Krishnamurti et les Beatles...
À l’époque où je portais chemises et barbes fleuries, j’admirais, et même, je peux l’avouer maintenant, j’enviais la vie de liberté que s’était donnée Krishnamurti : pas de port d’attache, aucun lien, pas de nation… comme celle d’un Rimbaud, sa vie est une œuvre d’art en elle-même. « La Vérité est un pays sans chemins » pose en préalable cet apatride libre de ses mouvements. Je me trouve fort souvent en communion avec le fond qu’exprime celui qui fut, tout gamin, considéré comme un messie. Peut-être parce que je suis particulièrement sensible à la forme parlante de...
Quel que soit le domaine, le progrès vient rarement de ceux qui sont satisfaits d’eux-mêmes et qui vivent en toute sécurité. Il vient souvent des plus feignants que l’effort agresse mais aussi de ceux qui ont été ébranlés par ce qu’ils ont vécu : c’est pourquoi un regard neuf est un apport pour toute société et qu’il importe d’accueillir l’autre, l’étranger ; ce ne saurait être un crime. L’immigration est une chance tant qu’elle ne devient pas exode... Le progrès m’attire, mais les « progressistes », ceux qui traitent tous les autres de réacs et imposent leur idéologie sur le haut du pavé médiatique...
Mangez cinq fruits et légumes par jour ! Occupez-vous de votre peau, de vos dents, de vos cheveux… Vous y êtes invités à longueur de pubs. Selon une tradition qui remonte fort loin, jusqu’à la culture grecque et sans doute bien avant mais on n’en a plus thraces… euh…traces, le souci de soi et d’en prendre soin met en contact étroit la pensée et la pratique médicale. Le paquet est bien lié mais les emballages disparates. On semble actuellement redécouvrir l’eau chaude et les vertus des très vieilles recettes. La vogue actuelle du chamanisme peut être perçue comme les conséquences sociétales de la...
Aussi remarquable que fut notre passé, on n’a pas le choix, il nous faut aller de l’avant. Une main gigantesque nous pousse dans le dos et en ce moment elle insiste lourdement. Que sommes-nous finalement, sinon quelques atomes en mouvement dans un vide infini. On ne sait pas où l’on va, ou on le sait trop bien : vers un mystère insondable ; c’est trop pour nous, cela nous pousse à nous raccrocher au premières branches venues. Des crispations identitaires et fondamentalistes à la spiritualité new-age en passant par les vertus du Capitalisme, le marché de la croyance se porte bien. À force d'apparaitre...
Depuis les toutes premières civilisations et pendant des millénaires, l’idée d’élever l’homme en lui donnant le pouvoir sur la nature ne s’envisageait que dans le respect de « l‘Esprit » qui nous a offert la vie. Ce mot pouvait envelopper des formes très diverses. Le savoir et la spiritualité étaient alors indissociables. La spiritualité est cet espace immense où l’on peut loger (ou pas, nous sommes libres) tout ce qui nous est sacré, ce qui va du doudou aux valeurs les plus nobles. Le progrès devait naître dans l’harmonie, autre maître-mot. L’alchimie marque l’aboutissement de cette philosophie,...
Mes nostalgies me fatiguent, elles entament ma joie de vivre au présent mais il me faut reconnaître qu’il y avait du bon dans ce que faisaient nos anciens. Bien souvent, nous le balayons d’un revers de manche. En particulier, qui, à part quelques hurluberlus déjantés, défendrait encore de nos jours l’alchimie comme approche sérieuse de la réalité ? Bien sûr, dans ce raz-de-marée scientiste, l’Art Magna, cet art royal qui continue à réaliser la pâte à tarte de ma mère (un peu de farine, de l’Astra ramolli, quelques gouttes d’eau, un grain de sel , on malaxe sans insister et c’est fait… c’est simple,...
