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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 29 novembre 2017 jour du départ

Denis Vallier

      Si j’en crois mon philosophe de GPS, avant de chercher où aller, il nous faut trouver un point de départ. Comme l’illustre superbement « À nous la liberté » ce film de René Clair réalisé en 1931, c’est d’abord l’esprit de liberté qui fait prendre la route et abandonne à l’art le soin de décider d’une vie. Qu’est-ce que vivre avec pour premier souci le fait de le dire d’une certaine façon ? Vivre pour écrire, c’est vivre du temps qui n’est passé qu’à écrire mais c’est également vivre intensément pour nourrir une écriture. Même si l’on ne possède rien, on a en soi un monde. . Partir donc… très bien, parfait, riche idée, mais ensuite, pour aller où ? Si on ne sait pas où l’on va, est-ce la route qui nous le dira ? Pari osé… Découvrir qui l’on est n’est-ce pas se créer soi-même ? Par le mouvement de découverte, nous n’arrivons pas en terre étrangère, c’est nous qui devenons différents et la langue fait elle aussi l’expérience de la métamorphose. Tout travail de l’esprit est, plus qu’une démarche, une marche véritable vers une communauté poétique, au fil des jours, dans un paysage parlé, absorption des objets et des sujets dans l’acte de voir en faisant la nique à la mort.

      Le premier pas est le dernier: le but est atteint dès qu'on a compris cela ! Il est là, le but, dans le chemin. Nulle part à arriver...on arrive comme on s’échoue, nous y sommes, mais nous ne le voyons pas ! La vraie difficulté... et alors là, dans toute l'étendue de son ampleur, c'est de continuer sans «voir» cela !

      Écrire, c’est œuvrer au surgissement, dessiner la libre unité de tous, admettre qu’il y a une dynamique de la morale commune, une société régie par les règles du don et de l’acceptation. Mais ces règles nourrissent notre individualité et permettent d’en parfaire l’expérience. Cela vous instille sournoisement l’idée que la morale n’est légitime qu’à la première personne et que pour les autres, le droit et la miséricorde nous suffisent. Bien nourris, on reste au rang, affreusement normaux. Fort heureusement, écrire c’est aussi apprendre à tomber tel un pétale, tout en souplesse, à se faufiler sans faire de mal. Et pour nombre d’entre nous, juste ne pas faire de mal, c’est déjà beaucoup.

 

Page du 29 novembre 2017 jour du départ

      Le premier pas est le dernier: le but est atteint dès qu'on a compris cela ! Il est là, le but, dans le chemin. Nulle part à arriver...on arrive comme on s’échoue, nous y sommes, mais nous ne le voyons pas ! La vraie difficulté... et alors là, dans toute l'étendue de son ampleur, c'est de continuer sans «voir» cela !

      Écrire, c’est œuvrer au surgissement, dessiner la libre unité de tous, admettre qu’il y a une dynamique de la morale commune, une société régie par les règles du don et de l’acceptation. Mais ces règles nourrissent notre individualité et permettent d’en parfaire l’expérience. Cela vous instille sournoisement l’idée que la morale n’est légitime qu’à la première personne et que pour les autres, le droit et la miséricorde nous suffisent. Bien nourris, on reste au rang, affreusement normaux. Fort heureusement, écrire c’est aussi apprendre à tomber tel un pétale, tout en souplesse, à se faufiler sans faire de mal. Et pour nombre d’entre nous, juste ne pas faire de mal, c’est déjà beaucoup.

Page du 29 novembre 2017 jour du départ

Je suis comme un serpent qui vient de muer.
Les pierres aiguës que je ne sentais pas, me sont maintenant douleur.
Les mots qui ricochaient autrefois sur cette peau épaisse,
S’enfoncent maintenant dans la chair tendre comme des armes assassines...
Je suis comme une tortue qui a perdu sa carapace.
Un souffle de vent parait un ouragan. Le tumulte frappe et blesse.
Le calme de la forteresse parait si loin !
Je suis le papillon sortant de sa chrysalide, tout mouillé, tout chiffonné.
L'aigreur du vent me frigorifie et me gèle, blessant mes ailes, qui auraient dû...
Mais ne seront pas...
Je suis un bernard l'Hermite sortant de sa coquille trop petite,
Un corps fragile et tendre à la recherche d'une maison plus grande, déchiqueté par un bec acéré...
Je suis la blanche tour détruite.
Remparts écroulés, douves comblées, toitures effondrées...
Les vents y passent et pleurent, et se lamentent, en ses murailles brisées où ne vivent que les orties brûlantes.
Je suis la méduse sur la plage échouée, assassinée à coup de bâton par un enfant cruel et vengeur,
Le cheval écroulé sur l'obstacle et achevé négligemment d'un coup de feu...
Je suis... la peine et le regret, la douleur et le chagrin d'avoir pu être sans le devenir.

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