Souvent pénible, l'existence. Pesante, répétitive, monotone, lassante… Boulot, métro, dodo… Que de jérémiades les lundis matins ! Tout semble amer aux besogneux : le café, le dentifrice, la vie... Parfois une musique nous libère un instant de ce poids, un chant nous console. Un sourire aussi. Un reflet dans ses yeux, une complicité de cœur à cœur. Le corps alors s'allège de son fardeau et des frimas… Il est malheureux de perdre son temps à gagner sa vie. Je vous le clame haut et fort les amis, VIVE LA RETRAITE ! On semble revivre comme après la pluie. Mais quelle est cette « onde » ? Est-ce une...
Les étoiles, le ciel, le torrent, le vent, les dunes, les arbres… tout nous parle, mais nous ne savons plus écouter, nos oreilles bizarroïdes de primate n’y entendent goutte… Les arbres en particulier sont de grands bavards, ils ont vu tant de choses, ils ont tant à dire. Ils profitent du vent dans leurs feuilles pour nous raconter leur histoire, tout ce qu’ils ont sous l’écorce. Ils parlent avec une telle profondeur, une telle gravité, une telle lenteur que seuls les simples d’esprit peuvent les comprendre. De nos jours, hors les shamans en transe ou les fous, qui écoute encore le feuillement,...
Certains parmi nous ne lisent que très peu, voire plus du tout et c’est une tragique évolution pour nos sociétés... Mais c’est toujours mieux que de ne lire qu’un seul livre dans sa vie, toujours le même. Ceux qui le font le lisent, le relisent, l’apprennent par cœur. Ce sont les plus gravement atteints car ce livre est systématiquement religieux et ils croient tout ce qui y est inscrit sans restriction. Par exemple, certains en sont encore à s’imaginer qu’il ne peut y avoir de vie extraterrestre puisque leur livre n’en parle pas… L’Amérique avec ses lamas, ses condors, ses piranhas n’y est pas...
Qu’il soit nerveux, digestif, solaire, économique ou financier un système doit se réguler pour subsister. Et pour qu'un système se régule, il doit maîtriser ses flux énergétiques et d'information. C'est valable aussi bien pour un oiseau qui cherche à manger que pour un moteur de voiture, les circuits économiques ou le corps humain, etc... Si beaucoup de choses sont très aléatoires, cette tendance, par contre, ne doit rien au hasard. Mêmes si elles sont nombreuses à s'exprimer, les contraintes du milieu ambiant limitent les possibilités. Par exemple, la position de nos oreilles et leur forme plutôt...
On prête à Einstein d'avoir dit : « Ce qu'il y a de plus incompréhensible dans l'Univers, c'est qu'il soit compréhensible » . Soit il s’étonnait de ses propres capacités, soit il n’en revenait pas d’être là pour s’en étonner. Consolons-nous comme on peut : si on n’est pas de la trempe d’un Einstein et si on éprouve quelques difficultés à comprendre que l'Univers soit compréhensible, c'est peut-être qu'il ne l'est pas autant qu’il le dit... Il n'est même pas certain du tout qu'il le soit : selon la théorie de l'information de Shannon qui devrait étymologiquement nous former de l’intérieur, il est...
… « - Mais ce n’est pas possible, tu es inconscient ma parole ! Pauvre innocent, prend conscience de la situation ! Prend conscience de ce que tu es et de ce que tu fais ! Prend conscience de ta petitesse, de ta quasi insignifiance de virus à la surface d’un grain de sable.»… Conscience ? Conscience ? C’est lassant à force… parfois, j’en ai de trop… C’en est presque un défaut. Que faire de ce défaut ? À quoi ça sert ce travail d’un paquet de nerf atteint d’un syndrome de jouissance, cette monstrueuse verrue, cette « merveille » de l’Univers, le travail de cette douzaine d’acides aminés réunis par...
Chacun de nous se pense unique, mais ce n'est pas la pensée, c'est la réalité qui est unique. A quoi sert-il donc encore de penser de nos jours ? Le réel nous suffit. Le fait et la valeur ne font plus qu'un. Oui, c’est bien beau, mais le ou laquelle ? L’homme se demandera jusqu’à sa dernière heure où seraient les textes écrits par l'humanité s'il n'y avait eu matériellement un support à la pensée ? L’idée existerait-elle quelque part sans les êtres intelligents pour la formuler ? Le théorème de Pythagore existait-il au précambrien ?... Oui, diraient Platon et Woody Allen dans le même élan : « oui,...
