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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 6 octobre 2018 jour au bord du trou

Denis Vallier

      S'adapter au non-sens et se dire que ça n'a aucune importance d'être ici ou là… n’est-ce qu’une mauvaise habitude ou bien est-ce une perversion ? Serait-ce le non-sens interdit qui donne au sens tout son sens ? Ou au moins un sens. C’est possible… Mais il faut se méfier autant de la panne des sens que des coups de pompe ! Et d'aucuns (pervers !), d’ajouter : « Il y a plus dur encore que de trouver pourquoi nous sommes-là. Essayez donc de découvrir pourquoi y rester. »

      Dans le fond, tout au fond, qu'est-ce que ça peut bien faire que je sois planté là et que je ne m’en aille nulle part ? se demandent les légumes. Les allers et retours n’ont jamais mené qu’ici. Il y a des gens qui sont revenus de tout, sans être allé nulle part. Et d'autres qui sont allés un peu partout et n'en reviennent toujours pas... Et l’on continue malgré tout de pousser avant de passer à la casserole, une sorte de désir morbide ; comme si, pour justifier nos doutes, nous appelions tout le malheur du monde sur nous... c'est très curieux mais tellement humain !

      La vie, c'est tourner autour d’un trou en attendant Godot. On se penche pour en voir le fond mais ce n’est que quand l’on tombe dedans qu'on peut le mesurer. À ce moment-là, à quoi cela peut-il bien servir si l’on ne peut en ressortir ? On pourrait se dire qu’il n’y a de fait que deux manières de tomber et de disparaître : sombrer dans la croyance, la foi, la religion ou bien se donner la mort. Et ces deux solutions sont aussi absurdes l’une que l’autre. A chacun ses abysses, mais sombrer dans la religion est la plus ridicule des chutes, la plus humiliante des lâchetés intellectuelles, c’est la plus risible des solutions de facilité. D’un autre côté, s’il convient de s’incliner devant la mort, mieux vaut ne pas trop se pencher au risque de tomber dans l’oubli même si cette échappatoire est de loin la plus logique. Ne croyez pas que j’ai l’âme suicidaire, en aucune manière : je veux simplement honorer le dépouillement indispensable pour quitter sans regrets le monde des vivants. S'y préparer, en parler ne signifie pas du tout le souhaiter... Au contraire ! C’est le courage du quotidien.

Illustration due à Nyroamer

Illustration due à Nyroamer

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