de toile de fond dans la salle de presse de la présidence du Conseil italien. Malgré tout, La Repubblica rapporta qu’il s’est attiré les foudres des historiens d’art. Même le Vatican réprouva la censure : "Qui pourrait se sentir offensé face à la Vérité nue de Tiepolo ? C’est une sottise absolue". Si le Vatican l’a dit après des siècles de détournement de la censure par les plus brillants artistes, c’est que cela doit être vrai…

C’était pourtant une image symbolique choisie par Berlusconi lui-même pour orner le mur de la salle de presse du Palais Chigi à Rome. Et ce fut une décision lourde de sous-entendu quand on étudie la structure du tableau ! Assis sur un tapis de nuages, un vieillard (- le Temps) tient dans ses bras une jeune femme dénudée (- la Vérité). Un miroir dans la main droite de la jeune femme reflète son corps vers un personnage (- le Mensonge hors du cadre sur cette image) qui se cache les yeux, incapable de regarder un tel spectacle... Hé hé ! Il y a de quoi rire quand on connaît le Berlusconi de notre époque. Motif invoqué par les services du "Cavaliere" ? La poitrine dénudée de la Vérité pourrait heurter la sensibilité des téléspectateurs !... Après 2000 ans de statues gréco-romaines, des siècles après la Renaissance, des années après la création de la télé Cinquo avec ses présentatrices pulpeuses comme les aimait le Cavaliere et un an avant ses dernières frasques avec une toute jeune italienne mineure qui ne faisait pas mentir le proverbe local "les belles poitrines n’attendent pas le nombre des années"… De toute façon, il y a prescription : qu’il repose en paix après avoir fait rire jaune les féministes.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires