(Illustration : capture d’écran de Fort-Boyard sur la 2)
Une nouvelle religion est en gestation dans la Silicon Valley : là-bas, les geeks des mégas entreprises du net s’imaginent que s’il continue d’évoluer en surmontant les embuches, l’Humain deviendra nécessairement un dieu demain. On le sait de longue date, demain approche toujours mais n’arrive jamais, il est sans cesse reporté au lendemain. Par contre, ce qui est certain, c’est que notre transformation semble inévitable puisqu’elle est déjà bien engagée depuis que les geeks s’épilent. Durant les quatre derniers milliards d'années, il...
D’après la Bible, nous avons refusé le Paradis où tout était déterminé par avance et nous devons assumer les conséquences de notre liberté… Décidément, ce n’est pas un livre pour enfants à mettre entre toutes les mains. À l’en croire, la vie est une longue souffrance : il suffit d’imaginer Job couvert de furoncles sur son tas de fumier… Il faut un cœur sacrément bien accroché ! Quoiqu’il en soit, tant mieux si cela convient à ceux qui y croient, mais pour ma part, je m’en contrefiche du morne Paradis sans surprise, de passer l’éternité avec les fesses humides sur un nuage. D’accord, la vie n’est...
(Illustration par Nowhere)
L’illusion est puissante et trompeuse… j’ai un sentiment profond d’être libre. Mais l’illusion est peut-être elle-même illusoire… Je me dis que je ne le serai jamais malgré une conscience précise de ce qui me limite et une certaine maîtrise de mon désir d’être : apparemment, je rentrerais dans des cases et serais prévisible en tout point… Seule une loi physique comme le principe d'incertitude d’Heisenberg, pourrait me rendre une part de liberté malmenée en cassant le principe de prévisibilité de l’ensemble humain que je forme. Heisenberg nous offre notre liberté...
(Illustration par Mehmet Geren)
- "Tu vois mon gars, dans la jungle , il fallait y aller à la machette pour dégager son chemin… peut-être qu’au 21ème siècle, on n’a plus besoin de bras et de jambes pour avancer et que nous sommes rien d'autre que la pensée que nous entretenons sur nous-même. C’est ce que je me dis quand je te vois vouté sur ton portable"…. - "Mais qu’est-ce qu’il raconte le vioque ?!!! Non mais sérieux, t'es chelou l’ancien. T’inquiète boomer, je gère !"… Vas-y, gère tes chaînes… Que devient la liberté dans cette nouvelle organisation, dans cet assemblage de pixels nous accordant...
(Photo de Billy Dee)
À Cordoue l’espagnole, alors ville de l'empire des Almoravides au 12ème siècle, Averroès, eut quelques idées particulièrement originales. Par exemple, ce passionnant médecin-philosophe, se représentait notre intellect comme n’appartenant pas en propre à l’individu et être unique pour toute l’espèce. C’était là une négation spectaculaire de la proposition "je pense" et la ruine de la rationalité. Voici donc un exégète d’Aristote et du Coran qui soutient une thèse selon laquelle la pensée ne serait pas celle de l’individu, au point d’être une seule pensée qui traverse toute...
(Peinture : Dali de dos peignant Gala de dos éternisée par six cornées virtuelles - 1973)
C’est quand même terrible la conscience… La nature nous a fait cet encombrant cadeau qui rappelle les glaces face à face des salons de coiffure d’antan où l’on s’enfonçait dans un "je" de miroirs. Cette nuit, je me suis réveillé dans le noir sans raison particulière… alors je me suis dit, "tiens, tu ne dors pas, bizarre…" et puis, j’ai pensé que je venais de penser que je ne dormais pas et puis j’ai pensé que je venais de penser que je venais de penser que je ne dormais pas et ainsi de suite à l’infini...
(Dessin de Pawel Kuczynski)
J’existe, je le sens bien, c’est une évidence, je n’ai même pas besoin de penser à Descartes… Mais comment le prouver ? Ce n’est pas facile… peut-être que vous et moi ne sommes que des fantômes émergeant du délire d’un dieu bourré ayant beaucoup trop bu de voies lactées fermentées… C’est plus une affaire de perception et de sensation que de réflexion. De toute façon, même si ce que l’on ressent est plus ou moins agréable, ce ne peut pas être primordial : ce qui prime, c’est ce qui est, ce qui stimule nos perceptions (- même si, chamboulés par la physique quantique...
C’est bien de rêver, mais point trop n’en faut : à un moment donné il faut reposer les pieds sur terre et courir dans l’air frais du matin. Fais-tu la différence entre être et penser être ? À l’époque du virtuel où les gamins se réfugient dans des mondes parallèles pour échapper à la réalité, la question devient d’importance et il est urgent de leur demander d’y réfléchir… Ils vont te répondre que la réalité est moche et que le vrai monde se trouve dans leurs consoles qui portent bien leurs noms. Là, ils peuvent se réaliser pleinement sans rien polluer . Ai-je reculé ou est-ce eux qui ont pris...
(Dessin de la BD "Le rugby et ses règles")
S ur les terrains, l'arbitre, c’est le type différent des autres, le freluquet que l’on siffle, que l’on invite poliment à aller aux cabinets et qui applique des règles. Il règlemente une opposition, mais au final, à part les noms d’oiseaux, c’est la seule personne satisfaite par l'arrangement. Bien sûr, il nous en faut des règles, mais elles s’accumulent depuis des siècles. De nos jours, le tas est devenu monstrueux et on ne retire pas celles qui sont tout en-dessous. Je préfèrerais avoir un libre arbitre…. Le libre arbitre, est-ce celui qui applique...
(Photo de Larry Clark)
J’aimerais vivre dans un monde où l’on peut laisser sa porte ouverte, la mienne et celles des maisons de la culture… En 2010 à Paris, Larry Clark présenta une exposition de photos d’adolescents dont quelques-unes, totalement explicites, les montraient dénudés et en pleine forme. Les qualités esthétiques de ces photos étaient indéniables mais leur crudité délibérée prenait vite le dessus ou le dessous selon les positions. L’exposition fut interdite aux moins de 18 ans par la Mairie… Les mêmes photos avaient déjà été exposées à deux reprises à Paris auparavant sans problème,...
(Photo d' Eexploria)
Un exhibitionniste multirécidiviste vient d’être identifié : c’était l’homme invisible ! La déception est immense, vous pensez : il n’y a rien à voir ! Un hurluberlu de mon genre peut délibérément et gratuitement casser un sens ou une signification, prendre des contrepieds bien plus spectaculaires que ce petit délire, mais quand on tombe dans ce qui est totalement dépourvu de sens pour des raisons simplement commerciales, je rejoins Platon pour dire que cet "artiste" coupable n’a pas droit de cité sans faire preuve pour autant de pudibonderie. J’exclurais ainsi sans remords...
(Peinture : Tiepolo, "la Vérité dévoilée par le Temps" -1743)
Dans les années 70, les femmes avaient pris pour une libération le fait de pouvoir, tout comme les hommes, se promener librement torse nu sur une plage sans que cela ne suscite réprobation ou émeute. Submergé par le nombre de seins, le regard des mâles s’y étaient progressivement habitué et y prêtait une attention de moins en moins soutenue. Entre temps, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais sous diverses influences (- religieuses entre autres) les seins sont retournés en cage au profit des fesses les plus généreuses qui se sont...
(Photo: exposition "Our Body" par Gunther von Hagens)
Ouf ! On a eu chaud, on aurait pu se farcir Hanouna à la Culture… merci Dati, finalement ! Il m’arrive de vouloir vérifier que je ne suis pas dans un mauvais rêve en regardant son émission mais je ne tiens pas plus de deux-trois minutes en apnée tellement elle pue. Je ne sais comment il est en privé, mais plus ça va, moins je supporte le personnage public qu’il nous impose. Au nom de la liberté d’expression, peut-on tolérer encore longtemps l’intolérance de ce gougnafier mêlant vulgarité et obscénité ? Il est la voix du grand malade qui...
