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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 16 février 2020 jour de discrimination positive.

Denis Vallier

      Pour atténuer nos problèmes de société actuels, certains préconisent la politique des quotas pratiquée, entre autres, aux Etats-Unis. Ils soutiennent que cela permet à la longue l’intégration dans la classe moyenne et supérieure d’une élite ethnique et que cela enclenchera un engrenage améliorant l’assimilation de ces communautés à l’écart. Cette politique se veut pragmatique et produit quelques résultats, Barack et Michelle Obama en sont de beaux exemples. Mais, à mes yeux, elle a un gros défaut : elle reste discriminante puisqu’on s’inscrit toujours dans un discours racial en voulant s’en extraire. Quand on intègre dans une entreprise ou dans un gouvernement des personnes issues des minorités ou bien des femmes parce que la loi ou des intérêts électoraux nous y obligent, subsiste le doute qu’elles ont été choisies non à cause de leur valeur ou de leurs compétences, mais, pour la bonne cause, en raison de leur sexe ou de leur couleur de peau. La promotion de la diversité ainsi menée ne nous éloigne-t-elle pas de la tolérance autant qu’elle y prétend ?

      Dans son excellent discours de campagne "De la race en Amérique", Barack Obama avait dit : "je suis le fils d’un homme noir du Kenya et d’une femme blanche du Kansas…/… J’ai des frères, des sœurs, des nièces, des neveux des oncles et des cousins, de toute race et de toute teinte, dispersés sur trois continents"… Obama vient de partout et il dit aux Américains au fond de leurs campagnes qu’ils sont prêts à sortir du discours sur la race en entrant dans celui de la diversité, de l’égalité et de l’unité. Bien souvent en mal mais parfois comme ici, en bien, les surprenants Américains ont systématiquement une longueur d’avance sur nous puisque pour l’occasion, ils l’ont écouté et l’ont élu. En passant, ils ont pris actes de leurs histoires différentes tout en adoptant des espoirs communs et c’est remarquable. Ils ont accepté la colère des victimes du racisme et l’ont intégrée politiquement pour en faire un enjeu d’égalité : il ne s’agissait toutefois pas de promouvoir les descendants des victimes au dépens des descendants des bourreaux dans un pays où les minorités n’ont aucun scrupules à valoriser comme telles les communautés qu’elles constituent, mais d’unir le peuple par un idéal supérieur de justice. Était-ce totalement conscient, ou orchestré par une habile manipulation médiatique, ou bien encore, un heureux concours de circonstances, toujours est-il que cela représente un bel effort. Bien sûr, Trump s’est empressé d’écraser tout cela sous sa semelle comme un mégot de cigare. Nous autres Français, dont la réputation de donneurs de leçons n’est plus à faire, pouvons en prendre de la graine : dans le Baron Noir, Kad Merad interprète un rôle de composition de politicien retors mais il n’est qu’un acteur. Il y a loin de la coupe aux lèvres.…

      Dans le cas d’handicapés, une dose de discrimination positive est appropriée à condition que ce soit au cas par cas, mais si l’on parle de race, de sexe, d’âge ou de statut social, elle n’a pas à se substituer à une discrimination négative : le problème se perpétue si la discrimination demeure. Ou bien, cela demandera que le républicanisme soit suffisamment critique pour faire un usage de la diversité qui ne soit pas essentialisant, qui ne soit pas racisant et qui de plus, soit orienté vers la promotion de l’égalité sociale. Il s’agirait alors de bien garder en mémoire que la discrimination positive ne serait qu’une arme temporaire pour lutter contre les discriminations injustes que subissent certaines catégories de citoyens dans une nation qui ne mérite pas son nom.

(Illustration : dessin de Chimulus)

(Illustration : dessin de Chimulus)

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