Chaque personne est un mystère en soi, même pour soi-même… Si je suis comme je suis, que voulez-vous que j’y fasse ? Soyons honnêtes : il est souvent plus facile de percer les secrets des autres que de faire face aux siens. Nous avons une tendance naturelle à croire en l’autre, à lui faire confiance car nous estimons pouvoir le comprendre. C’est ce qui a assuré la survie de l’espèce en des temps plus difficiles et en souvenir, je ne ferme plus ma porte à clé, c’est un non-geste amical. On pourrait croire qu’à notre époque, c’est plutôt imprudent, mais que peut encore craindre un vieillard de type...
(Dessin : vol inaugural par Unger)
Le monde est devenu si violent que j’ai même vu des rastas se crêper le chignon… C’est vous dire… La guerre est revenue frapper à nos portes, des milliers de bombes atomiques sont stockées par ci par là, on se fait jeter d’Afrique comme des malpropres et les Africains se noient en mer pour nous rejoindre, les températures battent chaque semaine des records, des charlots nous gouvernent, les états commencent à envoyer des ambassadeurs auprès des entreprises géantes et souveraines et dans peu de temps, Canal + va même diffuser du foot saoudien ! … Ça sent le...
(Dessin : l’Herman d’Unger qui conseille de lancer et de viser plus loin…)
La Politique est un tonneau des Danaïdes qui ne devrait avoir qu'un but : organiser la société de la manière la plus efficace possible pour assurer un minimum de cohérence à une foule d'individualités ayant peu ou même, pas du tout de conscience politique… Le problème, c’est qu’elle le fait quasi systématiquement au profit de quelques-uns tout en prétendant le contraire. Elle musèle les autres à l’intérieur par son baratin, et essaye de cohabiter en négociant couteau en main à l’extérieur. L'action politique, telle...
La forêt est profonde et obscure… Ce n’est pas que je sois perdu, mais, pour l’instant, je ne sais trop quelle direction prendre… On offre une boussole à l’enfant et l’enfant marche droit vers le Nord pour savoir d’où vient la force qui fait bouger l’aiguille… Ce qui importe, ce n’est pas ce qu’il y a ailleurs, c’est ce qu’il n’y a pas ici : de la lumière… L’obscurité, la misère et la souffrance sont de puissantes sources de motivation et d’innovation : si Van Gogh avait vendu ses toiles et était devenu riche, il n’aurait jamais peint ses tableaux les plus lumineux… La loi de la jungle est dure,...
Pendant les millions d’années qui ont précédé l’apparition de notre espèce, les ancêtres que nous partageons avec les grands singes ont vécu sous l’autorité de mâles dominants, ça laisse des traces… Du coup, nos dirigeants mâles ou femelles aux égos démesurés en profitent : ce sont pour la plupart des brutes épaisses aux ambitions sans limite ou bien des personnes perturbées assoiffées de pouvoir. On a les dirigeants que nous méritons, mais le simple fait de réaliser que nous n'avons jamais cessé d'être des brutes et des barbares n'est pas une prise de conscience suffisante pour expliquer nos déboires...
À un certain niveau de conscience de ce qui se passe en soi et qui est aussi le niveau de compréhension que l'on a de soi-même, il est envisageable que l'action politique soit un passage obligé pour changer une société, qu’elle puisse, globalement, amener une amélioration de nos conditions de vie, lutter contre l’injustice infinie, favoriser la paix ou simplement contribuer à la diminution de la violence en intervenant sur notre nature. À un niveau de conscience élargi, l'évidence que cela procède de l'illusion saute aux yeux. La politique, qui devrait avoir pour objet notre bienêtre ensemble et...
Défendre notre dignité nous impose de savoir dire non à titre personnel, mais quand faut-il se résigner, attendre, même de mauvais gré, et quand a-t-on le droit moral d'engager la vie des autres dans la rébellion ? La réponse n’est pas évidente, puisque même si la question se posait de façon aigüe, Sartre lui-même et malgré son intelligence, s'est plutôt tenu tranquille jusqu'en 1945, alors qu'ensuite, le calme revenu, il a voulu à tout prix être engagé et sortir les autres de leur enfer durant le restant de ses jours... Au passage, je ne voudrais pas m’attaquer stupidement au physique, mais comment...
Dès le ventre de la mère comme ensuite au cours de la vie, il me semble, angéliquement, naïvement, que tout n'est qu'une leçon d'amour qui nous élève ou qui, au contraire nous blesse. C’est selon notre personnalité, notre révolte, selon notre engagement dans le "bon" sens qui nous convient ou dans sa négation. Au sein d'un contexte chaotique, bousculé, et misérable, il devient quasiment impossible d'entendre, de recevoir et de donner, ce qui amplifie le désordre et perpétue ce cercle vicieux où finalement chacun cherche des issues par tous les moyens comme dans un naufrage. Les héros ne sont pas...
