Page du 6 novembre 2020 jour en gondole...

En bon mari, j’ai fait une promesse à mon épouse : tous les 50 ans nous irons à Venise, ce marécage si romantique, pour nous embrasser en nous gondolant sous le Pont des Soupirs … Il m’en a fallu du temps pour réaliser qu’il menait à de sinistres cachots et que les soupirs étaient ceux de morts-vivants mais une promesse est une promesse : dès la fin du confinement on se met à l’aviron et on s’équipe pour la plongée … Le mariage n’est que l’habillage d’une réalité tragicomique. Il a sans doute été imaginé par la corporation des traiteurs. Se passer la blague au doigt relève de la comédie sentimentale ou sociale et la plupart du temps, elle tire vers un kitsch épouvantable. C’est pour la vie qu’on se marie alors que ce "Je le veux" ne scelle en rien une liaison substantielle. Depuis toujours, en tout cas bien avant que Charles de Ligne ne le constate, si "les hommes font les lois, les femmes font les mœurs"… Il est vrai qu’elles ont toujours le dernier mot. Une femme peut cacher son amour pendant cinquante ans, mais sa colère pas plus d’une seconde ou deux… Cela complique pas mal la vie de couple.  Dans ce jeu de massacre, il y a bien quelques belles réussites pour faire exception, mais comment défendre encore au 21^ème siècle l’idée du mariage quand l’expérience nous en démontre en permanence l’échec ? Comment retrouver le sens d’un serment qui vous lie à perpétuité alors que, de nos jours, chacun traverse plusieurs vies dans sa vie : plusieurs emplois, plusieurs patrons, plusieurs lieux, plusieurs conjoints et même, un comble, plusieurs mariages ? Comment s’engager encore pour l’éternité quand toutes ces vies sont si courtes ?…

"Je vous l'avais bien dit d'arrêter de secouer ce bateau !"