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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 6 août 2018 jour des corbeaux

Denis Vallier
Merci Gradimir Smudja.

Merci Gradimir Smudja.

      J’aime les corbeaux et leur voix éraillée: bien mieux que nous, ils ouvrent leur large bec et croassent à s’enrouer l'épouvante de leurs vies désenchantées, l’horreur des jours parsemés d'erreurs. Pas de début, pas de fin, aucun savoir global : on naît, on vit, on trépasse, et c'est complètement tout. Certains esprits rieurs confineraient avec raison cette pensée à une farce. Aux autres de démontrer le contraire, espérons leurs trouvailles ... En attendant…

Quand demain passeront des corbeaux hystériques
Sous des cieux en furie pleurant une encre noire,
Quand le fourbe horizon s'épanchant en oblique
Fera glisser l'ennui vers le néant du soir.

Alors, je partirai.

Boitant tel une grasse et piteuse volaille
Battant de mes moignons, trébuchant au chemin,
Détrempé de lavasse et le cœur en bataille,
Je fuirai, mes amis, vos grands rires carmin.

Ainsi, je tâtonnerai.

Surgissant comme un diable au-dessus des ronciers,
Une ruine apaisée, épargnée des marauds,
Ânonnant l'ineffable abandon du passé
À la gueule écorchée de sinistres salops

Sans doute je supplierai.

Sous les ombres drapées d'un océan de plomb
Qui coulera du ciel comme un matin peu sage
Les oiselles lassées se moquant de l'aplomb
S’étirent dans le miel et fardent leurs visages.

Assis je dormirai.

Pétrifié de stupeur, ébloui dans la nuit,
Refermant pour toujours un écrin vieillissant,
Et déposant mon cœur sous la lune qui luit
Au perron de nos jours comme un songe incessant

Enfin je m’en irai.

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