Page du 17 mai 2018 jour des transhumains

      On vit vraiment une époque formidable : un groupe de personnes aux moyens illimités a décidé de faire disparaître l’humanité, mais le plus surprenant c’est que cela part d’un « bon sentiment ». Le slogan qui sous-tend toutes les recherches transhumanistes californiennes est « From chance to choice » : passer de la loterie génétique amorale, injuste et aveugle à la correction, à l’amélioration, à la valeur ajoutée volontairement. A priori cela démarre sur de bonnes bases mais tout dépend ensuite de ce que l’on veut en faire… car nous perdons là notre innocence : si l’objectif est atteint, on ne pourra pas ne pas choisir et la pomme de l’Eden paraîtra fadasse à côté de celle-là. Ces gens-là, sont puissants, dynamiques, compétents, performants et déterminés, ils sont considérés comme de dangereux gauchistes par le reste des Etats-Unis, mais ils existent bel et bien; il ne s’agit donc plus de savoir si tout cela est bien ou mal mais comment on fait et ce qu’on en fait car leur puissance ne sera pas sans résultats.

      Au départ, la question est d’ailleurs moins morale qu’étique : puisque c’est là, que ça existe,  que pouvons-nous faire de bien avec cette nouvelle donne ? Partons d’un exemple concret : au lieu de recourir à une amniocentèse risquée pour limiter les cas de trisomie 21, on peut déjà faire un diagnostic prénatal non invasif, c’est-à-dire un bilan génétique complet du fœtus et découvrir par avance des centaines de maladies ou d’anomalies handicapantes, certaines effectives d’autres potentielles. Jusqu’ici, l’humain pouvait être considéré par une majorité d’entre nous comme sacré, on allait jusqu’à sacrifier nos vies pour nos enfants. Si, si, je vous assure… Après le séquençage génétique du fœtus, que feront les parents si leur enfant à venir n’est pas à leur convenance ou à leur goût ? Ils risquent fort de le sacrifier pour leur confort ou leur sens de l’esthétique … 97% des femmes qui savent que leur fœtus est atteint de trisomie 21 avortent et on les comprend aisément, mais qu’en sera-t-il des handicaps plus légers ou des mutants du style Asperger ? Nous ne pourrons plus ne pas choisir et notre enfant handicapé pourra se retourner en justice contre nous pour notre mauvais choix comme cela  c’est déjà fait…

L'Homme du futur

      Par rapport à cet exemple, est-ce que les modifications de l’espèce humaine nous rendront plus humains ou moins humains ? Notre définition de l’humain est-elle à ranger dans les placards de l’histoire ? Et que valent encore nos valeurs quand leurs conséquences peuvent nous être reprochées ? On peut toujours se dire que dans un premier temps, cela ne changerait rien pour nombre d’entre nous : il se trouvera toujours que certains parmi nous n’aient pas été particulièrement heureux quand ils ont choisi leurs ancêtres… Je souris, mais c’est parce que la folie des hommes m’a toujours fait sourire et que je ne sais lui opposer qu’un pauvre humour…