Dans l’idéal, un enfant ne devrait appartenir à personne si ce n'est à lui-même, même pas à ce qu’il sera plus tard, seulement, à lui accorder toute liberté, on risque d’en faire une bête sauvage…Il lui faut bien une éducation pour le mettre sur de bons rails et il nous faut bien une éducation nationale pour faire nation. Malheureusement, aucune éducation n’est parfaite et sans conséquences néfastes même l’éducation positive dont on nous vante tant les mérites : elle va nous produire à la chaine des enfants rois qui prendront leurs privilèges pour des droits. J’ai survécu sans trop de problèmes...
Page du 29 septembre 2023, jour de libre écriture...
M… je commence plutôt bien ma lettre par la lettre M comme "aime" si proche de N… MMManifestement, il nous faut plus que de l’intelligence pour vivre libre et en paix intelligemment… Nous nous voudrions libres et nous n’avons jamais été autant dominés, maitrisés, soumis... La liberté, cette rengaine pompeuse du libéralisme et de notre civilisation nous berce d’illusions. Il n’y a que ceux qui en ont été privés physiquement qui ont la moindre notion de ce que ce mot signifie… Et c’est là qu’à titre personnel, mon écriture vient me libérer… D’une manière invisible, l’écriture est appelée pour détruire...
C’est très étonnant de se retrouver là, sur terre, dans ce monde si vaste, complexe et merveilleux… Il nous fallait bien une explication à ce monde sans trop nous casser la tête, du coup, la symbolique de la création est à peu près la même dans toutes les mythologies et elle est rudimentaire : tout provient du pouvoir mystérieux d'une sorte d’être suprême dominant la nature et faisant la part belle aux humains (- si l’on s’imagine volontiers que la vie humaine a une valeur inestimable, c’est uniquement parce que notre incorrigible égocentrisme ne voit pas une autre espèce représentant une alternative...
Page du 27 septembre 2023, jour sans anti-mythe...
Que nous soyons savants ou ignorants, croyants ou agnostiques, que nous trempions dans une réalité virtuelle ou analogique, nous avons besoin de mythes et de spiritualité pour ne pas mourir idiots : face à notre impuissance devant les mystères, comment expliquer le plus grand d’entre eux, ce début du commencement du point de départ de notre univers, sinon par des mythes ? Le Bigbang en est un de plus, certes un peu plus scientifique, mais il ne fait pas plus avancer le schmilblick que les autres. Si nous manquons parfois de logique et de rigueur, par contre, notre espèce fait preuve d’une imagination...
(Illustration par Jabid Arsalan)
Enfant dévoreur de livres, j’avais lu que tout n’était que vibrations et énergie et comme j’en débordais, je me demandais ce que deviendrait la mienne à ma mort, si l’univers pouvait mourir et comment a-t-il pu naître ?… Je me fichais du pourquoi, mais comment peut-il il y avoir quelque chose plutôt que rien ? C’est quand même le plus grand des mystères et je me doutais que personne n’en viendrait à bout, pas plus Einstein que mon curé… Ce questionnement a forcément été d’importance de tout temps mais auparavant, on ne disposait pas des données scientifiques...
Si Roland Barthes, grand amateur de mythologie, revenait pour nous dire nos quatre vérités, il ne serait pas trop surpris par nos fakes news et notre représentation du réel à notre époque d’idoles, d’influenceurs et de stars : il les avait anticipés. C’est effectivement notre rapport au mythe, à l’idée mythique ou mythologique, qui fait la différence entre les diverses pensées. Ainsi, tout devient mythe quand tout n’est que mensonge, complotisme et commerce. Il se demanderait vers où pourrait encore partir Christophe Colomb de nos jours sans tourner en rond?… Pour comprendre à quoi nous en sommes...