Je m’émerveille devant une pâte à choux, je m’extasie devant une pâte feuilletée, je bave devant une brioche chaude ou une viennoiserie odorante, je crie au miracle devant une religieuse toute fraîche… C’est magique ! La pâtisserie et la cuisine en général, est-ce de la simple chimie ou de l’alchimie ? J’opte volontiers pour l’alchimie : on y a mis trop d’amour. La science avec sa rigueur, sa méthode, ses remises en question systématiques, semble être l’approche la plus froide mais aussi la plus saine de la réalité, la plus digne de confiance en tout cas et nous sommes de plus en plus nombreux...
Vous connaissez tout des signes du Zodiaque ou bien vos prières ou le dernier rap en vogue par cœur, mais pouvez-vous me dire si 10 est un nombre « solitaire » ou s’il existe un nombre « parfait » ou « étrange » impair ? Non ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas tout seul : il n’est pas encore né celui qui pourrait répondre… Il existe des paradoxes insurmontables, des problèmes insolubles et autres quadrature du cercle, conjecture de Hodge, de Polignac, de Syracuse, de Gilbreath et j’en passe, qui nous dépassent et qui permettent ainsi à la stupidité la plus crasse de côtoyer allègrement l’intelligence...
Ah… éclater de rire ! S’esclaffer à n’en plus finir !.... Se tordre, se bidonner, rire à en avoir mal aux côtes, à en pleurer… Vous vous souvenez ? Pas besoin d’être médecin pour savoir que ça soigne tous les maux. La nature et l’évolution qui ne laissent pas grand-chose au hasard qui les travaille sans cesse, ne nous a pas dotés de cette faculté miraculeuse pour rien. La prévention coûtant moins chère que la guérison, la Sécurité Sociale devrait prendre en charge les spectacles comiques ou du moins sponsoriser les humoristes. « Riez ! Ça vaut un bon steak ! Marrée-vous, ça vaut une boîte de thon...
Cela semble banal à dire, mais l’humour est un des rares moyens de nous en sortir sans trop de dégâts en ces temps moroses. Il nous permet de relativiser nos préoccupations quand on a le sentiment que tout fout le camp ; au fond, c’est très sérieux l’humour, c’est absolu et indispensable. Et si l’on s’en sent dépourvu, c’est comme tout, ça s’apprend. Pour échapper au pire, le maître mot restera toujours « apprendre ». A notre époque carrément à côté de ses baskets, on en est même à se demander si l’humour n’est pas un traitement quantique de l’information qui mettrait en œuvre des notions de «...
Les infos nous pourrissent la vie, ce ne sont que catastrophes sur catastrophes. Y’en a marre de la sinistrose ! Y’a de quoi se mettre une pierre au cou et se jeter au fond de sa baignoire. Basta ! Je ferme les écoutilles… En fait, je récolte ce que j’ai semé. Cioran, dans sa nullité à vouloir récupérer le désespoir pour des fins jubilatoires, m’est allé malheureusement comme un gant à une certaine époque de ma vie. Il parvenait à s’en sortir grâce à son humour teinté de noir mais nous laissait nous en sortir tout seul. Heureusement, on change au long du temps même si ce n’est pas du tout au tout....
Les contraires s’attirent irrésistiblement comme s’ils voulaient combler un vide. Etant de nature plutôt sereine et stable, terrienne, rocheuse, atrocement centrale, autant apollinienne que dionysiaque malgré ces nombreuses décennies à assumer mon prénom, j’ai toujours eu un faible pour les marginaux, les borderlines. Mes lectures se portent volontiers vers les trouvailles d’un Cioran ou les fulgurances d’un Céline dans sa version présentable. Mais les fumeuses théories pessimistes produites par ce dandy en mal de différentiation, ou ce déjanté increvable et abject, portent en elles l'irrationalité...
À la maigre loupiote vacillante de leur réflexion, sages et philosophes nous ouvrent la route depuis la nuit noire des temps. Par derrière les religieux leur savonnent la planche pour brouiller les pistes et nous faire tourner en rond. Il y a bien eu le Siècle des Lumières, mais un imbécile a dû éteindre en sortant, et nous, nous aurions plutôt tendance à suivre notre zizi ou le fumet d’un bon repas. Depuis qu’elle a inventé l’électricité, la Science éclaire puissamment les alentours, mais c’est pour découvrir un fouillis inextricable. Les philosophes continuent malgré tout d’ouvrir quelques sentes...
