En 2012, Hollande affichait sans vergogne son goût pour le changement. Ce qu’il taisait, c’est qu’il voulait avant tout qu’on change de président, pour le reste, il y avait le temps. Sur l’autre bord, lors de la même campagne, « la France forte » de Sarkozy voulait réaffirmer a contrario l’identité même de la France immuable, solide comme un roc, et l’image associée nous montrait sur un fond d’une mer indifférente, le capitaine du navire, Sarkozy le Hongrois de Neuilly en surimpression. Là aussi, deux signaux opposés entre l’image et l’écrit. Quoi de plus mouvant, quoi de plus incertain que la...
Nous nous imaginons roseaux alors que nous ne sommes qu’oignons pensants. Moi n’est qu’une étiquette que me colle ma pensée, couche par couche, jour après jour, pour, à la fin, devenir un autre, un autre que moi. Personne n’est le premier venu. Pour ma part, je ne m’en lasse pas pas plus que l’on ne se lasse dans un voyage de retrouver chaque jour le même asphalte, les mêmes rails, et pourtant de découvrir de nouveaux paysages, d’explorer des contrées inconnues, de frayer de nouvelles voies parallèles, en biais ou perpendiculaires. « Moi » est initialement l’objet unique de cette espèce de journal...
Nous nous construisons peu à peu, pas à pas, d’évidence en évidence. Évidences, évidences... Vous reprendrez bien un peu d’évidence ? Ce sont les briques de notre réalité. Chacun se représente le réel à sa manière en fonction des qualités qui lui sont propres. Il faut à certains beaucoup de temps pour réaliser que le ciel est autant étoilé de jour que de nuit et nous demeurons nombreux à n’y voir que du feu. L’évidence est un horizon que nous ne faisons reculer qu’en avançant à tout petit pas. Comme demain est évident, un autre jour est toujours possible, même s’il reste à une distance respectable...
« Que suis-je pour l'être, si tant est que je le sois ? ». Il y a Lacan, l’étant et le langage des oiseaux. L’étang est lac quand… il y a l’étang, l’étendue et la quantité. Lacan est là quand il n’est pas comme Boulin dans les temps. L’étang tentaculaire l’est tant et tant entêtant…En tétant je t’attends en tâtant ton téton… etc… etc… Le jeu de nos mots fait écho sans fin et librement dans nos crânes qui résonnent sans raison apparente.
Photo d'Edward Honaker
L'être et le non-être cheminent ensemble, main dans la m.. heu… dans la quoi en fait ? C'est le non-être qui donne l'espace à l'être pour...
Dans le souk où nous pataugeons, notre cerveau extrait des règles abstraites à partir de nos expériences et nous aide ainsi à ordonner le chaos apparent du monde. Et pourtant ce n’est jamais aussi simple que cela paraît, l’information est toujours partielle. La conscience, qui est le traitement de cette information est toujours partielle elle-aussi. Pour grossir, l’esprit doit absorber, se nourrir et pour ne pas enfler de manière incontrôlable au risque d’exploser, il doit gérer et digérer avant de suggérer à nouveau. Peu à peu l’homme perd sa forme et devient une sphère du plus pur style sumotori....
Comme je suis là à poser ces mots sagement alignés, ce qu’il y avait avant que j’apparaisse était un système instable qui va tendre à devenir stable en créant, en me créant mais en vous créant également vous aussi puisque vous êtes là à me lire. Mais il me revient à moi d’éprouver l’incertitude d’un sol où il n’y a pas deux dalles qui soient au même niveau. Ce n'est qu'au sein d'un mental stabilisé qu'on peut réellement envisager une introspection. Pour autant bien sûr, que cela vous paraisse intéressant car sinon, vous êtes passé à autre chose et je ne m’adresse déjà plus à vous. Évitons de nous...