Tel Monsieur Jourdain, Monsieur Toutlemonde philosophe sans y penser. Ainsi, je philosophe dans mon lit avant de me lever, dans ma voiture, dans le canapé devant les infos, en fermant temporairement un livre, voire une BD, en taquinant le gougeon. On ne philosophe pas sur du vide… je philosophe sur quoi ? Sur l’époque, sur l'humain, sur sa condition, mais je ne peux me hisser dans les hautes sphères, j’en reviens toujours à moi, à mon expérience, à ce que je vois, ce que je lis, à ma journée, à mes amis, à mon courrier, pour m’ouvrir à nouveau sur l'espèce humaine, voire certains humains bien précis,...
Pour que la vie s’épanouisse, il lui faut sa quantité de mort. Il est de si doux venins qu'ils se cèdent au prix de rares métaux ou de précieux joyaux… Mais on se bouscule afin d'en être bien servi, portant la curée jusqu'au bord des tréteaux. Les guerres de toutes sortes n’ont qu’un seul point commun, la mort… On peut y rajouter le sacrifice… Voici venu le temps des marchands d’armes et des camelots qui se frottent les mains quand viennent de loin les foules empressées, la supplique d'egos avides d'un destin glorieux et divin, puissant et jalousé. Ils veulent mener la vie de château de leur vivant...
En optimiste résigné, je constate que cela fait déjà un bout de temps qu’il n’y a plus âme qui vive aux barrières d’autoroutes et que l’on trouve cela normal… Les caissières de supermarchés vont suivre et les démarcheurs téléphoniques qui nous pourrissent la vie seront remplacés par des logarithmes encore plus obstinés. Des centaines de millions d’emplois répétitifs vont se voir confiés à l’Intelligence artificielle ce qui entraînera toujours plus de précarité de par le monde. Elle ne fait pas grève et ne prend jamais de vacances… Sans faire preuve particulièrement de sinistrose, en pessimiste...
(Crédit photo Lee Jeffries)
"Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous mais ce que vous pouvez faire pour votre pays"… Ce n’était pas le démocrate Kennedy qui avait pondu cette incitation célèbre pour son discours inaugural en 1961, mais un discret spin doctor d’origine danoise. Il cherchait là les bonnes grâces de l’électorat républicain et au passage posait son client en Président de tous les Américains… ça ne mange pas de pain… Un minimum de civisme n’est jamais de trop, mais cette culpabilisation du citoyen est reprise par tous ceux qui ont intérêt à un nationalisme moutonnier,...
La nuit venue, je ferme les yeux, je joue à un, deux, trois sommeil, et c’est parti… Au réveil, j’ai beau les écarquiller, mes yeux restent minuscules, deux fentes dans un mur mais je verrai quand même jusqu’au bout mon visage dans le miroir et la vie pour de vrai... Si on me voit, on se dirait que je suis aveugle de l’un et borgne de l’autre mais mes yeux sont grand ouverts comme ceux des enfants parce qu’ils sont toujours émerveillés de ce qu’ils voient. Je suis venu au monde avec de petits yeux qui voient d’abord ce qu’il y a de merveilleux en toute chose, des yeux qui voient les lumières dans...
Dans la Silicon Valley et quelques paradis fiscaux, certains sont si malheureux et si pauvres qu’ils n’ont que de l’argent et des actions… plaignons-les... Ils ont peur de tout perdre et qu’on les oublie : la crainte d’être oublié est aussi douloureuse que les revers de fortune ou le pire des deuils et ils investissent des milliards pour ne pas vieillir et ne pas mourir… Pendant que le riche tremble de peur dans son palais et ne fait rien de gratuit, le véritable pauvre lui, essaye de donner. En caricaturant à gros traits idéaux et en coupant à la hache, il n’y a pas plus généreux qu’un pauvre...
(Illustration par Sarolta Bán)
Comme vous le font remarquer narquoisement les cadrans solaires, toutes les heures vous blessent et la dernière nous tue… L’argent n’achète pas tout, la preuve : même l’homme le plus riche du monde finit un jour par mourir (- ou plutôt, il décède : un riche ne meurt pas comme tout le monde, cela va de soi… il décède en comptant bien débarquer au paradis fiscal quand un chien, lui, crève comme un chien)… Quand on atteint le sommet de la pyramide, il n’y a plus grand-chose au-dessus sinon des éclairs… Engagé dans un combat contre le monde entier et accro à l’adrénaline,...
