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Cahier décharge Je ne sais pas ce que c'est, je le saurai quand j'aurai terminé. Et j'aurai terminé quand je saurai ce que c'est.

Page du 27 décembre 2021 jour de pardon...

Denis Vallier

On pédale comme des malades, la tête dans le guidon… mais pour maîtriser son équilibre et apprécier l’instant présent sereinement, encore faut-il voir au loin… Sinon, on ne pourra s’en prendre qu’à soi-même si les choses tournent mal. Si la rancune et la rancœur  nous rongent en dedans à petit feu, soyons large, voyons plus loin : le pardon nous soignera. Il n’a jamais été destiné à faire du bien à la crapule qui nous a blessé mais l’expérience le démontre : mieux vaut vivre en paix avec soi-même, la vie s’en montre reconnaissante...

Naturellement, seuls les droits de la nature sont imprescriptibles, dans tous les autres cas, nous en décidons…  Pour moi qui ne suis ni Juif ni nazi, il m’est certes un peu aisé de parler de pardon… Il n’est pourtant ici pas question d’oublier, c’est inenvisageable : impossible d’effacer totalement une ardoise, on a beau frotter, il reste toujours des traces de ce qu’il y avait écrit auparavant… Pardonner ne changera jamais le passé mais offrira toujours un nouvel avenir et il y a de fortes chances qu’il soit meilleur. Pardonner la Shoah à l’espèce humaine apaiserait l’humanité en entier et éviterait peut-être que les victimes d'hier deviennent les bourreaux d’aujourd'hui en repassant les plats dans une course à l’échalote… la cerise sur le ghetto en quelque sorte même si elle serait vraiment de mauvais goût…

Les exemples se sont déjà multipliés au cours de l’Histoire… la revanche des populations humiliées a toujours été terrible mais ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de briser les carcans. Pour obtenir des aveux, la sinistre Stasi de RDA communiste n’hésitait pas à appliquer les méthodes les plus sophistiquée de Joseph Mengele "l'Ange de la mort" nazi. Il se trouve qu’elle fut dirigée pendant une trentaine d’année par Markus Wolf (- l’homme sans visage), un médecin et romancier d’origine juive… Autre exemple : à la constitution de l’État d’Israël, les armes qui permirent de s’imposer en 1948 provenaient en grande part des surplus de la toute proche et monstrueuse guerre mondiale malgré l’embargo de l’ONU préconisé par l’Angleterre défendant ses intérêts dans la région. Ces armes avaient causé tant de souffrances à leurs proches et pourtant, elles furent achetées, entre autres,  aux Tchécoslovaques qui, sans doute plus par besoin d’argent et pour répondre aux souhaits de Staline, que par généreuse idéologie, leur vendirent des avions. Staline espérait la constitution d’une démocratie populaire en Israël comme le laissaient présager les kibboutz si proches des kolkhozes. Il fut vite déçu. Cela n’empêcha pas les Messerschmitt BF 109 nazis, remaniés à la sauce tchécoslovaque, de retrouver une seconde jeunesse en crachant des balles casher… Posséder enfin la force d’un bras armé, se retrouver pour une fois du bon côté du manche à balais vous accorde assez naturellement tous les droits… colonisons donc allègrement et écrasons sous notre botte si nécessaire… Il n’est pas recommandé de se retrouver sur la trajectoire du balancier de l’Histoire.

Bon sang de bois, guillotinons les guillotineurs une bonne fois pour toute ! Ah ben non, suis-je bête… il en restera toujours au moins un encore en entier. Qui  que l’on soit, chacun sait en lui-même, selon sa propre manière de penser et de sentir, qu’il n’est pas parvenu à transformer l’expérience diabolique de la Shoah en un élément spirituel de la vie. Cela reste un ressenti plus viscéral qu’intellectuel. Et pourtant, il nous faut bien apprendre le pardon pour pouvoir vivre pleinement en choisissant enfin par soi-même un sens à sa vie. Les psychologues vous expliquent aisément qu’en vouloir à l'autre est une façon déguisée d'en vouloir à soi-même. "On est plus durement prisonnier de la haine que de l'amour" relevait ce poète de Pierre Reverdy. Pardonner n'est pas une projection de soi dans l'autre : cela n'apporte rien au préposé mais l'acte réconforte le sujet, il cicatrise une plaie. Le pardon est et se suffit, il n'a pas besoin de préposé pour exister, autant en user et même en abuser. Mandela (- qui savait de quoi il parlait) disait que si l’on veut faire la paix avec son ennemi, on travaille avec son ennemi et son ennemi devient son partenaire. En regard de l’armement israélien, l’ennemi palestinien est faiblement armé. Pourtant, avec ses roquettes artisanales et ses cailloux, il pique et irrite comme un moustique. Certes, un moustique ça s’écrase, mais c’est en se posant sur tes testicules qu’il a le mérite de te faire prendre conscience que tous les problèmes ne se règlent pas par la force.
(Photo Antonio Rodriguez

(Photo Antonio Rodriguez)

(Photo Antonio Rodriguez)

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