(Peinture de Francis Picabia 1942-43 – Printemps (- venté))
Il peut m’arriver d’agir et d’écrire sans réfléchir plus souvent qu’à mon tour, mais malgré cela, chacun de mes gestes est précédé de causes et d’intentions. C’est d’autant plus vrai dans le milieu politique où l’acte gratuit n’existe pas, où chaque décision est étudiée, évaluée, estimée en équipe. Notre jeune Président et son facsimilé de Premier Ministre (- juste un peu plus épilé) ont choisi Rachida Dati comme Ministre de la Culture… Par quels calculs accordent-ils leur confiance à cette personnalité aussi ambitieuse que sans...
Quand ses généraux suggérèrent à Churchill de réduire le budget de la Culture pour faciliter l’effort de guerre, il leur demanda pourquoi donc ils se battaient ?… On ne peut nommer n’importe qui au symbolique Ministère de la Culture : nos vies sont la somme de nos choix et nous ne pouvons échapper au passé, mais manifestement, certains et certaines nous condamnent à le revivre… Se voir confier ce Ministère est une responsabilité qui envoie un message à toute la nation, une indication sur les objectifs que l’on poursuit et les grandes orientations de notre société au travers des différents aspects...
Nous serions si bien sans ce mal qui rôde à la surface du monde et hante nos nuits avec des hurlements de loup. Les loups de Serge Reggiani rôdent en meute à nos portes avec une violence chevillée au corps par des millions d’années d’évolution. Si l’Homme est un loup pour l’Homme, où est le problème ? Il n’y a ni question, ni réponse, juste un sinistre constat que nos tentatives humanistes ou religieuses ne sauraient effacer. Cela remonte à si loin…Il suffit de se retourner sur le siècle dernier : une propagande bien menée voudrait nous faire croire que les choses ont changé mais nous sommes toujours...
(Illustration : une des affiches de l’exposition des Arts Dégénérés (1937))
Il est libre Max, mais pour voler comme lui, il faut être un peu timbré… Les génies, les autistes, les fous, tous ceux qui ne pensent pas comme tout le monde et qui sont parfois si proches les uns des autres qu’on les distingue mal, tous ceux qui sont humains mais différemment, nous enrichissent. Leurs regards exotiques nous font découvrir notre monde habituel sous un autre angle et pourtant que de mépris, que de rejet… Dans les années 1920, le psychiatre et historien d’art allemand Hans Prinzhorn qui influença Marx...
(Photo extraite de Vol au-dessus d’un nid de Coucou, le film de Milos Forman (1975))
Les portes de l’asile psychiatrique "bientôt vont se refermer, et c'est là que je finirai ma vie, comme d'autres gars l'ont finie"… J’ai de la compassion, voire de l’affection pour les fous, les fêlés, les fadas, ceux qui ont un pète au casque, sans doute parce que la triste normalité me rend malade… Mais je parle ici des gentils, de ceux qui se passent d’eux-mêmes pour ne penser qu’aux autres. Par contre, les fous de pouvoirs qui nous pourrissent la vie, je les pendrais par les roubignoles… Nous sommes menacés...
Depuis le zinc du comptoir, on aperçoit la mer quand on tangue un peu… et mon copain Gégé ne s’en lasse pas. Il voit peut-être double, mais il voit loin, loin, jusqu’en Chine… Il la voit gonfler, prendre du poids et devenir aussi grosse que le bœuf de la fable pendant que l’ennemi américain s’enlise dans ses contradictions : ils vont finir par s’autodétruire d’eux-mêmes à coups d’armes automatiques entre noirs, blancs, latinos, gros, maigres, républicains, démocrates, rednecks et traders. Gégé qui a lu Malraux, te sortira d’abord sa sempiternelle contrepèterie comme quoi "il est parvenu à pied...