(Crédit photo : Stephan Graff)
"Le tout-à-l’ego, ça vous file une mauvaise haleine, elle pue la charogne" me sort le poivrot de service au bar de la Marine en voyant les dégâts du séisme au Maroc recouvrant des milliers de victimes inaccessibles aux infos… Il n’a pas tort le bougre : même accoudé au zinc avec ses potes, qui pourrait être pleinement heureux dans un environnement qui resterait malheureux ? C’est vrai que ça fait mal au ventre de se retrouver impuissant devant tant de douleur. On sait notre propre douleur limitée sur l’échelle de 0 à 10 des infirmières, nous la savons passagère,...
(Photo sans-doute prise à Trogir en Croatie, auteur inconnu)
Trump a juré sur la Bible mais n’a lu qu’un livre : "Atlas shrugged" d’Ayn Rand (- le haussement d’épaule d’Atlas curieusement traduit par "La grève" pour faire plus français. Cela m’étonnerait qu’il ait lu jusqu’au bout ce pavé monstrueux mais s’il l’a fait, il en aura retenu que l’égoïsme est la valeur suprême… Dans ce pensum, Ayn Rand imagine que les élites créatrices de richesse se retirent du jeu et elle décrit le chaos qui s’en suit pour la plèbe, les assistés, ces parasites méprisables. Un de ces héros est même réputé pour...
(Dessin : crise grecque selon Chappatte)
Prométhée nous a ramené le feu et quelques grincheux se sont plaint que cela allait être la fin de la conversation… La querelle des anciens et des modernes remonte aux premiers humains car on a toujours raison de se méfier du progrès… Cette façon de voir les choses correspond point pour point au processus par lequel Aristote, il y a deux-mille-cinq-cents ans, a inventé la prudence… et ses lointains descendants qui peuplent son pays auraient mieux fait de l’écouter. Que voulez-vous mes pauvres amis grecs, il n’y a plus de valeur sinon boursières comme...
(Illustration par Diego Ignatio Vasquez)
La Terre est belle, demandez à Thomas Pesquet… et sur cette belle planète, nous habitons un pays magnifique aux paysages multiples et variés, au patrimoine architectural, gastronomique et culturel remarquable, au climat encore agréable pour un temps. Nous sommes relativement à l’abri des catastrophes naturelles et, Mesdames, vous êtes parmi les plus admirées et les plus enviées tant par votre goût que pour votre indépendance… demandez aux étrangères qui nous rendent visite. Alors, pourquoi tant de sinistrose et de dépit ? Pourquoi tant d’insatisfaction...
Coupe du monde de rugby 2023 : match d'ouverture France - Nouvelle-Zélande.
Vive le rugby, ses règles complexes et son esprit archaïque ! Le rugby ce ne sont pas que deux troupeaux de buffles fumants et transpirants qui s’affrontent sur un grand échiquier : ce que nous voyons à la télé n’est que la partie visible de l’iceberg, le côté spectaculaire et impressionnant d’une élite… on peut s’en délecter, mais il ne faut pas s’y arrêter. Envoyez vos enfants pratiquer ce sport car c’est avant tout un jeu… Un jeu musclé, certes, mais encadré par des règles bizarres mais remarquables où l’amitié prend...
(Peinture de Raphaël : Platon et Aristote, l’un indiquant le haut et l’autre le bas…)
"Il leur faudrait une bonne guerre"… c’est que ressortent depuis toujours les piliers de bars avinés en guise de politique… Après la deuxième guerre mondiale, on a cru un bref instant à la paix : sous l’influence du système économique et financier qui organise nos vies, on a bien connu un demi-siècle sans conflit majeur, juste quelques broutilles dans des contrées exotiques au gré de quelques intérêts, mais cela n’a pas duré, nous sommes en guerre ! La dernière particulièrement sanglante, c’était contre un...