(Photo Jason M Peterson)
En informatique "Diviser pour régner" puis combiner est une vieille recette qui permet de concevoir des algorithmes capables de nous "diviser pour mieux régner"… Cette stratégie primitive fonctionne toujours aussi bien : nous n’avons jamais été aussi éclatés en autant de particules fines. Du coup, nos banlieues sont devenues des zones de non-droit en brûlant comme feux de forêts et les braves gens crient au scandale. Au lieu de tout casser, s’ils voulaient vraiment s’en sortir et se faire entendre, tous les petits tout seuls qui vivent dans les grands ensembles, tous...
(Dessin de Na!)
"L’ordre, l’ordre, l’ordre !"… Notre chef d’état aura beau asséner son mantra, le problème, (- à ce que j’en sais) c’est que la France est le seul pays au monde où les policiers descendent dans la rue pour manifester, ça fait désordre. Par définition et en restant poli, les manifs, comme les grèves, sont faites pour gêner le plus de monde possible en dérangeant auditivement, visuellement, et, tant qu’on y est, physiquement. On sait bien que les problèmes d'une démocratie ne se règlent pas dans la rue mais souvent, la rue lui assure sa survie. Je devrais donc user d’un peu...
(Photo de Nicolas Filippi)
Il n’est pas facile de se voir vieillir et changer, le processus est si lent… Peut-être même que l’on ne change pas vraiment, mais que l’on apprend à accepter qui l’on est. De toute façon, changer ne signifie pas devenir parfait, loin de là, toute évolution procède en dent de scie par essais et erreurs. La perfection est magique dans la nature et les œuvres d’art quand le produit fini est prodigieux, mais pour l’humanité en pleine crise d’adolescence, elle serait d’un ennui mortel. Le mieux à faire serait de demander de l’aide si l’on sent que l’on se fourvoie et...
(Photo de Vivian Maier - New York 1953)
Nietzsche avait un siècle d'avance… marrant, en écrivant ces mots, ça me saute au visage. En Mai 68, j’avais 20 ans et ce fut un bon moment… (- "20 ans en 68", voici un titre auquel vous avez échappé pour cette page de mon cahier). On reconnait un bon moment à ce qu’il est un moment fondateur, un moment d’émergence du désir, avant que celui-ci ne retombe dans des mots d’ordre si beaux ou si justes soient-ils. Ce qui mobilise dépasse toujours telle ou telle revendication et la lutte est toujours une lutte pour la dignité, pour le "sentiment ultime d’appartenance...
Mai 68 fut un joyeux bordel dont on peut toujours se moquer, mais qui a laissé des traces indélébiles dans la génération qui l’a vécu tout comme chez leurs parents et leurs enfants. De manière générale, nos parents l’avaient vécu plutôt de loin : ils l’ont souvent compris comme une sympathique tentative de remise en cause des vieux réflexes archaïques contre lesquels ils avaient bataillé eux-mêmes. Mais ils ressentaient aussi, par derrière, une lancinante culpabilité mal planquée due au fait qu'ils savaient pertinemment que c'étaient ces bons vieux réflexes entretenus par l’éducation qu’ils nous...
Le monde que nous avons créé est à notre image or les humains sont des êtres de paradoxe. Même un nourrisson est paradoxal : il nait tout couvert de sang dans la douleur et en hurlant mais il apporte le bonheur. Bien sûr, ensuite, ça se complique comme aurait pu rajouter Kafka… Toute vie commence par une loterie pour chacun de nos composants ce qui ne nous place pas sur un pied d’égalité, c’est le moins que l’on puisse dire. Durant ma toute petite enfance, j’ai eu droit aux tickets de rationnement et aux toilettes au fond du jardin avec le journal glissant en PQ, mais même si je suis originaire...
(Propos illustrés par Uğur Gallenkuş)
Ô combien ridicules mes propos ampoulés, mais, braves gens, braves gens, n'entendez-vous point au loin ce grondement sans pareil ? Est-ce un concert de râles, le cintre d'une agonie ? Vos écouteurs vous ont-ils rendus sourds au point de ne plus ouïr le timbre des tragédies ? On peut bien rire du langage suranné d’un vieillard décati, on peut même s’en moquer, alors riez, moquez-vous tant que vous voulez, mais tremblez ! Vous avez enfanté une génération de démons, une horde sauvage vous effacera vos sourires et brûlera vos maisons. Certes, mon langage...
En France, on descend dans la rue si souvent que personne ne s’en préoccupe plus : le lendemain des émeutes, on garde à vue quelques pékins, on répare les dégâts, on dédommage les victimes et on passe à autre chose en attendant la suivante : pendant ce temps, on nous fait avaler toutes les pilules que l’on veut… Mais malgré la chape de plomb médiatique, se révolter est toujours possible et les Islandais l’on démontré en 2008 après la crise des subprimes… Les moyens de surveillance et de contrôle des autorités se sont développés considérablement depuis, aussi, avec les moyens de communication et...
(Révolution islandaise)
La catastrophe est toujours pour demain, mais "est-ce en remettant tout le temps au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même, que nous l'éviterons ? D'ailleurs, je vous signale que si le gouvernement actuel n'est pas capable d'assumer la catastrophe, il est possible que l'opposition s'en empare…" nous prévenait de longue date le magnifique Raymond Devos qui savait, lui, parler intelligemment pour ne rien dire… Devant cette catastrophe annoncée et la dégradation qui s’accélère, le monde devrait quand même songer à revoir sa copie radicalement et...