Pop !
Se demander si la philosophie sert à quelque chose, se poser la question de sa pertinence, c’est déjà philosopher et cette mise en abîme est déjà par elle-même un début de réponse. En l’occurrence, elle ne sert à pas grand-chose tant qu’elle tourne autour de son nombril mais dès qu’elle échappe à son champ d’attraction, elle passe dans une autre dimension. Depuis des temps immémoriaux, de leur petite enfance à leur agonie et la plupart du temps sans s’en rendre compte, les humains ont philosophé en s’interrogeant seul ou collectivement sur telle ou telle observation, sur tel ou tel phénomène....
Nous ne sommes pas de purs esprits, il faut le dire et le répéter aux nouvelles générations sous perfusion de leurs écrans. La qualité de nos sensations demeure essentielle à une prise de conscience valide de la réalité tant celle-ci est trompeuse. La conscience n’est que l'interprète sensible de nos sens, ce qui fait qu’elle n'a rien de particulièrement prestigieux ou de transcendant : tous les animaux sensibles en disposent à des degrés divers ; nous nous en distinguons en très peu de choses. Sans les sens, donc le corps, la conscience ne serait qu'un espace aride et vide de sens, justement....
En me relisant, j’ai souvent l’impression d’avoir découvert l’eau chaude ou le fil à couper le beurre en enfonçant des portes ouvertes, mais certaines de mes idées m’obsèdent et en particulier l’image en abîme de mon propre cerveau se voyant en barquette sous cellophane sur l’étal d’un boucher de grande surface. Cette image d’abats passe et repasse en me traversant l’esprit au point de détériorer le produit… Si je voulais plagier Salvador Dali, je dirais que « la différence entre les surréalistes et moi, c’est que je suis surréaliste »… Incroyable ! Il y a des idées dans les abats ! Ahurissant...
Page du 18 juin 2018 jour en barquette de Monoprix
Quand elle s’attaque à un problème précis, l’intelligence se focalise sur un point, découpe en tranche la globalité et raisonne sur le morceau sélectionné. Dans le domaine étroit de la technique ou de la science elle fonctionne plutôt bien et donne des résultats fiables. Mais appliquées aux problèmes humains, globaux, c'est un massacre à la tronçonneuse, la misère existentielle en barquettes chez Monoprix... La nature, la vie, l’homme, sont déjà au départ une synthèse, vouloir en reconstituer une nouvelle artificiellement après dissection est un leurre, une chimère, une illusion, carrément une...
Photo d’Emilio Maglione
Nous sommes tant saturés d’informations qu’on en est à se demander s'il faut, une fois encore se résoudre aux limites que Kant dégage dans le procès de la connaissance par ces inKantations. Devons-nous renoncer à « la chose en soi » et nous contenter d’approximations? Que le monde ne nous soit accessible qu'en tant que phénomène nous porte devant la singularité de l'acte de toute connaissance. Si la conscience, se portant vers le monde, dissèque les faisceaux de la foultitude d’actes de connaissance, c'est qu'elle tente d'appréhender l'invisible par excellence, ce qui échappe...
Nous croyons découvrir du nouveau chaque jour alors que c’est lui qui nous trouve. Christophe Colomb lui-même n’a rien découvert, il fut accueilli : la découverte de l’Amérique date de plus de 20 000 ans et la civilisation qu’il a rencontré possédait des caractéristiques originales. Certains « Précolombiens » avaient même eu cette intuition de faire de leur Dieu suprême un androgyne parfait que l’on pourrait traduire par le « Dieu dual ». Il avait la particularité d’être à la fois le rien et la plénitude, le vide et la matière, le tout et le néant, le zéro et l’infini, deux faces d'une même pièce,...
