(Illustration par The Dojo)
La modernité épurée s’était mise en robe légère avec l’Art nouveau mais elle a pris du poids, elle s’est faite écrasante depuis que les gratte-ciels dépassent les huit cent mètres. Elle est devenue castratrice et hyper-protectrice pour mieux nous contenir en surcompensant notre carence religieuse, mais elle se renie elle-même en niant les mauvaises surprises et en nous maintenant sur ses rails : elle est même mortifère quand elle nous impose son présent perpétuel dans un jour sans fin. Au royaume de l’instant, tout est instantané, le café comme les infos et les...
Page du 30 août 2023, jour de tempête dans un verre d'eau...
Sachant ma fin inévitable tout comme celle des autres, je suis persuadé faire partie d’une espèce en voie de disparition. En réalité, je suis déjà un dinosaure fossilisé depuis des lustres (- Comment ça des "lustres" ? Pourquoi pas des lampadaires ? Qui sait encore ce qu’est un lustre ? Si vous le savez, inquiétez-vous…). L’avenir est à nos portes mais heureusement, je ne suis pas invité… La mort fait rire les squelettes et il se peut qu’un jour, un archéologue s’interroge en souriant devant mon crâne devenu pierre… La nostalgie est la seule distraction qui reste à ceux qui se méfient de la vie....
(Photo par Nkchu)
Avant "les temps modernes" de Chaplin et le triomphe de l’économie de marché, la plupart des transactions économiques dans le passé étaient régies par les règles d’une structure sociale bien établie, que ce soit l’Église ou le Conseil municipal ou encore les normes élaborées par les liens de parenté et la coutume dans les sociétés tribales. C’est de l’Histoire ancienne, mais auparavant l’économie était totalement immergée dans la vie sociale : ce n’était pas une sphère là-haut séparée de la sphère où l’on existe comme on l’envisage de nos jours. Les normes sociales prévalaient...
Ça commence à me chauffer tout ça… La boufaille me monte au ciboulot… avec tous ces abrutis aux manettes qui nous imposent leurs diktats, je me connais, je vais encore me taper une crise et taper de mes petits pieds… Cardiaque ou pas, une crise, c’est une rupture, une poussée de fièvre, un couperet, un instant crucial et dans le même temps (-et c’est lieu commun de le dire), "la Crise" n’en finit pas, ça fait vingt ans qu’elle dure et qu’on lui met tous nos malheurs sur le dos… Or, une crise permanente n’a plus rien d’une crise. Nous avons généralisé le terme à tous les domaines de l’existence...
En ce moment, nos amis américains ont Trump survolant la scène offrant un spectacle dégradant… Il n’est que candidat mais même potentiels, nos dirigeants reflètent notre égarement et certains le font dans la démesure. Auparavant, Harry Truman n’hésita guère à commettre un crime de guerre monstrueux en décidant d’utiliser deux fois la bombe atomique contre des Japonais moribonds comme si une fois ne suffisait pas. C’est beau un champignon atomique, mais quand même… deux c’est trop et un génocide reste un génocide. Comme personne ne juge les présidents américains, cela ne servit pas de leçon à Georges...
(Dessin de João Vaz de Carvalho)
Allons zenfants de la Patrie i euh… Puisqu’on nous bassine à longueur de journée qu’un sang impur submerge la nation Qu’à un intégrisme, on ne peut répondre que par un intégrisme en répulsion Que face à l’envahisseur on ne peut opposer que notre stupidité Tremblez de trouille, mouillez vos frocs dans nos contrées souillées Mais votez pour ceux qui vous rendront dignité et fierté Et asseyez-vous sur vos libertés… Tournons, retournons le goupillon dans la plaie Abrutissons-nous, sortons couteaux et pistolets Dans l’ordre je vous prie… Tâchons les enfants, d'être...