Page du 7 septembre 2023, jour de vieillesse offusquée...
(Illustration : Munch outré par la belle jeunesse)
Vous aurez beau atterrir à l’autre bout du monde, vous trouverez toujours les mêmes arrivées d’aéroports, les mêmes enseignes colorées, les mêmes panneaux en anglais. Pourtant, en ce temps de mondialisation accélérée, les sociétés sont encore, pour un temps du moins, singulières et c’est heureux : elles ne sortent pas toutes du même moule et nos différences continuent de nous enrichir. Les mêmes conditions d’existence qui sont vécues dans un "vieux" pays semblable au nôtre comme une crise, ne le sont pas forcément dans un pays plus "jeune"....
(Peinture de Salvador Dali - L’ossification prématurée d’une gare)
Salvador Dali était surréaliste jusqu’aux bouts de sa moustache tournicotante. Il jouait et sur-jouait de son excentricité narcissique comme d’une marque de fabrique ce qui ne l’empêcha pas d’être considéré comme un des peintres les plus doués et les plus célèbres du 20ème siècle même si l’homme et ses valeurs n’étaient pas à la hauteur de son talent. Il nous laisse voir mille et une choses dans la moindre de ses œuvres foisonnantes qui offrent une grande liberté à notre imagination. Parmi ses 1500 peintures, "L’ossification...
Page du 5 septembre 2023, jour de joyeuse sinistrose...
(Crédit photo : Mohmdabed)
Y-a-t’il encore un pilote dans l’avion ? Diriger un pays, c’est être aux commandes entre les trous d’air et les orages. N’oublions jamais que les avions décollent systématiquement face aux vents contraires. Comme le médecin établissant un diagnostic et proposant un traitement en s’intéressant au cas singulier de son malade, le politicien modèle se devrait d’analyser la situation pour apporter la meilleure réponse aux difficultés que nous rencontrons : cela parait de bon sens et quelques sparadraps ne seraient pas de trop… Malgré toute la bonne volonté du monde (-...
(Photo : Jean Moral - publicité de 1935)
J’ai la vue qui baisse, mais quelques éclairs de lucidité, me permettent parfois d’entrevoir la réalité de ma position… Autant profiter de ces moments de grâce pour m'exprimer… Je ne suis pas la seule brute à profiter de ces instants privilégiés qui vous font décider de la réalité de notre vie dans une plongée en abyme comme dans "Anatomie d’une chute", la dernière Palme d’or glaçante de Justine Triet … Dans un film moins tendu d’Audiard, Blier sortait :"- L’aigle va fondre sur la buse…". Un de ses acolytes s’extasie : - C’est chouette comme métaphore...
Page du 3 septembre 2023, jour de la grande dépression...
(Crédit photographique Dorothea Lange)
C’est curieux l’évolution : dans notre société du prémâché, nous avons de moins en moins besoin d’intelligence… Je suis dans le mouvement : j’ai la vue qui baisse. Le discernement ayant pour objet ce qui est discernable, il m’est pour ma part, devenu singulier et plutôt rare… Il me serait donc pour le moins hasardeux de proposer des solutions pertinentes afin de sortir de notre catatonie quand je me retrouve face à des passions collectives. De toute façon, je n’aurais pas le pouvoir d’en décider mais je peux toujours me remémorer la crise de la Ruhr en...
Le bateau ivre tangue dans la tempête de rires, mais le calvaire qu’il nous impose n’a rien de drôle : ça fait plus de vingt ans que ça dure… Le dérèglement climatique a bon dos mais toute la théorie économique contemporaine repose sur l’idée d’un système soi-disant tellement rationnel qu’il ne peut pas correspondre à cette période de "crise permanente" un peu folle que l’on nous impose depuis tant d’années. Seuls quelques hétérodoxes marxistes-léninistes vous diraient le contraire… Mais effectivement, où peut-on trouver la moindre rationalité dans cette aberration ? J’observe la mêlée d’assez...
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