Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 4 mai 2018 jour dans une autre dimension

Denis Vallier

Ce matin,
« après des rêves agités »,
je me suis réveillé tout petit,
j'étais devenu ridicule, minuscule
trois fois rien
pas plus haut que trois pommes
et de plus
« un sorcier vaudou m’a peint le visage »
ça vous flanque une bonne pétoche
surtout quand son gri-gri vous suit.
Mais bizarrement je n’étais pas tout seul,
le monde entier est devenu plus petit,
les pommes, les sorciers,
l’univers et l’infini aussi.
Finalement je ne m’en porte pas plus mal,
ce qui est petit est joli
surtout que le sorcier a du talent,
c’est décidé, demain, je reste petit,
 je suis aussi bien ainsi

Page du 4 mai 2018 jour dans une autre dimension

      Comment se fait-il qu'en dépit du temps qui fuit à toute allure, je crois demeurer le même alors que tout change tout le temps et que toutes mes cellules se renouvellent sans cesse à toute berzingue ? C’est sans doute le côté quantique de la réalité qui nous baigne : dans la nature, tout changement plus petit que le quantum d’action ne peut être observé et pourtant ce « plus petit » est forcément à la base de tout. Sans doute que cette impression de continuité doit-elle répondre à une exigence de l'évolution. Indépendamment des acquis cognitif, cela doit être utile pour trouver la certitude du semblable comme une preuve de soi au travers d’autrui… (Notez que, d’une part, l’interprétation de mes propos équivoque est totalement ouverte et que, par ailleurs, chaque fois que j’utilise « sans doute », il faut comprendre que je n’ai aucune certitude sur le propos tenu… tout cela est en accord avec la physique quantique qui est dans l’air du temps que le petit peuple respire: dans le monde quantique tout est incertain, indéterminé et donc bel et bien vivant).

      Mais finalement, dans notre dimension ordinaire, sorcier vaudou ou pas, on ne change que le présent, mais pas forcément le nôtre... allez savoir… ? Si on devient un autre au fil du temps, on ne peut pas en avoir conscience et si on était en tout point semblable en permanence, on ne pourrait pas davantage nous en rendre compte. Par conséquent au fil du temps, dans notre boite crânienne, tout comme le chat de Schrödinger, on est ni tout à fait le même ni tout à fait un autre ou bien alors « en même temps » le même et un étrange étranger selon notre conception du temps, de la conscience et de nos rudiments de Mécanique Quantique.

      J’aime la longueur du temps… mais quand on la parcourt on vous conseille avec empathie d’être vous-même pour mener une vie pleine. C’est une riche idée de vouloir poursuivre les objectifs de Carl Rogers mais c’est manifestement bien plus facile à dire qu’à faire. Être soi-même pose problème : je pense être le produit de mon activité mentale alors que celle-ci m’échappe totalement. Malgré tout, comme ce produit est la seule matière à réflexion sous la main, je finis par m’y assimiler et à me persuader que c’est ce que j’ai de mieux à faire. Malgré tout, j’ai du mal à me duper moi-même : comment serais-je assez naïf pour croire que je ne suis que ce que j'ai conscience d'être? Je sais pertinemment que ce n’est pas vrai. Dans ce dédoublement en abîmes, il y a forcément une anomalie. Le fameux « je pense donc je suis» exprime une névrose. Du matin au soir, en permanence, toute la journée, je me rejoue ce même film. On pourrait m’interner mais on ne le fait pas. Et pourquoi donc? Parce que c’est normal, nous le faisons tous, tout le monde est atteint. Nous ne sommes, certes, pas fous puisque normaux, mais ça ne nous rassure pas pour autant… À propos de cette fumeuse formule de Descartes, je suis donc de plus en plus persuadé que l'usage du «donc» devrait être subordonné à la possession d'un permis à points. On en verrait moins d'usages totalement dévoyés.

Je pense donc j'essuie, parfois ce n'est pas facile...

Je pense donc j'essuie, parfois ce n'est pas facile...

      La conscience, cela me paraît être un terme trop galvaudé pour apporter quelques sens ici. En tout cas, elle n'apporte aucune définition acceptable de l'être dans son entier. Car elle est, dans notre philosophie occidentale, entièrement réduite à la pensée ce qui est loin d’être le cas en Orient : ils ont sur le sujet, plusieurs millénaires de méditation d’avance. Hors, si la pensée participe manifestement de l'être, elle ne le définit pas et ne pourra jamais le définir car cette pensée est, par nature, dualiste, bornée par des œillères et la plupart du temps à courte vue. Elle cherche dans le même mouvement à séparer aux forceps le vrai du faux, le bien du mal, l’apparence du fond, alors que, par exemple, la joie et la tristesse ou l’amour et la détestation, ne sont pas l’une et l’autre mais un même état de l’être en mouvement. Elle a du mal à en saisir la dynamique. Ce mouvement nous est imperceptible et comme tout ce qui, à première vue, paraît s’opposer, tout cela s’interpénètre continuellement, bouge, évolue de concert et n’est dissécable qu’au prix de gros efforts. Demandez aux psychanalystes...

PS...À propos de la photo… qu’aurait fait MacGyver ? Que la vie des sans-papier est difficile : quand on est au bout du rouleau, on peut toujours penser, mais on n’essuie plus rien du tout.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commentaires