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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 27 janvier 2024, jour d'Averroès...

Denis Vallier
(Photo de Billy Dee)

(Photo de Billy Dee)

À Cordoue l’espagnole, alors ville de l'empire des Almoravides au 12ème siècle, Averroès, eut quelques idées particulièrement originales. Par exemple, ce passionnant médecin-philosophe,  se représentait notre intellect comme n’appartenant pas en propre à l’individu et être unique pour toute l’espèce. C’était là une négation spectaculaire de la proposition "je pense" et la ruine de la rationalité.

Voici donc un exégète d’Aristote et du Coran qui soutient une thèse selon laquelle la pensée ne serait pas celle de l’individu, au point d’être une seule pensée qui traverse toute l’espèce humaine : ça pense en moi en passant par moi, que reste-t-il de moi ? Selon Averroès, ce ne sont donc pas les humains qui pensent mais la présence universelle d’une altérité en eux : chacun de nous serait pensé par une sorte d’Alien. Hé bé dite, ça en fait du monde là-dedans ! Vu ainsi, le monde continue à grandir et nous le nourrissons, mais lui, ne nous nourrit pas. Il nous traverse et ressort comme il est venu ni vu ni connu après s’être servi. N’attendons donc rien du monde, n’attendons pas de vivre, profitons de l’instant volatile, le temps ne fait que nous tuer.

Ses contemporains ne comprirent pas tous où voulait en venir ce bonhomme intelligent, loin de là… L’Islam l’accusa brutalement d’hérésie et pendant cinq cents ans, l’Europe s’offusquera de cette conception niant l’individu et l’immortalité avant que l’on s’y intéresse à nouveau pour finalement le considérer comme le père de la scolastique et un précurseur de la laïcité bien que Musulman. Effectivement, cette intuition-ci n’est pas sans intérêt, je la trouve même géniale par rapport à notre monde actuel composé d’individus juxtaposés dans un bain d’Intelligence Artificielle qui se mêle de tout en se substituant aux pressions religieuses… Bigre ! Que me voilà englué et désabusé sur ce réseau social... En grossière marionnette manipulée, aurais-je vu de nouvelles ficelles qui sifflent au-dessus de ma tête ? Je croyais bien les avoir dénombrées il y a maintenant quelques années de cela et j'avais alors naïvement voulu les couper, mais j'avais vite compris, pantin dérisoire que je suis, que couper les ficelles qui me soutiennent et me meuvent, c'était me retrouver en vrac à plat ventre en un tas de linge informe. Comme il est difficile de maintenir un espace de liberté dans l’enceinte de ce qui me limite malgré mon désir explosif de vouloir me réaliser pleinement !

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