Dans ce monde profondément injuste et tout de traviole que nous laissons à nos enfants, tout est mis en œuvre pour détruire l’enfance comme si son monde parallèle était une menace pour notre avenir : on leur fourgue entre les mains des kalachnikovs dans les quartiers et dans le reste du pays, des écrans et des applis débilitantes comme ChatGPT pour les lobotomiser… C’est hautement criminel et les conséquences seront terribles. Nous allons avoir sur les bras d’un côté, des meurtriers en puissance et de l’autre, des générations de zombies crétinisés mais on le sait, les zombies et les crétins sont...
J’accumule dans ces pages des réflexions tarabiscotées, j’abuse d’un langage suranné et châtié en me réjouissant d’être incompris par la plupart des jeunes gens… En vieux con habillé de beige et chaussé de mocassins à pompons, je peux m’en moquer impunément puisqu’ils ne liront jamais mes sarcasmes et de toute façon, ils me le rendent bien. Déjà, nous ne parlons plus la même langue : j’écoute Radio Nostalgie quand ils en sont à l’envers de l’envers du verlan. Mais si mes propos sont si alambiqués, cela peut s’expliquer aussi par une longue lignée familiale de bouilleurs de cru. Je me dis malgré...
Ubuntu...
De par le monde, les enfants se ressemblent étrangement : ce sont des éponges, mais ils sont simples, lisses et brillants comme du métal. "On est de son enfance comme on est d’un pays" avait remarqué Saint-Exupéry. Tous les enfants du monde auront la même réaction si vous leur ôtez le pain de la bouche, ils savent la primauté de l’estomac et ils défendront bec et ongles leur assiette. Ils savent bien que demain existe, ce ne sont pas des simplets mais pour eux, peu importe, c’est maintenant ou jamais quand il s’agit de combler besoins et désirs… par contre, ce qu’ils ne supportent...
"Il faut de tout pour faire un monde" répétait ma grand-mère indulgente. Certains parmi nous sont patriotes et se réclament d’un état-nation quand d’autres se veulent d’un état d’esprit, mais, finalement, peu importe… Les uns et les autres, nous ne sommes que des oiseaux de passage dans un monde indifférent et éternel… Nous ne savons pas pourquoi nous sommes ici-bas, nous ne savons pas pourquoi le monde est tel qu’il est, nous ne savons pas s’il y a un intérieur et un extérieur à notre monde, nous ne savons pas si nous pourrons en sortir, mais la seule chose que nous savons, c’est que ce n’est...
(Peinture : Erik Thor Sandberg)
Il fait chaud… Les conjoints au compte-joint se cramponnent comme des cons Les conjoints sans compte-joint s’époumonent au harpon Enfin trouver son nid, enfin trouver sa ruche Enfin trouver sa niche, enfin trouver sa rue Il fait chaud mais d’un autre côté, c’est l’été… Après six jours de canicule, j’ai troqué mon cul de sac Contre un bout de mystère, contre un trou de misère Varions les plaisirs, fuyons les moustiques Sortons couverts, allumons le feu Il fait très chaud… Il est vrai que ce coup-ci j’ai eu tort, j’ai eu beau dire J’ai eu bien tort il est vrai...
(Photo Pyroconcept)
C’est beau un feu d’artifice… demandez aux policiers… C’est un peu comme si toutes les étoiles de la galaxie s’invitaient à votre balcon. Fascinés, le nez en l’air au 14 juillet, nous aurions tendance à oublier que c’est une révolution sanglante ayant raccourci pas mal de tête que nous fêtons ainsi. Les révolutions sont des émeutes qui réussissent à transformer des pilleurs et saccageurs en héros que nous honorons pour la suite de l’Histoire : réduire la Bastille à un tas de gravats est quand même un sacré boulot ! Mais les révolutionnaires sont la plupart du temps décevants…...
(Photo de Gilbert Garcin)
Tout comme Brassens, "le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas"… Sa moustache a disparu depuis longtemps, mais sa voix ronde et charnue nous charme toujours autant. Ce doux libertaire n’appréciait pas plus l’ordre que la violence et il s’en moquait avec une gentille truculence. Ce 14 juillet, nous commémorons la révolution en défilant et en dansant, mais les temps ont bien changé : on le fera discrètement pour ne pas faire trop de bruit et ne pas réveiller les banlieues. Nous sommes devenus un peuple...
(Les murs ont la parole : slogans de mai 68)
Vous avez remarqué ? Il y a peu, la France était mobilisée pour défendre ses intérêts et sa retraite en protestant haut et fort contre le passage en force du gouvernement à coups de 49-3 et il suffit que quelques jeunes des quartiers nous pourrissent la vie en profitant de la première occasion venue pour piller et mettre les cités à feu et à sang pour que l’on passe à autre chose. On répare les dégâts en cachant la misère, on installe les caméras, les fanfares répètent leurs gammes, on chronomètre les marches au pas : on prépare le défilé du 14...