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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 29 août 2018 jour de folie

Denis Vallier

      Tic et tac et tic et toc, toc et toc et tic… En jouant joyeusement de sa sanza, ce petit « piano à pouces », le griot africain enseigne une sagesse vieilles de milliers et de milliers de nuits de pleine lune : « Si tu sais que tu ne sais pas, tu sauras ; mais si tu ne sais pas que tu ne sais pas, tu ne sauras jamais. Et si tu sais ça, fais-le savoir. ».  Musicalement ou non, que ce soit ici ou là, je sais que vivre pose toujours un problème et je le fais savoir : c’est comme si tu devais apprendre à jouer d’un instrument et dans le même temps, tu devrais en jouer devant un parterre averti… ce n’est pas évident et certains ne s’en remettent jamais… On tente donc de démarrer en beauté mais ce sera pour s’arrêter en catastrophe comme l’affirme la sagesse des nations.

      Effectivement, retourne-toi, que reste-t-il derrière toi ? Prend ton temps… Quelques fragments, quelques tableaux figés que la mémoire, à peine, parvient à caresser d’un pinceau déplumé... Au départ nous voulons vivre mais on ne sait pas ce que cela veut dire, alors on fonce, on roule comme des boules de bowling en renversant tout sur notre passage… mais c’est pour disparaître dans un grand fracas en bout de piste… Si c’est pour aller nulle part, nous n’avons besoin que d’une chose : de grands cimetières. Vue comme ça, que la vie paraît vaine, stupide et particulièrement absurde ! Les voyages, le sexe, les livres, les enfants, la nature, le savoir, le travail, l’art, l’amitié, enfin, tout ce qui fait notre vie ne seraient donc que des chemins qui ne mènent nulle part, qu’on ne peut parcourir qu’en espérant trouver quelque chose, n’importe quoi, un geste, un visage, une couleur nouvelle dans le ciel, quelque chose à quoi s’accrocher !... Alors on cherche et on pompe comme des Shadocks… Comment se fait-il alors qu’on y tienne tant à cette vie si minable ? Qu’on lui accorde tant de prix ? Que la plupart du temps chacun accepte sereinement ses petits  et même ses grands malheurs malgré de criantes inégalités ? Erasme nous répond que Mère Nature si souvent marâtre gratifie chacun de nous de suffisamment de folie et d’insouciance pour faire passer la pilule… Remercions donc tous en cœur notre si précieuse folie dans le plus vibrant des éloges. Tic et tac et tic et toc, toc et toc et tic…

Page du 29 août 2018 jour de folie
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