Page du 26 avril 2024, jour avec Saint-Just et La Boétie...

"Pas de liberté pour les ennemis de la liberté" hurlait Louis Antoine Léon de Saint-Just, l’Archange de la Terreur… on l'a entendu et il a été guillotiné ! Nous autres Français sommes très contrariants… Une légende noire a ainsi terni l’inspirateur de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793 et de la Constitution de l’An I.  C’est que, du plus petit au plus grand, du crève-la-faim au polytechnicien, nous sommes des êtres profondément politiques et donc un mélimélo d’imbroglios. Dans la mêlée, chacun de nous aura une tendance naturelle à défendre ses intérêts mais de longue date nous nous sommes aperçu que si on le fait à plusieurs, nous sommes gagnants : chasser en groupe te rapportera plus de gibier que si tu y vas tout seul. Malgré cette évidence et selon Adam Smith, la recherche de l'intérêt particulier, concourt, par une sorte de magie, à l'intérêt général. Tu parles ! Ceux qui avaient intérêt ont réussi à imposer cette idée aux autres et on a abouti à la situation actuelle où l’intérêt général se trouve défini par l’intérêt des plus puissants et puis c’est tout. Ils sont une poignée et nous sommes des milliards mais c’est toujours les mêmes qui gagnent. À ce qu’ils voudraient nous faire croire, sauver le monde fait partie de leurs passe-temps favoris, mais c’est à condition, bien sûr, que cela ne diminue pas leurs profits.

Dans ces conditions, on pourrait se demander à juste titre comme La Boétie dans son extraordinaire "Discours de la servitude volontaire" de 1574 écrit à seize ans, pourquoi un peuple qui se définit par sa liberté aurait-il encore besoin d’un gouvernant lui imposant ses vues ?… Le peuple se veut à la fois résolument libre et en même temps, en situation de servitude… faudrait savoir ! Un minimum de cohérence serait la bienvenue. On ne le sait que trop, la réalité efface forcément l’illusoire liberté, malgré tout, il suffit de dire "non" à un tyran quelconque pour qu’il perde tout pouvoir.

Ce qui paraît souhaitable pour vivre ensemble sereinement et avantageusement, ce serait la sérénité d’accepter ce que l’on ne pourra jamais changer liée au courage de changer ce qui peut être changé et surtout, de disposer de la sagesse et du discernement suffisants pour faire la différence entre les deux. Acquérir cette maîtrise demande bien sûr quelques efforts mais ils sont, en général, si mal récompensés… À défaut d’ambition démesurée, se borner à ne pas trop emmerder ses voisins est déjà en soi un bel objectif plus facilement atteignable. Gloire donc à celui qui, ayant perdu tout idéal sacro-saint, se borne à ne pas emmerder ses voisins !