L’inné, l’acquis, Mozart… Gros et passionnant point d’interrogation… « L’inné au milieu de la figure… » je sors de ces trucs ! ça me fait rigoler et je n’en ai même pas honte ! « Tout » peut arriver à chacun d’entre nous à tout moment, tout est toujours possible. Une telle puissance de possibilité tiendrait plutôt de l’inné, n’est-ce pas ? Si ses contenus ne sont pas définis au départ ils demeurent possibles parce que des structures en nous sont en potentialité présentes dans l'inné. L’acquis ne prendra son sens que s'il vient à la rencontre de quelque chose qui est déjà apte à le re-connaître,...
Se remplir de la notion de néant comme je m’applique à le faire est une plénitude qui n’a d’équivalent que celle des astrophysiciens contemporains : ils ne manqueront jamais de travail puisqu’ils ne connaissent que 0.4% de la matière de l’Univers, selon André Brahic… mais là, je crois bien qu’il exagère ! Ce n’est pas possible, il a dû faire une erreur de calcul. Les astrophysiciens nous offrent une quantité de 23% de matière noire dans l’univers ; le vide étant loin d’être vide, elle serait environ 40 fois plus abondante que les étoiles, une paille ! On s’y perd dans tant de matière à étonnement....
Plus ça va, moins je comprends mon environnement tant la somme d’informations à digérer enfle chaque jour… J’ai l’impression de brasser de l’air frelaté dans un épais brouillard de pollution. Ce qui me rassure, c’est qu’on en est tous là sans exception, seul varie le niveau d’incompétence. Ce n’est pas très glorieux, mais cela ne m’empêche pas d’en tirer parti : pour le moment, je tâtonne donc dans ce brouillard malodorant, j’improvise intuitivement, je tente désespérément d’échapper au moindre automatisme acquis que l’on prend comme des ânes pour de la liberté. « La liberté, c’est avoir le droit...
Le présent est chaotique, c’est l’imparfait du présent. Il me faut lui trouver du sens pour ne pas le trouver absurde mais je ne commence même pas à chercher dans ce magma : quoi trouver ? Pour chercher, il me faut parcourir l’Univers alors que je n’imagine rien au-delà de l’ombre portée par mon corps. Mon corps me précède comme une lampe électrique sur un chemin creux par une nuit sans lune, obligeant les choses à sortir l’une après l’autre des ténèbres, à entrer dans la réalité de mon cercle lumineux de luciole. Réalité que mon corps habite et confirme malgré moi ou plus exactement contre toute...
Il est aisé de parler de chaîne alimentaire quand on est le prédateur suprême, à une autre place on préférerait « réseau trophique ». Notre sang, nos influx nerveux, nos informations, nos influences, nos amitiés, nos chemins de fer, nos pages Facebook, tout cela circule en réseau. Tout ce qui vit forme réseau, tout ce qui pense encore bien plus. Le réseau pensant est plus qu’un jeu de mot douteux, c’est devenu l’Internet. Des études récentes ont démontré que plus les hémisphères du cerveau des gens sont connectés entre eux, plus les individus sont créatifs. Ce n’est pas par hasard. Ce que l’on...
Je suis toujours mécontents des méfaits de mon ignorance, alors va-z-y que j’te creuse, que je m’enfonce, toujours plus profond dans les gouffres entre mes maigres connaissances… Si creusais jusqu’à l’os, si je poussais à ses limites la position déterministe, comme pour les dés roulant sur le tapis, la trajectoire de mes atomes deviendrait déterminante, toute liberté m’échapperait et je n’aurais qu’à subir stoïquement mon destin. Dans ce cas, si chaque individu avait la possibilité de consulter les calculs qui prédisent son avenir, chaque individu pourrait à tout moment le connaître. Mais un avenir...
La Mécanique quantique continue à étendre son domaine et à y progresser. Mais toutes ses constatations ne sont pas suffisamment avérées pour répondre à nos éternelles questions concernant la Création puisque on en vient forcément à se demander si le pur hasard qui la commande est engendré lui-même par le hasard et nous sommes toujours autant incapables de répondre. Sur le plan mathématique, il n'a pas pu être prouvé que le hasard est engendré par le hasard. C’est dommage, mais cela n’est pas gênant pour supposer que l'Univers serait apparu brusquement suite à une coïncidence d'aberrations mathématiques...
