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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 25 février 2018 jour dans les temps

Denis Vallier

      « Que suis-je pour l'être, si tant est que je le sois ? ». Il y a Lacan, l’étant et le langage des oiseaux. L’étang est lac quand… il y a l’étang, l’étendue et la quantité. Lacan est là quand il n’est pas comme Boulin dans les temps. L’étang tentaculaire l’est tant et tant entêtant…En tétant je t’attends en tâtant ton téton… etc… etc… Le jeu de nos mots fait écho sans fin et librement dans nos crânes qui résonnent sans raison apparente.

Photo d'Edward Honaker

Photo d'Edward Honaker

      L'être et le non-être cheminent ensemble, main dans la m.. heu… dans la quoi en fait ? C'est le non-être qui donne l'espace à l'être pour se réaliser, pour être perçu, il n’y a pas de perception sans espace. De l’air, SVP, de l’air ! Penser relève le plus souvent (si ce n'est toujours) d'un automatisme, car pour qu'il y ait liberté, ou acte libre, il faut que le choix soit donné de penser ou ne pas penser. Mais sommes-nous capables d'un tel choix ?

      Sommes-nous capables de ne pas penser même si ce n’est qu’à rien ? Penser est le résultat de l’activité permanente d’un circuit qui va de l'influx nerveux électrochimique jusqu'au niveau conscient, un acte, donc mesurable, qui consiste à sortir de l'infini vide pour plonger dans le vide intérieur emmuré. Cet acte est pour l’instant quantifiable et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne devienne qualifiable. On y travaille et on progresse. La pensée devient ainsi aussi bien un instrument d'émancipation que d'aliénation et j’en sais quelque chose, Monsieur l’infirmier.

      C’est dans l'approche, la vision que l'on a de soi-même que l'on procède, tel un alchimiste, à cette réduction considérable d’une activité inconsciente qu'est l'acte de penser. Pour ma part, avant même de chercher à changer le plomb en or, j'examinerais attentivement les creusets. Nous qui ne savons quoi répondre au garçon de restaurant quand il nous demande « à point ou saignant ? », il nous faut choisir entre être fini, ordinaire, emprisonné dans cette course à vider l’océan pour combler le vide ou être de potentialité infinie en constante création, génial et fulgurant mais enfant du non-être.

      On pense penser alors que systématiquement on est pensés. Par qui ? Par quoi ? On parle de la pensée comme si nous la contrôlions parfaitement, comme un bras, comme un pied. Mais non, la pensée fait son chemin sans nous, elle avale des informations et nous restitue le fruit de ses recherches et nous, on est là en spectateurs béats, à la laisser faire son numéro... Où positionner l’intelligence dans ces rouages ? Est-ce un lubrifiant ? Est-ce un mot dénué de sens ? Une coquille vide ? On trouve toujours quelqu’un de plus intelligent que soi : on est toujours le con de quelqu’un. Bien sûr, au constat, cela arrive à certains plus souvent qu’à d’autres. Mais alors, qu’est-ce qui nous différencie tant que cela ? Si je peux affirmer sans me tromper que la pensée est quantifiable grâce à la finesse des mesures actuelles, il n’en est pas de même pour l’intelligence. D’ailleurs, à la question : «  Qu'est-ce que le quotient intellectuel », William Stern qui a créé l’expression, avait répondu prudemment mais intelligemment : « C'est ce que mesure mon test ». Et, « facteur g » ou pas, Wechsler qui a peaufiné le vieux test de Binet aurait pu confirmer. Depuis, on en est restés là tant on rencontre de formes différentes d’intelligences qui élargissent tant le mot qu’il ne veut plus rien dire.

Équations fausses, test bidon, la solution est comme toujours toute bête…

Équations fausses, test bidon, la solution est comme toujours toute bête…

      Il y a de bonnes chances que mon QI soit supérieur à celui de pas mal de bestioles, les probabilités sont en ma faveur, mais pour survivre à poil en pleine nature par moi-même ne seraient-ce que quelques jours, j’en suis bien incapable sans une formation de commando. Et même, combien de temps tiendrait un de ces surhommes ? À force de répartir les tâches, de diviser le travail, de m’hyperspécialiser, de déléguer aux autres, aux machines et maintenant à l’« intelligence » artificielle, je ne sais plus rien faire du tout. Pendant des centaines de millénaires notre engeance a du tout faire avec rien, maintenant on a tout et on ne sait plus rien faire. C’est manifestement la preuve que nous sommes devenus bien plus bêtes que nos ancêtres.

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