Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 9 mai 2022, jour assez peu tolérant...

Denis Vallier
(Non mais...)

(Non mais...)

Nous avons gentiment mélangé dans les urnes nos opinions anonymes et au final, nous formons une majorité de masochistes qui a réélu Macron par défaut et pour cinq ans. Il est vrai que les circonstances lui ont été très favorables, mais malgré tout, ça nous gratte de partout… il nous faudra bien assumer la gêne du collier sans trop gémir… Nous tendons le bâton pour nous faire battre et nous levons bien haut nos affiches : "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté" ou bien "Je suis prêt à mourir pour que vous ayez le droit de défendre vos idées même si je les déteste" : vieux dilemmes paradoxaux, vieux débats… Nobles et belles causes surannées et jaunies comme de vieilles photos en noir et blanc… mais de nos jours, pour quelle raison obligerions-nous encore toute une population à être libre ? Tout d’abord, y sommes-nous obligés ?

Pour résoudre mes dilemmes, je dois me demander tout d’abord si la vérité ne rend pas toute opinion intolérable puisque toute opinion refuse de se soumettre à des critères de validité rigoureux ? Il est possible que ce ne soit qu’une coïncidence, mais il est quand même remarquable que ceux qui n’ont pas le même avis que moi n’aient que des idées de… euh… de merde, il faut bien le dire… Dans un deuxième temps… si la vérité n’implique pas l’intolérance, quel rapport sain concevoir entre les convictions de l’opinion et les critères de validité de la vérité ? Et dans un troisième, si on ouvrait vraiment un espace libre où toute opinion pourrait se dire, jusqu’où tolérer les opinions défendant l’intolérance et la suppression de cette liberté et de cet espace ?

Ma réponse tiendrait plus volontiers de l’insulte que de la réflexion, mais force m’est de constater qu’une insulte n’est pas seulement une parole, c’est aussi un acte valant un coup de poing. Toute parole, même poétique ou humoristique, est un acte, elle peut agir et faire agir. S’il me faut tolérer les paroles et donc accepter les actes de l’autre pour vivre ensemble, son discours xénophobe ne risque-t-il pas de m’en faire le complice ? La tolérance est manifestement une vertu qui a ses limites et ce n’est certainement pas une obligation. Le xénophobe qui, par exemple, n’accepte qu’à contrecœur les hirondelles même s’il sait qu’elles repartiront, n’a pas à exiger qu’on tolère son racisme : on accepte déjà en nous pinçant le nez son existence et son inauthenticité... La vertu de tolérance doit avoir pour objectif la liberté de conscience même si celle-ci se trompe et le droit à la liberté d’expression … elle s’exprime au mieux dans notre principe de laïcité, c’est entendu… Mais ainsi, si des actes, des paroles ou même des lois menacent ces droits à la liberté, je me dois de m’y opposer, de me montrer intolérant et j’ai même un devoir de désobéissance même si pour cela, je dois forcer ma nature. De même, la non-violence peut devenir tout autant criminelle que la non-assistance à personne en danger et la raison nous autorise et même nous impose, d’user de violence en cas de légitime défense. Mais toutes ces considérations  ouvrent de nouveau la porte à tous les abus… Ce n’est pas franchement évident de vivre harmonieusement tous ensemble...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires