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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 18 février 2018 jour en réseau.

Denis Vallier

      Il est aisé de parler de chaîne alimentaire quand on est le prédateur suprême, à une autre place on préférerait « réseau trophique ». Notre sang, nos influx nerveux, nos informations, nos influences, nos amitiés, nos chemins de fer, nos pages Facebook, tout cela circule en réseau. Tout ce qui vit forme réseau, tout ce qui pense encore bien plus. Le réseau pensant est plus qu’un jeu de mot douteux, c’est devenu l’Internet. Des études récentes ont démontré que plus les hémisphères du cerveau des gens sont connectés entre eux, plus les individus sont créatifs. Ce n’est pas par hasard.

      Ce que l’on produit nous amplifie et nous prolonge, et ce qui est valable pour les vivants s’applique à ce qu’ils produisent : ce texte par exemple, il vit sa vie. Ce n’est pas seulement un texte, c’est en fait l’activité d’un réseau de neurones apparu dans un cerveau humain et provisoirement véhiculée par ces mots. En le lisant, ton propre cerveau a légèrement modifié ses propres connexions neuronales et chimiques. Si le texte te plaît ou te révulse, les modifications concernent même des zones émotionnelles un peu plus profondes. En d’autres termes, ton cerveau s’est transformé, il a muté. Parvenues à une taille critique, ces mini-mutations mentales entraîneront un jour une mutation plus globale (c’est-à-dire un acte en vue d’organiser une mutation biotechnique). Que tu le veuilles ou non, puisque tu as lu ce que j’ai écrit, ce texte est devenu positivement ou négativement partie intégrante de ton esprit. Trop tard pour faire machine arrière, cela ne ferait qu’aggraver les dégâts.

Maillage...

Maillage...

      Dès lors, tu as trois choix : l’oublier, le garder pour toi, le répandre. Ne crois surtout pas que tu pourras t’opposer directement à ce texte, par exemple en mettant en garde autour de toi : cela reviendrait en effet à le répandre, c’est-à-dire à augmenter la probabilité de mutations. Si tu es toi-même un mutant, le texte a percuté des connexions neuronales équivalentes, déjà présentes en toi. Le plaisir que tu éprouves amplifie le désir de le répandre. Ce besoin de réplication est le principe même de la vie, le plus ancien, le plus puissant. Pour ce cas, la procédure est très simple : il te suffit de faire un copier-coller et d’envoyer ce texte par mail à qui bon te semble ou, bien plus simple de nos jours, de le partager sur Facebook puisque c’est étudié pour. En quelques jours, il fera ainsi le tour du monde et touchera des millions d’esprits (!). Cela, bien plus rapidement qu’une mutation génétique avantageuse profite à une population dans des conditions naturelles (c’est notre avantage apparent sur l’évolution. « Apparent » car, attention ! une mutation peut très bien être régressive). L’hiver venant, on a bien plus vite fait de se couvrir de ridicule qu’attendre qu’une toison nous pousse.

      Je te conseillerai toutefois de modifier le texte à ton gré, voire de le transformer en musique ou en couleurs selon tes dons et affinités. Tu es en effet le meilleur juge de sa capacité de pénétration des esprits de ton entourage : telle phrase inutile pourra être supprimée, telle autre ajoutée. L’essentiel est de préserver l’idée nucléaire : « nous allons muter de préférence ensemble pour évoluer favorablement ». Les mots qui entourent cette idée ne sont que des récepteurs de surface, des grappins destinés à s’accrocher aux neurones, à révéler la mutation. Le texte ainsi compris est donc en lui-même en mutation permanente. Le grand principe que respecte toute vie est de devenir une meilleure version de soi-même. Les modifications que tu lui apporteras formeront ta contribution personnelle à la mutation collective vers un mieux-être ensemble. Dans peu de temps, tu verras émerger des semblables et le texte te reviendra méconnaissable. D’ailleurs qui te dit que ce texte en est à sa première mouture ? Mais si tu trouves cela plus simple, tu peux très bien remplacer ce que tu viens de lire par un adorable bébé. Manifestement il te faudra plus qu’un clic. D’une manière ou d’une autre, ainsi se décideront souverainement les cent prochains siècles car ainsi va la vie…

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