Depuis bien avant Pythagore, tout acte mental crée un triangle factice : connaissant, connu, connaissance. La croyance en Dieu également : croyant, Dieu, foi ; il suffit d’y croire pour qu’il existe ! Magique !… Si l’on prend pour base la connaissance, nous sommes nombreux à nous piquer sur des triangles aigus car tout triangle aigu est aussi source de souffrance jouissive et d'angoisse amusée puisqu’au niveau de chacun d’entre nous et en fonction de nos capacités, il précise le sentiment illusoire de séparation, d’écartèlement. Tout nous laisse croire que nous ne serions qu’un grain de sable pensant...
Que je sois au bord de l’eau planqué en embuscade la canne à pêche en main, on bien dans ma cour, ahanant en cognant de toutes mes forces pour fendre mon bois… peu importe, je suis bel et bien là avec l’univers tout autour… Ce sentiment que l'être humain n'appartient pas à cet univers qu'il observe, mais y est immergé est quasiment inné, cette séparation a lieu dès la naissance, et le désir du bébé de se réunir à sa mère en répétant « mam » des centaines de fois entraîne la formation de l'ego comme conscience séparée, faussement identifiée au corps coupé du reste de la réalité. Et cette conscience...
Hokusai dans sa Grande Vague de Kanagawa
Émergeant de sa méditation, le maître demanda : « - Qu'est-il de plus horrible que d'avoir été heureux ? La mort étant le lot commun du créé et de la créature. »« - Alors, dit un disciple, il faudrait n’être que malheureux. » Un autre lui répondit : « - Ce n'est pas la question, le bonheur est illusoire. » Et le maître sourit... Ce n'est peut-être pas le bonheur qui n'existe pas, mais ne seraient-ce pas plutôt les hommes qui font tout pour l’empêcher ? Les enfants savent être bien plus heureux qu’eux. Est un pauvre disciple celui qui ne dépasse pas son maître,...
La seule chose qui empêche de parvenir à une certaine sagesse c'est le désir irrépressible de devenir autre chose que ce que l'on est, de devenir quelqu’un d’autre, quelque chose de nouveau. Au départ, nous aimons nous définir fièrement comme des individus aux caractéristiques uniques… mais en souhaitant toutefois en obtenir d’autres plus valorisantes alors que si on y regarde de plus près, nous acceptons aisément de n’être que des schémas : nous sommes ceci ou cela, mariés, célibataires, travailleurs, chômeurs, riches, pauvres, maigres, gros, homos, hétéros, électeurs, présidents. Bien sûr nous...
Page du 11 juin 2018 jour d'histoires à dormir debout
À partir de quelques remarques acceptables, on peut tirer des conséquences invraisemblables et ceci par le fait d’une imagination et d’une crédulité sans limite. Un bref tour d'horizon sur des fables qu’on se raconte comme la genèse, la plus connue dans nos contrés, nous explique que Dieu a expulsé l'humain du paradis pour le flanquer brutalement sur terre donc, dans cet univers. Si je me casse la figure dans les escaliers, j’aurai beau fermer les yeux et perdre conscience, j’aurai mal partout à mon réveil : je ne me souviendrai peut-être de rien, mais mon dos sera plein de bleus. Il en va de même...
Voyager, c’est avancer vers de nouveaux horizons pour découvrir pas à pas des merveilles de tous ordres ou les réalités les plus sordides. C’est un verbe riche et noble que les moyens de transports actuels déprécient considérablement : pour traverser l’Atlantique j’ai assis mon quintal de barbaque dans le tube d’une bétaillère volante, j’ai dormi et j’en suis redescendu définitivement cassé en deux dix heures plus tard. Mais après ces heures sans aucun intérêt, je ne sais toujours pas si je suis la carte ou le territoire. Est-ce vraiment certain que le territoire existe sans la carte ? Où se situent...
Pendant une quinzaine de jours, je suis allé vérifier de l’autre côté des océans jusqu’au Mexique si le soleil brillait là-bas aussi et s’il finissait par se coucher. Eh bien c’était vrai, j’aurais pu m’en douter. Bien sûr, quand je ne serai plus là, le soleil continuera de se coucher sans moi, mais manifestement, ce sera pour rien, n’est-ce pas ? D’ici, précisément de là où je me trouve, il n’y a que moi pour trouver beau le soleil qui se lève ou se couche, j’en suis l’unique bénéficiaire. La tâche qui subsiste après l’avoir fixé est l’œil qui ouvre le passage, l’œil du silence, y plonger vous...
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