Page du 8 juillet 2018 jour du singe nu.

      L’homme, cet animal humain, ce singe nu cher à Desmond Morris, a-t-il des comportements animaux ou les animaux ont-ils des comportements qui se rapprochent des nôtres ? Récemment, grâce à l’observation dans la durée de groupes d’animaux et à l’accumulation de documents vidéos de toutes sortes, on a découvert chez ceux-ci des conduites qu'on pensait réservées uniquement à l'homme. Dans la savane africaine, les lions qui, jeunes, furent expulsés de la troupe reviennent quand les vieux mâles vieillissent et les battent jusqu’à les bannir à leur tour... Au passage, ils massacrent également la progéniture des anciens pour que les lionnes redeviennent aptes à procréer à leur avantage. Tuer le père et épouser sa mère est très freudien mais je reconnais volontiers que cela ne nous arrive pas tous les jours, par contre, les Bonobos qui, comme nous, n'ont pas de périodes de rut font aussi l'amour pour le plaisir ou pour atténuer des tensions. Manifestement, sans ce plaisir, il n’y aurait point de vie sur Terre.

      Certains chimpanzés sont capables de transmettre une culture qui leurs sont propre, des savoir-faire artisanaux comme l’emploi d'outils qui n’ont rien d’innés : comme nous qui utilisons qui un couvert, qui des baguettes pour manger, dans la même situation, deux groupes de singe peuvent prendre deux manières différentes de résoudre un problème et l’observation montre qu’ils choisiront toujours la même. Il a bien fallu qu’elles soient inventées un jour et transmises par la suite. Ils peuvent également adapter leurs connaissances pour répondre à de nouveaux défis… Pour récupérer le miel de ruches enterrées, des chimpanzés utilisent trois baguettes différentes : un pilon pour percer la cire, une baguette plus pointue pour percer les rayons et une baguette au bout écrasé en forme de pinceau pour récolter le miel. Il a fallu une succession de trouvailles sophistiquées pour développer cette technique séquentielle en trois étapes distinctes et la transmission de génération en génération dans une école de la vie en forêt. Dans la nature, l’éducation des petits est une préoccupation majeure des animaux « évolués » : par exemple, une mère chimpanzé va choisir des noix faciles à ouvrir pour transmettre sa technique de casse à son petit. On a pu même noter des changements culturels rapides de tout un groupe liés à l’apparition d’un nouveau mâle dominant passionné de chasse au colobe. Les chimpanzés sont fort différents d’un individu à l’autre, c’est ce qui fait la richesse de leur groupe tout comme nos différences sont un atout pour nos sociétés. Des schémas de comportements individuels comme moteur du développement culturel, voilà qui les rapproche encore un peu plus de l’homme.

      99 % soient 2,970 des 3 milliards de paires de bases formant notre double hélice d’ADN sont identiques à celles du chimpanzé… 1% d’écart, c’est peu et beaucoup à la fois quand on sait que la différence entre nos deux espèces est dix fois plus grande qu’entre deux individus quelconques, mais je me demande si les 60% de notre génome que nous partageons avec le poirier ou le bananier ne nous donnent pas également un air de famille…