Pendant qu’on est là, tranquilles, à s’envoyer des mojitos, des ordinateurs surpuissants moulinent leurs algorithmes pour mettre le monde en équations. Un jour, ils n’auront plus rien à se mettre sous le circuit, mais ils auront beau tourner pendant des siècles, ils ne pourront toujours pas nous expliquer pourquoi un coucher de soleil est beau ou nous dire si notre vie a un sens. Heureusement, dans cet océan d’équations surnageront des inconnues. Ils mettront la vie en équation mais les variables demeureront inconnues, par contre, ordinateur ou pas, une chose est d’ores et déjà établie : la solution...
On nous raconte que la Terre est une sphère suspendue dans l’immensité du vide mais pas besoin d’être grand clerc pour constater qu’elle ne tourne pas rond, que le monde est absurde, qu’on marche sur la tête. Au fond, et même sur les bords, il n'y a que deux vrais philosophes : Camus et Cioran. J’entends d’ici les hurlements des élites intelligentes ! Camus, passe encore pour les ados, quoique… mais Cioran, ce paumé aigri et envieux, ce cycliste apatride, ce fils de pope, jamais !… Ils ont pourtant eu le courage de nous dire : - Les Mecs ! C'est très simple. Tout ce que vous vivez est con, absurde,...
Qui suis-je ? Que sais-je ? Où cours-je ? Encore et toujours les vieilles questions usées jusqu’à la corde, vieilles scies rouillées qui filent le tétanos… Malgré tout, on y revient de temps à autres, on y retourne comme on rentre au pays. En dépassant la simple observation, il n’y a rien d’extraordinaire à chercher du « sens » à ce que l’on vit... Pourquoi ? Parce qu’effectivement, on vieillit, que le compte à rebours est enclenché et qu’on perçoit à la façon de Camus, intuitivement, le côté malgré tout absurde de la vie. Comme le diable, l’absurde se glisse dans les détails. Le si célèbre Charlie...
Image de Derek Brahney
Icare et l’albatros Et le vin et l'oiseau nous sont deux rêves d'ailes. Icare au cerveau lent, aux semelles de plomb, C'est aux comptoirs des bars que nos têtes se fêlent, S'emplissent nos panses de bières et de houblons. Tandis qu'impossibles se mêlent en nos veines L'albatros et le vin, la chouette de Minerve Renonce à l'aérien et dépitée observe À sa patte accrochée une pesante chaîne. Aveugles titubants au bord du gouffre amer, Sous nos mots trébuchants, se dérobe le sol. Ridicules et laids de trop mimer l'envol Nos moignons ridicules s’agitent dans l’éther. Est-ce d'avoir...
Tout ne se résume pas à la logique, au pragmatisme, à l’efficacité : le monde serait bien triste et nos vies bien fades. Nous avons pleinement conscience de n’être qu’un accident biologique où entre et se génère pas mal de folie. Ne prendre la vie qu’au sérieux serait une erreur tragique. Schiller affirmait que « l’homme n’est tout à fait homme que là où il joue », quand nos idées prennent le pas sur la réalité. Habituellement, jouer, c’est tester des possibilités sans avoir à en assumer les conséquences. Mais il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin. D’un côté, si l’on passe son temps à...
J’ai longtemps cru que la vie était un jeu avec des règles tenant de la marelle, du jeu de l’oie ou de l’amour et du hasard : c’est faux ! Plus précisément, ce n’est vrai que pour une infime tranche de la population qui joue au Monopoly grandeur nature et se partage le gâteau mais nous, nous ne sommes que leurs jouets. Toutefois, si la situation est désespérée, elle n’est toujours pas sérieuse pour autant. D'où l'utilité toujours d’actualité du divertissement ou plutôt, de la diversion. Ça commence par la couche culotte qui fait de la musique, un son qui se parfume, et ça finit de manière encore...
