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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 22 décembre 2019 jour des nomades à l'arrêt...

Denis Vallier

      Tout ce que je sens, que je vois, que j’entends, m’appartient pour toujours et les souvenirs qui m’en restent sont mon bien le plus précieux. C’est ce que se disent aussi les gitans en regardant nos poules et ils ont bien raison. Vous croyez qu’ils vous les volent eh bien non : tout ce qu’ils voient est à eux, l’espace comme les fruits sur les arbres, les étoiles dans le ciel et le blé des épis… ils ne font que récupérer leur dû.

      Nous sommes tous nomades et de passage en ce monde, et jusqu’ici, nous avons pillé tranquillement et sans scrupule la planète nourricière. Les capacités de notre cerveau nous ont permis de repousser sans fin nos frontières, d’augmenter exponentiellement notre rayon d’action et notre puissance. Le cerveau humain (- un peu de graisse et quelques mots) est le produit non pas d'un seul hasard comme certains veulent le croire, mais de milliards et de milliards d'essais. Ces milliards d'essais ont donné dans un tout premier temps LUCA, le premier organisme vivant, l’ancêtre commun à toute forme de vie sur Terre (- une sorte d’individu mathématique), puis suivirent, extraordinairement plus élaborés,  l'amibe, puis le requin et très proche de lui, l'homme, etc… D'autres milliards de milliards d'essais n'ont rien donné sinon la migraine à nos paléontologues. Sur un milliard d'années, avec des milliards et des milliards d'animaux, on a obtenu l'humain qui se gratte la tête en se demandant d’où il vient et le pou toujours aussi familier. Jusqu’ici, l’aventure s’est poursuivie avec son lot d’épreuves et d’incertitudes…la porte des étoiles s’entrouvrait, nous étions en route vers l’infini et au-delà, pour l’éternité et plus si affinité. Et puis, brutalement, alors que tout en nous est prévu pour les savanes ondulantes, les steppes infinies et l’air du large, nous nous sommes repliés sur nous-mêmes, nous nous sommes enfermés comme dans Matrix, cloisonnés par nos écrans, numérisés, virtualisés à tout va en délégant nos supers pouvoirs aux machines robotisées et aux ordinateurs. Un délire apocalyptique autant que poétique me pousse à croire que c’est contre-nature à un point qui peut devenir critique pour l’espèce. Ni vous ni moi n’en savons rien car ce qui nous arrive est inédit : notre espèce n’a jamais été placée dans un déséquilibre aussi périlleux. Nous avons beau être plastiques et éminemment adaptables, l’évolution prend énormément de temps pour nous modifier en profondeur : nous sommes les mêmes qu’il y a dix ou vingt mille ans, nous ne sommes pas faits pour ce qui nous arrive… Et pendant ce temps, ma vision poétique (- qu’aucune démonstration sérieuse ne confirme) nous imagine creusant une tombe de plus en plus profonde sans aucune échelle pour en sortir.

      Pour sûr, le monde change à toute vitesse et j’ai besoin de temps pour évoluer mais j’en manque cruellement…si j’ai l’impression d’avoir changé ces dernières décennies, c’est qu’en réalité je me fossilise de mon vivant. Je n’ai pas plus de temps que le lapin d’Alice, "je suis en retard, toujours en retard !", je n’ai pas un milliard de minutes ni même de secondes devant moi.  Rien que pour pouvoir compter jusqu'à 1 milliard sans me tromper pour me faire une petite idée de ce que cela veut dire, il me faudrait déjà plus de 30 ans sans dormir ni manger et franchement, j’ai autre chose à faire… Excusez-moi, je suis en retard, toujours en retard… j’ai Plus belle la vie qui a déjà commencé, je vous laisse…

Page du 22 décembre 2019 jour des nomades à l'arrêt...
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