Si vous aimez jouer au 421 ou au Yam, méfiez-vous, dans la vie quotidienne comme dans la réalité des jeux, le hasard n'existe pas : des dés jetés sur le tapis ne dépendent pas du hasard mais de l'angle et la vitesse de l'arrivée du dé au tapis et de la nature de ce tapis. Tout est déjà dans le geste initial mais ce geste est-il fait au hasard ? Oui si je jette les dés, non si c’est un tricheur professionnel. Un illusionniste qui me sort des lapins de son chapeau, moi ça m'enchante. Parce que je m'aperçois alors que j'ai encore plein de choses marrantes à apprendre. Mais s'il se met à affirmer qu'il...
Nous sommes nombreux à payer notre impôt sur la connerie en jouant au Loto dans l’idée de devenir très riche. La première fois que je lui ai parlé de ce jeu qui venait de sortir mon père m’a demandé si la combinaison 1 – 2 – 3 – 4 – 5 – 6 avait une chance de sortir un jour sans même me parler d’un 7 en numéro complémentaire. Je lui ai répondu qu’en étant réaliste, effectivement, c’était impossible. Il me fit ainsi prendre conscience en peu de mots que c’était le cas pour n’importe quelle autre combinaison. Je lui rétorquai que malgré tout certains gagnaient, il acquiesça mais poursuivit "Peut-être...
Ce monde est prodigieux, il faut le voir pour le croire…. Ce mur de prison contre lequel cogne ma tête est bien dur, il fait mal. Mais il n’est que du vide dans lequel flotte un nuage de particules. Ce sont les forces qui relient ces particules insignifiantes individuellement qui lui donnent son apparence et les particularités que je perçois. Tout est dans le regard que nous portons sur les choses. Notre regard « fait » le monde même si on est aveugle. Et si dans ce monde quelque chose nous dérange ou nous échappe, si on veut y changer quoi que ce soit, il faut commencer par changer le regard que...
Il va de soi que je ne suis pas le mieux placé pour entreprendre de prime abord des recherches et des analyses sur mon cerveau, un univers en soi facilement transportable. Il me faudrait un regard extérieur et je n’aurai jamais ni la patience, ni l’endurance pour me lancer dans une psychanalyse de longue haleine. On ne commence jamais par le plus compliqué sans avoir maîtrisé déjà le plus simple... et puis, la manipulation de cet objet n’est pas facile : il faut ensuite le remettre en place et je n’ai jamais réussi… Effectivement, pourquoi faire compliqué quand le simple n'est déjà pas compris...
Et dire qu’il me faut plus de 100 milliards de neurones en réseau pour écrire ces platitudes stériles qui n’amusent guère que moi, ces brèves de comptoir sans relief qui, paf ! tombent à plat! Et qui n’intéressent pas grand monde … Ça tombe bien, je voudrais justement tout mettre à plat en commençant par les sillons de mon cerveau. Finalement un cerveau, c’est un peu comme la Suisse, ce serait un bien plus grand pays si on l’aplatissait un bon coup. Mais je risquerais une légère dégradation de pertinence tandis qu'un peu de muscu cérébrale quotidienne vous raffermit les plissures d'un cortex ahanant...
Durant notre bref passage dans cet univers, nous sommes une ahurissante collection d’atomes à la recherche du bonheur. Les atomes sont-ils heureux? Ou répètent-ils toujours une triste rengaine? « On s'est perdus de vue, on s'est r'perdus d'vue. On s'est retrouvés, on s'est réchauffés ». Dans la mesure où il est limité et que l’univers semble infini, un système repasse toujours par un même état comme l'assassin sur les lieux de son crime. Mais si le temps pour y parvenir est infini, les atomes ont des lendemains qui chantent en chœur. Leur couplet se prolongera dans le tourbillon de la vie mais...
