C'est vrai que je l'avais mal garé ma bagnole, je le reconnais volontiers. Mais franchement, ce n’était pas une raison pour me coller une prune si vite. J'ai dû rester sur les clous… allez quoi… huit-dix minutes à tout casser, faut croire que le flic devait être planqué derrière un arbre à guetter. D'ailleurs le gros a surgi de derrière un parcmètre au moment où je déchirais sa contredanse. J’en suis sûr, il chassait à l’affut… - Ah, je vous y prends !... Il pleuviotait un méchant crachin pour arranger les choses. Le keuf avait un uniforme trop serré pour sa bedaine et une petite moustache du genre...
"Si quelqu’un ne t’écoute pas… tais-toi !" La sagesse africaine nous conseille de nous taire quand quelqu’un ne veut rien savoir et elle précise même d’écouter ce que dit cette personne pour espérer comprendre pourquoi elle ne vous écoute pas. Dans un monde où le virus de la connerie est bien plus virulent et contagieux que le Covid-19, une des premières règles de savoir vivre en société (- insuffisamment respectée à mon goût) est de laisser le plus vite possible le dernier mot à un con. On y trouvera que des avantages : tu lui fais plaisir, et toi, tu gagnes un temps considérable. Au début, il...
Page du 27 février 2020 jour de Montaigne judoka...
Dans ses Essais, Montaigne confie : "Je me sens bien plus fier de la victoire que je remporte sur moi quand, dans l’ardeur même du combat, je m’oblige à plier sous la force du raisonnement de mon adversaire, que je ne me sens grée de la victoire que j’emporte sur lui grâce à sa faiblesse.". Cela lui évitait de tenir ses opinions pour des vérités car tout le monde peut se tromper même si ce n’est jamais facile à admettre. Contrairement aux apparences, il est souvent plus difficile et valorisant de renoncer à un objectif en dépit de son orgueil que de poursuivre son entreprise lorsqu’elle vous est...
"Winter is coming" comme on le répète en boucle dans Game of Thrones, les ténèbres se mobilisent… mais on s’en fiche, l’obscurité n’a jamais dérangé les aveugles. Nous sommes en train de nous abrutir collectivement et passer pour un imbécile aux yeux d’un aveugle est devenu bien plus facile que de faire entendre raison à un sourd. Dès que l’on se risque à ce constat hautin, on se place sur un piédestal hors de la mêlée mais ce ne sont que des réflexions d’un type perché sur un tabouret face à un miroir de bar. Les bars sont les meilleurs baromètres et thermomètres de notre société, il est regrettable...
Extrait de " C'est une chose étrange à la fin que le monde" (2010) de Jean d'Ormesson.
"Comprendre, c’est remonter aux origines" écrit Jean d’Ormesson. Depuis tout gamin, nous cherchons à comprendre comment ça marche et ça va des fourmis aux mouvements des galaxies. On s’attaque tout d’abord à des structures relativement simples, mais tout se complique très vite dès qu’on s’aperçoit que tout est intriqué. Rien que pour fabriquer le bol où on trempe sa tartine, il faut mobiliser la terre entière. Devant l’immensité des connaissances à absorber, nous sommes nombreux à renoncer en décidant de nous...
Gloire à notre ignorance ! Elle stimule notre curiosité et nous aspire vers l’avant… Ne cessons jamais de la combler même si elle a tout d’un puits sans fond. La connaissance héritée du passé nous ouvre fort souvent des portes dont l’accès nous serait interdit par manque de moyens ou de temps. Depuis des millénaires, l’Humanité avance ainsi à tâtons en profitant des expériences passées, on avance, on avance, c’est une évidence depuis Souchon, mais vers où ? Nos objectifs sont flous… faut-il en changer souvent ? Le possible pour contrebalancer l'indéterminé ? Le probable compensant l'introuvable...
(Dessin de Serre)
John Cleese a fait partie des Monty Python sans cesser de renouveler sa loufoquerie et son humour. Ce grand fifre prolixe sait de quoi il parle : “les vrais créatifs ont appris à tolérer plus longtemps que les autres les embarras du doute ”. Ses prises de positions sont parfois discutables mais il faut lui reconnaître qu’il n’a jamais eu peur ni de se remettre en cause, ni du ridicule, ni des railleries. L’expérience de la créativité le montre au quotidien, on ne cherche pas, on trouve, ou bien si on cherche son stylo, on trouve ses clés. Les idées nous sont données la plupart...
Page du 22 février 2020 jour des nouveaux Shadocks...