(Dessin de Ballouhey)
Ami, regarde bien le ciel étoilé par la nuit, voyage, perds- toi dans sa nostalgie… il te paraît immuable, immobile, mais tu sais bien qu’il tourne autour de la vielle Polaris des Latins, notre Étoile polaire et qu’il te survivra… "La connaissance est dans la nostalgie. Qui ne s’est pas perdu ne se connaît pas." C’est la citation de Pasolini qui introduit "Nostalgia", ce magistral film de Mario Martone où Pierfrancisco Favino incarne sobrement Felice de retour à Naples. Après quarante ans d’exil, il retrouve dans un mélange de joie et de douleur, la vie foisonnante de...
Nous avons peur de tout, du changement comme de l’immobilisme… Même dans la la plus isolée des sociétés, il n’y a jamais d’immobilité à cause des interactions entre ses membres. Il y a donc forcément des problèmes qui nous déséquilibrent et dans le même temps des solutions plus ou moins efficaces en gestation pour nous remettre d'aplomb, c’est systématique avec les grands nombres. Il n’y a donc pas à s’effrayer outre mesure, la peur nous fige en statues de sel. Notre véritable inquiétude serait de découvrir qui a intérêt à nous immobiliser, à nous faire croire au grand méchant loup, à accentuer...
Les pays croulent sous le poids effrayant des dettes… la solution est pourtant simple… La somme des impôts détournés par les grosses sociétés règlerait aisément les dettes de tous les pays, ce ne serait qu’une simple formalité, un jeu d’écritures. Mais après tout, pourquoi rembourser aujourd’hui ce qu’on peut ignorer demain ? Laissons la galère voguer et les entreprises se gaver… En affirmant que rembourser nos dettes ne serait "qu'une simple formalité", j’utilise là une expression péjorative par excellence caractéristique de notre époque, tant il est vrai que l'information néantisante a étendu...
(Dessin de Darío Castillejos Lascares)
La crise… la crise… les commentateurs économiques en ont plein la bouche et pourtant, elle a bon dos ! Depuis que les états se sont endettés à mort auprès des banques, j'ai passé les quarante dernières années dans le discours de crise. C’est le crédit à mort… "Crise" : tous les jours, partout, sur tous les tons. Pour qui s’intéresse aux mots, c’est un cas d’école… La tentation est de faire de ce mot le seul qui subsiste de la politique, celui qui permet de dire à quoi celle-ci a été délibérément réduite. À moins qu’elle ne soit celle de réduire cyniquement...
Pour celui qui prend en charge la direction d’un pays, il est devenu nécessaire d’être plus impressionnant qu’efficace et cet honnête homme ne laissera jamais ses principes moraux l’empêcher de faire le bien des hommes d’affaires. Quand il vous tend la main en souriant, vous pouvez être sûr qu’il tient un couteau dans son dos. D’ailleurs, les chiffres sont formels : c’est parmi les chefs d’Etats que l’on trouve le plus de psychopathes. Leurs trucs et astuces sont bien connus, en particulier le danger qui menace et la division qui permet de régner. Vous pouvez reconnaître ces structures dans tous...
(Photo de Gilbert Garcin)
En novembre 22, un troupeau de mouton chinois a été surpris par une caméra de surveillance en train de tourner en rond sans raison apparente pendant douze jours d’affilés, et l’histoire a fait le tour du monde tout autant... nous autres Français, ça fait plus de 75 ans que ça dure et personne n’en parle… Comme beaucoup d’autres, la France est un pays de moutons bêlants attirés par l’herbe fraîche, mais elle n’est pas facile à diriger pour autant : les chiens ont beau aboyer, notre troupeau frondeur et bordélique tourne en refusant d’avancer, c’est un vieil atavisme....
"Bien sûr, les peuples ne veulent pas la guerre. Mais, après tout, ce sont les chefs d'état qui déterminent la politique et c'est toujours une chose facile que d'entraîner tout un peuple que ce soit en démocratie, dans une dictature fasciste, un régime parlementaire ou une dictature communiste. Avec ou sans son accord, le peuple peut toujours être amené à suivre les escalades des dirigeants. C'est facile. La seule chose que vous ayez à faire est de leur raconter qu'ils sont attaqués, de dénoncer l'absence de patriotisme des pacifistes qui, en protestant, exposent leur pays à de plus graves dangers."…...