Depuis qu’ils sont en couleur, nos écrans sont devenus plus rouges que blancs : les crimes les plus sordides succèdent aux parties de jambes en l’air les plus torrides… mais ces images sont presque rassurantes : elles nous font voir le chaos qu’est notre vie projeté sur un écran avec une certaine distance. Si l’on a un tant soit peu d’humour, on en rit jaune pour ne pas en pleurer. Mais si l’on veut franchement se marrer, rien ne vaut les bons vieux films comiques en noir et blanc. Je peux voir en boucles « Laurel et Hardy, les deux ramoneurs » et à chaque fois pleurer de rire. On trouve toujours...
C’est facile de faire le clown, il suffit de mettre un nez rouge. Par contre, faire rigoler l’est beaucoup moins. Or on en a besoin par ces temps de sinistrose aggravée. A priori, ça a l’air fort simple, mais en réalité, faire rire par le burlesque demande beaucoup de travail et de technique et je suis admiratif de ceux qui y parviennent : les Laurel et Hardy, les Buster Keaton, les Charlie Chaplin, mais aussi plus près de nous et dans des registres différents, les Tati, les Monty Python, les Fernandel, Bourvil, Pierre Dac, Fernand Raynaud, Desproges, Devos et autres Coluche. Tous ces morts qui...
La sinistrose vous guette ? Vous vous sentez morose, déprimé, en proie au doute… rien ne vaut une semaine en Italie pour vous requinquer. Mais attention, pas n’importe quelle Italie ! Celle du Sud, la vraie, celle des pâtes et des pizzas ! Le Nord est contaminé. Choisissez Naples par exemple : vivre près des colères potentielles du Vésuve vous rend encore plus volubile, ouvert et joyeux. Cela vous ouvre un insatiable appétit de vivre en se moquant de tout et de son contraire. Ce n’est pas pour rien qu’on y a créé la Commedia dell’arte avec ses pitres et ses bouffons... enfin, c’est ce qu’ils prétendent....
Illustration d’Hugh Kretschmer.
Que de drôles d’oiseaux ! On se met « En marche » en un seul clic tout comme on met son « Gilet jaune » d’un coup d’index sur sa souris… On se croirait au cirque. Quand le virtuel et les volatiles prennent le pas sur la réalité, que ne ferait-on pour sa minute de gloire en faisant le buzz sur les réseaux ! On passe dix secondes aux infos et on a réussi sa vie… Et rien de tel que la violence comme propulseur ! Elle est même devenue plus efficace que le sexe. Ici, on s’acharne sur un gamin au sol à grands coups de lattes, là un ex-boxeur pro tabasse un flic. Il est...
Nous vivons en société depuis si longtemps qu’il nous est difficile d’envisager un autre mode de vie même si chacun cultive le mythe de son petit havre de paix loin du fracas du monde. Mais n’est pas Thoreau ou Chris McCandless, le héros réel de « Into the Wild », qui veut. Société est un excellent Roquefort mais c’est aussi un... système social et plus particulièrement un système rétroactif où les effets rétroagissent sur leurs causes : ce n’est pas une machine à remonter le temps mais plutôt notre futur qui modifie notre présent puisque l’on agit sur les causes actuelles dans l’espoir d’effets...
Où allons-nous ? Dans un mur ou vers l’abîme ? Vaut-il mieux le décider collectivement ou au niveau de chacun ? Je pense sérieusement que l'anarchisme est une saine et belle solution mais que l'humanité n'est pas du tout prête. Le fait qu'elle ne soit pas prête incite un tas de politiciens, qui eux se croient prêts, à décider que ce qu'ils souhaitent est bon pour tout le monde... Il se peut que, parfois, elles aient raison contre l’avis général mais les erreurs de nos grosses têtes dirigeantes se font bien souvent au détriment du petit peuple et, contrairement à ce qu’elles pensent, le petit peuple...