(Dessin de Plantu)
On en a descendues quelques-unes, des grandes, des petites et après, il a fallu se débarrasser des cadavres comme Netanyahou et les tueurs en série. Avec Gégé, on n’est pas toujours d’accord, mais pour ce type, on ne se dispute pas. Mon Gégé, il supporte mal la violence, il doit avoir l’amygdale cérébrale surdéveloppée ce qui lui procure empathie et compassion pour les gens qui souffrent. Il le traduit élégamment et tout en nuance par "j’en ai vraiment plein le cul de tous ces connards qui traînent des wagons de casseroles et qui s’accrochent au pouvoir pour y échapper en...
Avec GéGé, on décortique l’actualité un verre à la main et on ne parle pas que du temps qu’il fait mais c’est sûr, il n’était pas à jeun quand il a repris à tue-tête un air d’un autre siècle - " Si tous les tyrans du monde devenaient de bons copains, et marchaient main dans la main, le malheur serait pour demain…" Mon copain me fait remarquer que la montée des régimes totalitaires semble inexorable et que nous aurons du mal à y échapper malgré les talents du jeune Atal. Il redémarre avec sa chanson et rajoute que les tyrans feraient une ronde en se donnant la main et rigoleraient jusqu’au matin,...
(Photo d’Hojjat Hamidi, le thé, c’est pour la censure)
Dehors il pleut… c’est tout ce qu’il sait faire comme chantait Brigitte Fontaine. Alors, pour bien commencer l’année, j’ai apporté une boîte de chocolats à mon copain de bistro GG, mais ce n’est pas en détournant son attention et son regard que j’atténuerai la violence de ce monde : il sait que quand un volcan s’éteint, un autre se réveille même s’il est Auvergnat… GG, c’est celui qui joue à l’idiot de service mais il voit clair, il aurait préféré que je lui paye son guignolet… Il n’a pas tort de vouloir picoler : son père était boulanger,...
(Illustration par Eashan Misra)
C’est beau le progrès … avant on coupait la tête des rois et maintenant, c’est celle des profs, des femmes enceintes et des bébés… les temps changent, ce n’est plus ce que c’était… marmonnent les petits vieux en nourrissant les pigeons. "Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé" constatait déjà Groucho Marx… Mais ils n’ont pas tort les petits vieux tant il est vrai que la période charnière que nous traversons nous fait basculer dans un autre monde où la norme n’a plus grand chose à voir avec la normalité. Ce qui serait normal, ce...
(Dessin de Mykaïa)
Je déteste les caméras de surveillance, les micros, j’ai horreur que l’on espionne mes faits et gestes, d’être sous le regard et la coupe d’un maître, je hais la censure depuis toujours… Elle eut ses périodes fastes et dans mes souvenirs, 1857 fut un bon cru puisqu’après Madame Bovary on passa aussi les Fleurs du mal à la moulinette, mais c’est du pipi d’oiseau à côté de ce qui nous attend. Déjà en 1784 après six ans de censure, Beaumarchais (- toujours impertinent et satirique) faisait dire, au héros du drolatique Mariage de Figaro: "Pourvu que je ne parle en mes écrits...
(Illustration par Holyvisitor)
C’est quand même terrible la censure, les dogmes, les tabous ancestraux, les croyances archaïques, les éléments de langage, la propagande, les influenceurs, les lobbies qui plient l’intérêt général à leurs espérances de gains et voilà que se rajoutent les télés qui nous espionnent et les caméras qui identifient nos véhicules et nos visages… alors que l’on s’imagine vivre librement dans un monde libre. Je présage mal de l’avenir mais je m’en inquiète : la pression sur nos esprits risque de s’amplifier considérablement surtout si notre régime politique se fait...