(Photo Rodney Smith)
Quel que soit le pays où l’on vit, il nous faut être soit stupidement candide ou bien d’un cynisme inquiétant pour accepter tous les bobards de nos dirigeants… Depuis nos origines, la crédulité fait partie de nos modes de pensée, comme, par exemple, le fait d´enchaîner naturellement les causes et les effets : la confiance nous est utile globalement pour communiquer. D’un point de vue psychologique, "l'effet Julien Lepers" (- en référence à l’animateur vedette pendant une vingtaine d’années de l’émission "Questions pour un champion") est un phénomène remarquable : dans...
(Photo inspirante de Thibaut Blais)
Pour monter vers les cimes, vous quittez la vallée et son torrent bruyant, vous traversez la forêt et ce n’est toujours pas le silence : le combat des arbres ne se terminera jamais et leur bruit de fond est incessant. De craquements en bruissements, ils vous conteront leur soif de cette lumière qui les nourrit et même la nuit tombée, ils se hausseront encore sur leurs racines vers les luminaires qui leur servent de guides : ils visent infiniment ces rayons de feu dispersés tout là-haut par-delà les profondeurs. Au fur et à mesure que vous marchez en montagne,...
Page du 16 août 2023, jour du marcheur solitaire...
Je vous aime bien… mais vous êtes si nombreux… Je ne parle pas de vous individuellement, mais ensemble, vous êtes si bruyants... Il y a de plus en plus de monde et il est devenu particulièrement collant, il ne vous lâche plus d’une semelle, à chaque seconde, sa pression se fait terrible et ne fait qu’augmenter. La foule s’insinue jusque dans votre lit et vos toilettes… Quelle idée aussi d’amener son portable sur le trône... Dans un tel vacarme, la survie mentale de chacun est en jeu, pour la mienne, c’est trop tard… Malgré tout m’extraire le plus souvent possible de la foule m’est devenu vital...
Inutile d’attendre le Messie… Un individu seul ne peut changer le monde, mais rien ne vous empêche de changer votre regard sur ce monde, ce n’est jamais vain. Bougeons ! Évoluons ! Changeons d’avis et de point de vue, varions les plaisirs et les approches… Ce n’est pas se trahir : la rigidité est cadavérique, le mouvement, c’est la vie et pour se mettre en mouvement, tous ces mots ne servent pas à grand-chose. Mieux vaut utiliser d’autres langages que la parole : transpirer, marcher, voyager, jouer d’un instrument de musique en écoutant celle du monde, ce sont des langages mieux adaptés. Nous avons...
(Illustration par Lysergick.art)
Tous les animaux ont besoin d’amour et de contact, même les tigres solitaires. Même s’il est très beau, je ne caresserai jamais un tigre en manque d’amour, mais toi, pourquoi pas… Si je touche ta peau et ne bouge plus la main, la sensation va vite disparaître, bientôt il n’y aura plus ni peau ni doigts… La vie ne leur reviendra que quand ma main reprendra sa caresse en se remettant en mouvement… Pour nous sentir vivre en relation au monde, il nous faut du mouvement… c’est ce que l’on répète en boucle aux gamins scotchés dans leur chambre sur leurs portables....
Vous avez un souci ? Un dilemme cornélien ? Un problème personnel délicat ? Vous essuyez une trahison digne de la mythologie grecque ? Eh bien écoutez-moi : ne m’écoutez pas ! Ni moi, ni personne : n’écoutez que votre intuition et votre cœur, vous verrez que ces deux-là trouveront un accord, ils fonctionnent en harmonie. Nous aurons beau prononcer des millions de mots, la parole ne sera jamais suffisante pour que l’on se comprenne vraiment… Sauf accident merveilleux, le langage est source de malentendus et trahison de la pensée à part quand il se transcende. Où ? Quand ? Dans bien d’autres formes...
