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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 17 février 2020 jour des télés en couleur.

Denis Vallier
Page du 17 février 2020 jour des télés en couleur.

      Grands blonds aux yeux bleus, rouquins parsemés de taches de son, petits bruns teigneux, nous sommes tous des métis, des bâtards et des enfants d’émigrés… Nous ne sommes que des résurgences du passé. Comment sortir de la question de la couleur et le faut-il ? On nous bassine à longueur d’émissions qu’il faut rendre invisible la différence, la banaliser, ou changer l’imaginaire national en le poly-chromant… Mais l’omelette, on croit qu’il faut la lisser, et l’on se trompe. Le secret d’une bonne omelette est dans l’art d’à peine instiller le blanc dans le jaune et de les saisir à point avec juste quelques grains de sel. Au sujet du mélange et du racisme, je viens de trouver un peu la même chose dans une vieille interview de Jean-Marie Gourio (le pilier de bar des Brèves de comptoir): "Mais dans les bistrots, il ne peut pas y avoir de racisme, car il y a du mouvement, des gens qui se croisent. On se frôle, on se bouscule, on boit dans le même verre à quelques minutes d’intervalle, comme on se passerait le calice de la communion … Le vrai racisme, il naît dans les maisons des gens qui ne sortent pas, qui ont peur."

      Les postes de télé en noir et blanc sont aux musées avec ceux qui se croyaient neutres. Faire émerger la question minoritaire remet en cause notre prétendue neutralité. La monochromie est bien sûr devenue un problème dans nos sociétés actuelles mouvantes et contrastées car nous sommes nous-même plus attentifs à la couleur : à la nôtre et à celle des autres. Nous saupoudrons quelques éléments discriminés, femme ou races, sur le problème des minorités mais il est vrai que par le simple fait de leur présence et d’une prise de conscience collective, certaines choses ne pourront plus être dites et si ces grains de poivre sont costauds cela peut nous permettre de changer notre manière de poser les questions politiques. Mais ne nous leurrons pas, pendant ce temps, ça continue comme en 40, des bègues explosent leurs forfaits de portables, des aveugles ont des chiens sourds, bref, la situation ne bouge pas, nous nous calfeutrons frileusement. D’un autre côté, l’universalisme aveugle aux différences n’est pas une solution juste aux injustices, de toute façon, il ne fonctionne pas. Le problème est complexe, il nous faut travailler au cas par cas, aiguiser un regard attentif aux conditions dans lesquelles la diversité conduit à des formes de discrimination. Mais c’est beaucoup nous demander.

Page du 17 février 2020 jour des télés en couleur.
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