La Cosmologie ressemble fortement à une religion pour athées intelligents : les cosmologues croient en une seule et unique équation, laquelle suffirait à expliquer tout l’univers. Mais comment prouver en une seule équation que le temps a bien un commencement ? En y mettant tous les conditionnels que l'on voudra, l'espoir de forger la théorie universelle qui saura expliquer le monde habite quiconque se pique de physique, c’est le Graal, l’Arche d’Alliance des temps modernes. "Je pompe donc je suis"…à l’image des Shadocks, la recherche fondamentale n'a que faire des petites applications quotidiennes...
Page du 21 février 2020 jour de l'inconnu dans le miroir.
Connais-toi toi-même ! Connais-toi toi-même… facile à dire ! Comment puis-je me connaître ? Quand je me regarde dans mon miroir infidèle je ne me reconnais pas tous les jours, le regard d’un inconnu se renvoie à lui-même dans un silence glacé. Au bout d’un moment, les lumières clignotent, l’image se brouille, je suis plongé dans un film d’Hitchcock ou de Stephen King : qui regarde qui ? Le trou noir de la pupille mis en abîme est un vide sidéral et je crains d’y tomber… À l’autopsie, il se pourrait bien que je ne sois qu’un con mais ce serait la double peine : être à la fois con et conscient de...
L’intelligence sert, entre autres, à se rendre compte de l’immensité de sa propre ignorance. La sagesse africaine le sait depuis longtemps, elle scande sa mélopée depuis des siècles : « Si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras. Mais si tu ne sais pas que tu ne sais pas, tu ne sauras jamais. ». Il y a un tas de choses que j’ignore mais je le sais sans le savoir vraiment, je ne fais que m’en douter. Les pires sont celles que j’ignore ignorer et malheureusement elles doivent être de très très loin, les plus nombreuses, mais je l’ignore. On sait qu'on ne sait pas mais on ne sait pas ce qu'on ne sait...
Concernés...
Un griot africain traverse la scène en souriant, il chantonne "un con, c’est un con, il ne reconnaît jamais qu’il est con. Pour lui, c’est l’autre qui est toujours con, son voisin, oui, lui, non. Fort heureusement, on le reconnaît toujours grâce à sa tête parce qu’il a toujours la tête d’un con, il ne change jamais de tête"…. Les chiffres ne trompent pas : au départ, la moitié d’entre nous, toutes classes sociales confondues, a une intelligence en dessous de la moyenne, mais certains ont des éclairs d’imbécillité inimaginables qui rehaussent le médian. Ils ont un QI de 60 et ne comprennent...
Les cons sont légions et n'ont pas de couleur particulière. Pour ma part, je ne connais que la race humaine mais cela ne m’empêchera pas d’être raciste envers les cons. Certes, on est toujours le con de quelqu’un, mais les biais cognitifs, s’ils sont nombreux, sont inéquitablement partagés. Certains se distinguent, ils cumulent et ceux qui voient les choses en grand battent des records : en 1982, Larry Walters, dans un souci manifeste d’élévation, attacha 45 ballons sondes à sa chaise de jardin pour survoler sa maison d’une dizaine de mètres selon ses estimations. Ce qu’il faut lui reconnaître...
Page du 17 février 2020 jour des télés en couleur.
Grands blonds aux yeux bleus, rouquins parsemés de taches de son, petits bruns teigneux, nous sommes tous des métis, des bâtards et des enfants d’émigrés… Nous ne sommes que des résurgences du passé. Comment sortir de la question de la couleur et le faut-il ? On nous bassine à longueur d’émissions qu’il faut rendre invisible la différence, la banaliser, ou changer l’imaginaire national en le poly-chromant… Mais l’omelette, on croit qu’il faut la lisser, et l’on se trompe. Le secret d’une bonne omelette est dans l’art d’à peine instiller le blanc dans le jaune et de les saisir à point avec juste...
Page du 16 février 2020 jour de discrimination positive.
Pour atténuer nos problèmes de société actuels, certains préconisent la politique des quotas pratiquée, entre autres, aux Etats-Unis. Ils soutiennent que cela permet à la longue l’intégration dans la classe moyenne et supérieure d’une élite ethnique et que cela enclenchera un engrenage améliorant l’assimilation de ces communautés à l’écart. Cette politique se veut pragmatique et produit quelques résultats, Barack et Michelle Obama en sont de beaux exemples. Mais, à mes yeux, elle a un gros défaut : elle reste discriminante puisqu’on s’inscrit toujours dans un discours racial en voulant s’en extraire....
La diversité me convient, c’est un vocable sympathique. Le mélange aussi, tant qu'il ajoute de cette diversité. Ne nous faisons aucune illusion sur nos origines, nous sommes tous généreusement métissés, alors un peu plus ou un peu moins…. Mais, dans nos esprits recroquevillés de bons franchouillards, celui qui est issu de la diversité n’est pas blanc comme neige (-en novlangue il faut traduire par minorités visibles). La majorité, de par sa domination culturelle, détermine qui est différent de la norme qu’elle fixe et quand on cogne, il est toujours plus confortable d’être du bon côté du manche....