Nous sommes d’une crédulité confondante : ce ne sont pas des couleuvres qu’on pourrait nous faire avaler, ce sont des boas. Mais moi, je ne mange pas de ce pain-là, je me fiche des histoires qu’on me raconte et de l’orthographe : l’autre jour, je conduisais pépère pénard quand mon passager m’a dit "Frêne !... Frêne !!!!"... le con… j’ai bien vu qu’on allait droit dans un platane… Depuis j’ai un peu mal au crâne mais moi aussi, avec un bon lavage de cerveau, je pourrais vous faire gober n’importe quoi… que la Terre est plate, par exemple : vous êtes d’accord qu’elle est recouverte à 70% d’eau, or,...
Chaque personne est un mystère en soi, même pour soi-même… Si je suis comme je suis, que voulez-vous que j’y fasse ? Soyons honnêtes : il est souvent plus facile de percer les secrets des autres que de faire face aux siens. Nous avons une tendance naturelle à croire en l’autre, à lui faire confiance car nous estimons pouvoir le comprendre. C’est ce qui a assuré la survie de l’espèce en des temps plus difficiles et en souvenir, je ne ferme plus ma porte à clé, c’est un non-geste amical. On pourrait croire qu’à notre époque, c’est plutôt imprudent, mais que peut encore craindre un vieillard de type...
(Dessin : vol inaugural par Unger)
Le monde est devenu si violent que j’ai même vu des rastas se crêper le chignon… C’est vous dire… La guerre est revenue frapper à nos portes, des milliers de bombes atomiques sont stockées par ci par là, on se fait jeter d’Afrique comme des malpropres et les Africains se noient en mer pour nous rejoindre, les températures battent chaque semaine des records, des charlots nous gouvernent, les états commencent à envoyer des ambassadeurs auprès des entreprises géantes et souveraines et dans peu de temps, Canal + va même diffuser du foot saoudien ! … Ça sent le...
(Dessin : l’Herman d’Unger qui conseille de lancer et de viser plus loin…)
La Politique est un tonneau des Danaïdes qui ne devrait avoir qu'un but : organiser la société de la manière la plus efficace possible pour assurer un minimum de cohérence à une foule d'individualités ayant peu ou même, pas du tout de conscience politique… Le problème, c’est qu’elle le fait quasi systématiquement au profit de quelques-uns tout en prétendant le contraire. Elle musèle les autres à l’intérieur par son baratin, et essaye de cohabiter en négociant couteau en main à l’extérieur. L'action politique, telle...
La forêt est profonde et obscure… Ce n’est pas que je sois perdu, mais, pour l’instant, je ne sais trop quelle direction prendre… On offre une boussole à l’enfant et l’enfant marche droit vers le Nord pour savoir d’où vient la force qui fait bouger l’aiguille… Ce qui importe, ce n’est pas ce qu’il y a ailleurs, c’est ce qu’il n’y a pas ici : de la lumière… L’obscurité, la misère et la souffrance sont de puissantes sources de motivation et d’innovation : si Van Gogh avait vendu ses toiles et était devenu riche, il n’aurait jamais peint ses tableaux les plus lumineux… La loi de la jungle est dure,...
Pendant les millions d’années qui ont précédé l’apparition de notre espèce, les ancêtres que nous partageons avec les grands singes ont vécu sous l’autorité de mâles dominants, ça laisse des traces… Du coup, nos dirigeants mâles ou femelles aux égos démesurés en profitent : ce sont pour la plupart des brutes épaisses aux ambitions sans limite ou bien des personnes perturbées assoiffées de pouvoir. On a les dirigeants que nous méritons, mais le simple fait de réaliser que nous n'avons jamais cessé d'être des brutes et des barbares n'est pas une prise de conscience suffisante pour expliquer nos déboires...
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