Ceci n'est pas la joie.
Nous pouvons tout imaginer et il est bienfaisant d’en rire. Si « l’imagination au pouvoir » me semble le slogan le plus pertinent ayant fleuri sur les murs en mai 68, l'amusement est sans doute l'une des activités les plus sérieuses, les plus graves de l'homme obligé de s’adapter en permanence à l’évolution de son milieu. La curiosité et l’amusement sont nos besoins les plus criants et ils terrifient d’emblée la plus part d’entre nous au point qu’ils s’efforcent de les étouffer. Voilà pourquoi les bébés hurlent en naissant, on dirait qu’on les pousse vers l’abattoir avant...
Sur la flèche qui l’atteint, l’oiseau reconnait souvent ses plumes . Les enfants sont souvent cruels entre eux et leurs premières flèches, ils les tirent sur le nom de leurs camarades,.Certains ne sont pas aidés dans l’histoire mais d’autres sont plus difficile à atteindre. Mon nom ne prête guère le flanc aux cruelles moqueries des enfants : que voulez vous faire de Vallier ? Cavalier ? Chevalier ? Mon bouclier était trop épais pour leur faibles flèches et mes petits camarades manquaient cruellement d’imagination. Je me suis aperçu ainsi que ceux qui manquent d’imagination ont du mal à s’imaginer...
Hello!
Que faire en arrivant au monde ? Je suppose que respirer un grand coup ne serait pas une mauvaise idée. C’est ce que j’avais de mieux à faire : un air inspiré est souvent plus valorisant qu’un air expiré, surtout dans un dernier souffle. Mais malgré tout, j’ai longuement hésité. Imaginez un bébé violacé, joufflu, la bouche fermée, les yeux exorbités, les poings serrés qui refuserait de respirer… Je n’étais pas un perdreau de l’année, j’avais compris que c’était une arnaque. Après ce délai de réflexion qui permet d’exercer son droit de se rétracter, j’ai cédé aux pressions multiples de l’entourage....
Collage de Barry Kite.
Eh bé dis-donc, c’est pas la joie !… c’est pas la joie !…Pourquoi ce noir, ce désespoir, ce noir désespoir ? Tu sais, il n’est jamais trop d’art…on ne cesse d’arriver dans ce monde dans le monde, mais si déjà ta tête est hors de la … heu… de l’eau, réjouis-toi, ce n’est pas donné à tout le monde. Ta vie t’attend et il ne tient qu’à toi d’en profiter. Pourquoi t’enfermer dans des limbes damnés où rien ne t’oblige d’errer ? Tu es suffisamment instruit pour ignorer qu’ils existent, mais tu es encore trop innocent pour avoir la force de leur échapper. En débarquant de cette manière...
Pour ma venue au monde en tant que penseur-poète à la petite semaine, je passe par une agonie initiale que j’aurais bien aimé vous épargner et par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel non pas pour faire mon intéressant, mais parce que j’ai failli m’étrangler bêtement avec mon cordon ombilical. La prochaine fois, je le couperai moi-même pour naître en mode sans échec, mon bien « être » en dépend. Mais d'où viennent donc les gestes ?
Précoce...
Je sais d’ores et déjà de quoi je ne mourrai pas : de ridicule. La vie, et tout ce qui va avec, ne tient qu’à un fil, et il peut vous occire sans délais à...
Il est profitable de se retourner de temps à autres pour apprécier le chemin parcouru. À première vue, je ne vois qu’herbes folles et piétinements. Deleuze affirme que philosopher, c’est créer des concepts et il nous avertit que ça ne s’improvise pas, que « ça ne se trouve pas sur une étagère ». Aussi, quand je me prends à relire ce que je dépose quotidiennement ici depuis quelques mois, cela amuse beaucoup : j’y cherche en vain la moitié d’une esquisse d’un seul concept novateur, je n’y vois qu’un rabâchage de mots en goguette faisant la farandole. Effectivement, malgré pas mal de lectures et...