Page du 8 janvier 2019 jour de gloire

      Nous vivons en société depuis si longtemps qu’il nous est difficile d’envisager un autre mode de vie même si chacun cultive le mythe de son petit havre de paix loin du fracas du monde. Mais n’est pas Thoreau ou Chris McCandless, le héros réel de « Into the Wild », qui veut. Société est un excellent Roquefort mais c’est aussi un... système social et plus particulièrement un système rétroactif où les effets rétroagissent sur leurs causes : ce n’est pas une machine à remonter le temps mais plutôt notre futur qui modifie notre présent puisque l’on agit sur les causes actuelles dans l’espoir d’effets à venir. Le plus souvent cette rétroaction ne s'effectue pas directement sur les causes, mais sur les éléments de l'environnement qui font que les causes sont opérantes ou pas : on fait tourner nos ordinateurs pour tenter d’influencer  leur contingence. Parfois, en matière d’environnement justement, on ne fait rien ou trop peu alors qu’on devrait et l’on s’inquiète collectivement à juste titre pour notre avenir. Alors, puisque l’on doit vivre en société, qu’elle est loin d’être parfaite et que ce n’est pas prêt de changer, mettons-nous au travail, agissons de préférence de concert, mais le plus simple est de commencer sur soi-même : en tournant notre attention vers ce qui se passe en nous et en mesurant les conséquences de nos actes. Il faut bien commencer par ce qu’on a sous la main. Enfin, vous, faites ce que vous voulez… ici je parle pour moi, quand je dis « nous », c’est pour m’encourager…

      Malgré tout, si tu te lances et fais de même, tu n’en tireras que des satisfactions. Et si chacun faisait de même, si le développement personnel de milliards de personnes les valorisait, le monde s’en porterait forcément mieux. On peut toujours mieux faire : pousser l'intelligence, exercer le raisonnement, user de son sens critique et surtout abuser de son humour en le faisant avec esprit. Dépasser les femmes savantes, montrer jusqu'où l'on peut aller, prendre conscience de ses erreurs et se surprendre par ses demi-tours, puis s'admirer dans la gloire de son soleil levant … Un peu d’autosatisfaction valorisante ne fait jamais de mal : elle permet d’avancer quand on a tendance à l’autodénigrement. Pourquoi bouder son plaisir ? Je sais bien… s’admirer soi-même est passablement ridicule ! Mais pour apprécier la vie, dans ce domaine aussi il faut commencer parce qu’on a sous la main. De toute façon, ce n’est pas tant ridicule que d’être admiré par les autres. Dans les rues du succès de notre époque à obsolescence programmée, il n’y a aucune place de stationnement. Circulez ! Il n’y a rien à voir… S’il nous faut vivre en société, rien ne nous oblige à y rester éternellement. En dehors d’être éphémères, le succès, la gloire, les honneurs, ne sont pas sans conséquences, entre autres, celle, pour les plus malchanceux, de terminer leur trajectoire au Panthéon, le plus grand cendrier du monde... Fini alors le repos éternel ! Au son des clairons, le sommeil est agité : on a même vu certains spectres galonnés mais flageolants tenter de se mettre au garde-à-vous...