Page du 23 janvier 2024, jour règlementaire...

(Dessin de la BD "Le rugby et ses règles")

Sur les terrains, l'arbitre, c’est le type différent des autres, le freluquet que l’on siffle, que l’on invite poliment à aller aux cabinets et qui applique des règles. Il règlemente une opposition, mais au final, à part les noms d’oiseaux, c’est la seule personne satisfaite par l'arrangement. Bien sûr, il nous en faut des règles, mais elles s’accumulent depuis des siècles. De nos jours, le tas est devenu monstrueux et on ne retire pas celles qui sont tout en-dessous. Je préfèrerais avoir un libre arbitre…. Le libre arbitre, est-ce celui qui applique librement de nouvelles règles ?

Dans les faits, les arbitres ne sont jamais libres, ce ne sont pas eux qui font les règles, ils sont toujours enfermés dans des rings ou des stades et leur fiabilité laisse à désirer, d’ailleurs, on commence à les remplacer par des machines. Chez les sportifs, seuls les vélos ont une roue libre, mais pour quoi faire sinon faire un tour et revenir au point de départ ? Ah… cette illusion rassurante du libre arbitre, comme elle a la vie dure ! Mais on comprend pourquoi, puisque c'est justement elle seule qui permet à nos conditionnements de s'imposer en douceur. Quand on y pense, la pire chose qui puisse arriver à une marionnette au bout de ses fils, c'est de voir les fils auxquels elle est attachée. Pour maintenir votre moral au beau fixe, ne levez pas les yeux… surtout, ne levez pas les yeux !

L’intuition intérieure de notre libre arbitre n'est pas une preuve suffisante de son existence réelle, loin de là. Et l'expérience externe du libre arbitre de quelques exceptions n'est sans doute pas plus déterminante. Je me sens parfaitement libre, mais j’ai quelques doutes : je dois me trimballer toute une collection de biais cognitifs et j’ai également l’impression d'être cerné de toutes parts. Peu importe puisque je me sens libre et c'est quand même ce qui compte et me permet de vivre gentiment.