"La loi éternelle et naturelle, préservant la pureté de la race, est à jamais le legs du mouvement national-socialiste au peuple allemand. Dans cet esprit, la communauté du peuple allemand marche vers l’avenir" … C’est ce que martelait la propagande nazie… Un régime autoritaire va toujours au plus simple pour réduire ses difficultés, il est plus facile d’uniformiser, de normaliser en développant comme ici l’argument d’améliorer la race pour en faire de bons petits soldats uniformes. Uniforme, unisexe, unilingue, univoque, voilà un monde plein d'avenir ! Mais de quelle race parlaient-ils et surtout...
Page du 6 février 2020 jour du marronnier devant l'église...
Qui sommes-nous ? Au départ, nous sommes ouverts à tous les possibles, vivants, indéterminés, puis progressivement, on se referme, nos congénères et notre environnement s’empressent de nous formater ou du moins de nous influencer. Nous sommes donc mélanges et mouvements, tout n'est qu'interactions, évolutions. Nous sommes aussi des idées qui germent lentement dans un esprit, se répandent, ou disparaissent brutalement au contact des autres comme des bulles de savon. Les idées, c’est comme les virus : les plus résistantes sont les plus contagieuses. Et la moindre graine d’idée peut germer et en germant,...
(Photo de Martina Dimunová)
Pour résoudre le problème sémantique que me pose le mot "race" et en finir une bonne fois pour toute avec lui, je me suis dit qu’il valait mieux s’adresser au Bon Dieu qu’à ses saints et je me suis intéressé à cette remarquable discipline qu’est la Linguistique. J’aurais du commencer par là… Je suis loin d’en avoir fait le tour mais pour le peu que j’en ai aperçu, j’ai pu apprécier la richesse sans limites des idées que développe et suscite cette discipline remarquable et la compréhension de nos modes de fonctionnement que l’on peut en tirer. J’en ai retenu, entre autres,...
On ne peut diriger un pays sans une bonne dose de cynisme et d’hypocrisie… surtout quand on est en démocratie. Pour la bienséance, tout sera alors affaire de degré et de dosage. En la matière, les dirigeants allemands de l’époque nazie ont établi des records. Ils n’étaient bien sûr pas dupes de leur propre supercherie aryenne : comme Trump, ce n’étaient pas des idiots et certains étaient même très cultivés. Il savait peut-être qu’" Iran" signifie en sanskrit "pays des Aryens" ou que Darius Ier avait fait graver il y a 2500 ans, tout là-bas, dans la pierre de son tombeau "Moi, Darius le Grand, roi...
Même si l’on peut en douter, le bon aryen ne court pas les rues, il est une vue de l’esprit, un mythe. Le terme "aryen", plus qu’un terme indiquant des origines ethniques fumeuses, tient de la sémantique et n’a aucune pertinence ethnologique (- du moins, dans nos régions). Il n’y a que dans l’ancien Iran ou dans l’Inde d’une époque très lointaine qu’il peut avoir ce sens. Le véritable concept n’a aucune connotation raciste : les authentiques Aryens étaient une peuplade de bergers d’Asie centrale qui vivait sur les hauts plateaux de l’actuel Iran au IIIème millénaire avant JC ; elle se répandit...
Page du 2 février 2020 jour de chasse à l'homme...
La loi de Godwin est incontournable, je suis raciste et même quelquefois nazi. Il se pourrait selon d’autres avis éclairés que je sois un fils caché d’Hitler, Adolphe, le vrai, mais, connaissant les goûts et les idées de ma mère, je me permets d’émettre de légers doutes. Il est vrai que, par exemple, le mot "race" ne me dérange pas outre mesure, par contre, si je suis raciste, je le suis modérément, juste un peu, il y a des degrés dans l’abjection… La preuve, c’est que, contrairement à d’autres racistes ayant pignon sur rue, le terme "aryen" qui a causé la mort de millions de personnes me parait...
"Sale raciste !" ou bien "Mais dites-moi mon cher, vous ne seriez pas un peu raciste sur les bords ?" ou bien encore "Vous reprendrez bien un peu d’eau de Vichy ?"… C’est inévitable, au cours de n’importe quelle dispute ou conversation un peu musclée, on atteint assez vite le point Godwin et on en vient à se traiter de raciste ou de nazi. C’est qu’il y a une bonne raison à cela : même si ce n’est guère facile à admettre, vous et moi (- mais vous plus que moi) nous sommes tous, à des degrés divers et à des moments donnés, racistes. Cela vire vite à la farce de se faire traiter de raciste quand on...
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